Les 5 et 6 avril 2017 se tient la deuxième édition du salon TRAFFIC au Carreau du Temple à Paris. Organisé par la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, cet événement a pour objectif de favoriser les échanges entre les marques de mode et les autres acteurs de la filière, créer des opportunités business, et valoriser l’innovation française et internationale. Cette édition a été lancée avec une conférence autour des nouveaux défis rencontrés par la filière textile mode habillement. Une belle occasion de voir six représentants de fédérations nationales échanger autour des thèmes phares tels que le numérique, l’international, la formation, les modes de distribution, etc.
Pierre-François Le Louët, président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, a ainsi rappelé les cinq priorités de la FFPAPF, à savoir la digitalisation des entreprises, la responsabilité sociale (RSE), le commerce de gros (wholesale), l’export et le financement . Mais il pointe surtout l’importance d’avoir aujourd’hui un « écosystème qui se rassemble », pour trouver des réponses ensemble face aux mutations de la filière et du monde économique ».
Pascal Morand, Président Exécutif de la Fédération Française de la Couture, du Prêt à Porter des Couturiers et des Créateurs de mode, souligne le fait que si les Fashion Week sont essentielles pour le positionnement international de la mode française, il faut surtout qu’elles génèrent un effet d’entraînement pour toute la filière, et ainsi ne pas oublier une nécessaire articulation et un équilibre entre l’international et le national, afin d’éviter soit un » repli sur soi », soit « un oubli de soi ». L’importances des salons internationaux et des pavillons France a été une nouvelle fois mise en avant , par la Pierre-François Le Louët mais également par Claude Miserey, président de la Fédération Française des Industries du Vêtement Masculin, qui rappellera le rôle essentiel du DEFI pour développer la présence à l’étranger des entreprises françaises, et par Dominique Seau, Président de la Fédération de la Maille et de la Lingerie et dirigeant de du Groupe Eminence.
Sylvie Chailloux, présidente de Mode Grand Ouest et administratrice de l’Union Française des Industries Mode et Habillement (UFIMH), note la récurrence de l’idée que ce qui est fabriqué en France est forcément cher, et souhaite de pouvoir valoriser la marque France avec l’ensemble des acteurs. Elle met en avant la nécessité d’utiliser les nouveaux outils technologiques et le digital pour mieux gérer la circulation de l’information, » de manière transversale sur toute la filière », avec la mise en place d’un « management bienveillant », pour mieux préparer l’avenir.
Du côté de la distribution, Bernard Morvan, président de la Fédération Nationale de l’Habillement, rappelle le besoin aujourd’hui pour les détaillants de pouvoir « rassurer le client », et en ce sens souligne l’importance de la RFID. Il a également évoqué les difficultés du secteur , avec depuis 2012, plus de fermetures annuelles de magasins que d’ouvertures, un « manque de leaders pour réinstaller el commerce dans les villes », et la problématique du manque de régulation des prix et des soldes toute l’année qui déboussole le client. Il rappelle le plan Marshall pour la pérennisation du commerce indépendant en centre-ville élaboré par la FNH en 2015 et ses 58 propositions, et que l’enjeu aujourd’hui est de « passer d’une économie du prix à une économie de la valeur ».
Du côté du numérique, Dominique Seau présente notamment l’exemple de l’e-boutique du Groupe Eminence mise en ligne en 2015, gérée en propre, qui a permis en particulier de vendre des produits peu référencés en boutique (grandes tailles par exemple), et la capacité du Groupe aujourd’hui d’avoir un retour d’information client précis sur chaque pièce vendue, pour pouvoir demain proposer des micro-séries ajustées à la demande du consommateur. C’est d’ailleurs cette voie de la personnalisation qui pousse à digitaliser de plus en plus la chaîne d’approvisionnement, alors même que les ateliers savent déjà très bien travailler sur des niches comme le souligne Sylvie Chailloux.
La formation est également mise en avant, avec à la fois la nécessité de transmettre les savoir-faire en entreprise et de récréer des filières de formation ancrée dans la modernité. Pascal Morand parle de grand écart perpétuel, « être à la fois à la pointe de la fashiontech mais aussi sur les métiers d’art ». Dominique Seau parle quant à lui de l’initiative mise en place avec Pole Emploi pour pallier aux problématiques de recrutement , et à une sélection de candidats faite non plus sur CV mais sur la dextérité manuelle.
Pierre-François Le Louët conclue les échanges en rappelant les défis sont nombreux. « Cela nécessite un degré d’expertise de la part de nos fédérations sur un grand nombre de sujets. Et je pense qu’on aura du mal à développer les expertises nécessaires dans tous ces domaines, dans ce contexte qui évolue chaque jour. Mais c’est tout l’intérêt de notre filière : elle bouge ». Allier les compétences, travailler ensemble, se remettre en question et avancer de manière collective, c’est le mot d’ordre de la filière aujourd’hui.
Auteur : IFTH – 06/04/2017