Un rapport publié récemment par Research and Markets indique que le marché mondial des colorants textiles était de 7,34 milliards USD en 2017. Ce rapport estime que le marché va connaitre une croissance annuelle moyenne de +6 % de 2017 à 2022, pour atteindre 9,82 milliards USD. Le principal facteur de croissance de cette demande croissante serait principalement lié à la demande croissante en fibres textiles.
La région Asie Pacifique devrait être témoin de la plus forte croissance du marché d’ici 2022. Parmi les pays de région, le Bangladesh connaîtra l’une des croissances les plus rapides du marché, principalement en raison de l’importance grandissante du secteur de la fabrication de vêtements de mode à destination des pays occidentaux. Avec la demande croissante de vêtements bangladais, la transformation des tissus augmente également de manière significative au Bangladesh, tissus principalement en provenance de Chine. Aussi l’importance du Bangladesh pour les fabricants de colorants devrait augmenter de manière très significative.
L’industrie de la fabrication des colorants est de plus en plus concentrée et polarisée de jour en jour. Alors que ses utilisateurs sont présents partout dans le monde, seuls quelques pays fabriquent des colorants. L’influence de l’Inde en tant que fabrication de colorants augmente par exemple régulièrement. Alors que la Chine adopte une politique plus sévère pour l’exportation de colorants intermédiaires, l’industrie de la fabrication de colorants se structure en Inde.
Cependant, la Chine reste l’un des principaux fabricants de colorants au monde, et ce malgré les fermetures d’usines générées par les nouvelles contraintes environnementales mises en place depuis 2015. En effet, de nombreuses usines chinoises qui produisent des colorants synthétiques pour l’industrie textile ont été fermées suite à des inspections environnementales effectuées depuis l’été 2017. Certains des plus gros fournisseurs intermédiaires ont ainsi complètement fermé leurs portes après une série de transgressions environnementales et d’accidents industriels graves (au moins 10 incidents environnementaux graves liés aux produits textiles intermédiaires ont été signalés dans les régions du Jiangsu, du Zhejiang, du Ningxia et d’autres régions au cours des deux dernières années).
À la suite de ces fermetures, de nouvelles méthodes de teinture pour les textiles émergent qui pourraient aider à économiser l’eau, réduire les polluants, économiser l’énergie et protéger la santé humaine. L’innovation est un relais important de croissance pour les fabricants, avec des technologies en croissance comme la teinture au CO² supercritique, mais aussi le développement de procédés bactérien ou enzymatique, l’industrialisation de colorants naturels ou issus du recyclage de déchets agricoles par exemple, etc.
L’impression numérique est un exemple d’une liste croissante de nouvelles technologies de coloration des tissus plus durables provenant à la fois de grands fournisseurs et de petites entreprises chimiques et biotechnologiques. Les entreprises voient des opportunités d’affaires pour s’attaquer aux pratiques de gaspillage d’eau et d’énergie de la teinture et à sa dépendance aux produits chimiques toxiques. La croissance du marché de l’impression devrait se confirmer, de manière significative, dans les prochains années. Par conséquent, la demande de colorants utilisables dans les têtes d’impression numériques et dans la pâte d’impression devrait également augmenter, comme la demande pour les encres pigmentaires pour l’impression.
L’impact le plus important des fermetures d’usine a été l’approvisionnement et le prix des colorants dits dispersés, qui sont utilisés pour colorer les fibres synthétiques comme le polyester. La disponibilité de colorants réactifs, qui sont utilisés sur le coton, a également été réduite, bien que les fabricants indiens soient susceptibles de prendre le relais sur la Chine.
Ces dernières semaines ont ainsi effet vu les prix d’un certain nombre de colorants et d’auxiliaires utilisés pour teindre ou imprimer les fils et les étoffes fortement augmenter. Selon l’Union des Industries Textiles (UIT), “la dernière enquête réalisée par EURATEX fait apparaitre des augmentations sur les principales familles de colorants (entre 1% et 20% en moyenne sur les 6 premiers mois de l’année), et en particulier pour les colorants suivants :
- • Dispersifs : plus de la moitié des répondants déclarent une hausse supérieure à 20% sur cette même période.
- • Réactifs : les hausses drastiques sont également confirmées, avec une situation contrastée selon les répondants : 39% déclarent une augmentation de prix entre 1 à 9%, 31% déclarent une hausse allant de 10% à 19%, et 8% déclarent une hausse à plus de 30%.”
Cette tendance est par ailleurs confirmée par une récente enquête de la Fédération de l’Ennoblissement Textile. Les ennoblisseurs textiles recherchent actuellement des colorants et des procédés plus propres. La demande de colorants, de pigments et d’encres de haute performance devrait croitre ces prochaines années, alors même que les colorants moins efficaces vont se confronter à des difficultés sur le marché.
Aussi, plusieurs industriels estiment que la croissance du marché sera en fait due en grande partie à l’impact du coût croissant des colorants intermédiaires et des conformités environnementales, plus qu’à une réelle demande en volume de ces produits. Selon Ecotextile News, il semble qu’une réglementation environnementale plus stricte appliquée aux fournisseurs de colorants intermédiaires en Chine pourrait exercer une pression accrue sur les fabricants de textiles respectueux de l’environnement en dehors de l’Asie. Comme les stocks de ces produits chimiques sont extrêmement contractés en Chine, la rareté des éléments constitutifs des colorants textiles et des produits auxiliaires qui en résulte se fait maintenant ressentir par des approvisionnements très courts et des prix très élevés.
Pour exemple le deuxième plus grand producteur d’indigo en Chine a reçu un avis de fermeture pour toute la période de juin 2018. Les prix de la teinture indigo devraient donc maintenant augmenter de manière significative.
Cela pourrait avoir un impact fort sur les PME occidentales qui fournissent des teintures et des produits chimiques à l’industrie textile, en raison de la situation actuelle des coûts à la hausse et d’une escalade dans la quantité de formalités administratives nécessaires pour être conformes aux nouvelles exigences environnementales. Ces fournisseurs qui proposent des formulations chimiques conformes à la réglementation REACH et qui ont investi dans une certification environnementale crédible par des tiers (type Oeko Tex) doivent en effet faire face à cette pression supplémentaire due à la volatilité des intermédiaires de colorant et les prix des matières premières très élevés venant de Chine.
La question reste ainsi la même dans ce type de situation: comment répercuter ces hausses de prix auprès des marques, tout en restant économiquement viable et en gardant un prix final acceptable par les consommateurs…
– 26 juillet 2018 –