Acheter beaucoup, porter peu, jeter. Ainsi va le cycle infernal de la fast fashion. Question de mode, mais aussi question de qualité, les vêtements issus de l’industrie textile moderne ne sont pas faits pour durer. Un manque de durabilité dû au fait que les prix sont tirés vers le bas, impliquant des matériaux moins résistants et des finitions moins soignées. La fast fashion est critiquable en bien des points, ceci dit, si l’on sait parfaitement combien la durée de vie des vêtements qui en sont issus est faible, il ne s’agit pas d’une volonté mais d’une conséquence. C’est en revanche ce qu’une étude a récemment reproché à deux géants français du chaussant, Le Bourget et Well : l’obsolescence programmée. Thierry Simon, dirigeant de la filiale française du groupe CSP, auquel appartiennent les deux marques, se défend.
Un nombre d’utilisation limité
En mai dernier, l’industrie du chaussant faisait l’objet d’un rapport publié par l’association Halte à l’Obsolescence Programmée. Il en ressortait que 70% des collants ne duraient pas plus de 6 utilisations. Pour 40% des 3000 personnes interrogées, ils seraient même inutilisables au bout de trois fois seulement. Pour l’association, il est clair qu’il s’agit d’un cas d’obsolescence programmée. “On peut légitimement dire que les fabricants peuvent jouer sur les additifs cliniques pour rendre un collant plus ou moins robuste et ainsi programmer sa fin de vie.”
Des compromis difficiles
Avec des notes inférieures à 2,3 sur 5 en termes de durabilité, Le Bourget et Well sont visées par ces accusations. Le dirigeant français du groupe CSP, propriétaire des deux marques depuis 2010, ne se sent pourtant pas fautif. Pour lui, l’interprétation des chiffres est inexacte. “Il y a différentes données à prendre en considération concernant la durabilité des collants. Nous essayons de travailler avec le meilleur couple esthétique et résistance.” Il explique ainsi qu’on ne peut pas tout concilier. Selon le style, la transparence et le prix désiré, la résistance du collant varie nécessairement.
L’accent mis sur la recherche et le développement
Il ne s’agit pas là d’une fin de non-recevoir de la parte de Thierry Simon. En effet, d’une part, il a conscience que la résistance est l’un des critères d’achat les plus importants pour ses clientes. D’autre part, CSP a investit en recherche et développement sur ce point particulier. Celle-ci porte également sur l’aspect sanitaire et la durabilité. Ainsi, la saison automne-hiver devrait voir débarquer chez Le Bourget un produit innovant baptisé Organique. Exit donc, les fibres de polyamides, issues du pétrole. Ces collants seront tricotés avec des fibres fabriquées à partir d’huile extraite de pépins de ricin, pour un résultat à la fois doux et transparent.
Juillet 2018