NOUVEAUTE :
DOSSIER TENDANCES DE CONSOMMATION
En ce début d’année, Euromonitor, ConsumerLab, Ericsson, Kantar Worpanel ou encore bien d’autres cabinets de tendance, plusieurs grands observateurs se sont penchés sur les habitudes de consommation et les désirs des consommateurs, de plus en plus digitalisés et informés.
Décryptant ces tendances à travers le prisme de l’innovation, de la mode, du textile et de l’habillement, votre magazine Modeintextile by IFTH vous propose un dossier sur les grandes tendances de consommation identifiées.
Aujourd’hui, focus sur les prises de conscience écologiques des différents acteurs de la consommation, particulièrement en termes de consommation de produits plastiques.
TENDANCE N°6/ Consommation, environnement et digital
Quelques semaines après l’annonce par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies que la communauté mondiale n’aurait plus que 12 ans pour prévenir les catastrophes environnementales, une prise de conscience rapide s’est propagée des différents acteurs de la consommation : Etats, entreprises et individus se mobilisent pour lutter contre l’usage abusif de matières premières polluantes telles que le plastique.
Une prise de conscience des consommateurs
Un rapport sur les tendances 2019 de la société Ericsson met en avant l’idée d’un “moi écologique“, issu de la prise de conscience écologique poussant les consommateurs à s’informer afin de minimaliser leur empreinte écologique, en s’appuyant notamment sur la technologie. Cependant, le rapport met en avant l’idée que le passage à l’action est plus compliqué, faisant notamment intervenir l’usage du digital.
A ce titre, Ericsson révèle quelques chiffres intéressants : 39% des consommateurs interrogés sont demandeurs d’une montre écologique capable de mesurer leur empreinte carbone quotidienne. 78% des interrogés pensent également que d’ici 5 ans, les vacances en réalité virtuelle seront possibles afin de remplacer les vacances « physiques » et ce, pour des questions environnementales. Cette prise de conscience s’incarne notamment à travers les questions du plastique, où l’industrie textile a un réel rôle à tenir .
Un monde sans plastique
En effet, est prévue une lutte de plus en plus vivace des consommateurs contre l’usage excessif du plastique.
Que ce soit les images du « Great Pacific Garbage Patch » (vortex de déchets du Pacifique nord en français ), ou encore celles d’animaux marins s’étranglant avec du plastique (à cet égard, citons la campagne de WWF sur l’ingestion de plastique par 9 oiseaux sur 10), la question de la toxicité environnementale du plastique est devenu un sujet courant, porté par des documentaires tels que Blue Planet de la BBC, révélant aux yeux et consciences des consommateurs les abus du plastique.
Une prise de conscience qu’on retrouve également au niveau étatique et international, tel qu’en témoigne les récentes réglementations.
Une réglementation qui s’adapte
En effet, dans la nuit du 19 décembre 2018, La Commission européenne, le Parlement et les représentants des Etats membres ont promulgué un accord sur le contenu de la Directive européenne relative au plastique à usage unique. Comme le rapport le site Zerowastefrance.org, le texte représente une “avancée inédite dans la lutte contre la pollution plastique en prévoyant l’interdiction pure et simple de 8 produits plastiques à usage unique”.
On peut notamment souligner une mesure, qu’est l’application du principe de Responsabilité élargie du producteur. Aussi, désormais les entreprises auront pour obligation de de contribuer au coût de la gestion des déchets, notamment pour les emballages, les mégots de cigarettes, et dans le domaine textile, les filets de pêche et les lingettes.
Producteurs et créateurs : produire mieux et consommer moins
“Si les humains veulent survivre, la solution écologique est de consommer moins. En tant que designers et créateurs, nous devons trouver une décroissance positive.” prononçait le designer Philippe Starck au forum de réflexion “Next Design Perspectives” de Altagamma qui s’est tenu à Milan.
Au niveau international, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (ONU Environnement) et la Fondation Ellen MacArthur ont dirigé le travail de la « Nouvelle Economie du Plastique » (New Plastics Economy Global Commitment). L’engagement a été signé par 290 organisateurs, parmi lesquelles on compte les plus grands groupes industriels au monde, telles que les groupes H&M, Walmart, Burberry, Target L’Oréal, Mars, Incorporated, PepsiCo, Coca-Cola ou encore Unilever.
Au programme, 3 grands objectifs :
- éliminer les emballages plastiques problématiques ou non nécessaires et passer du modèle d’emballages à usage unique au modèle d’emballages réutilisables
- augmenter de manière significative les quantités de plastique réutilisées ou recyclées et transformées en nouveaux produits d’emballage pour faire circuler le plastique produit
- innover afin de garantir que 100% des emballages plastiques puissent être réutilisés, recyclés ou compostés facilement et en toute sécurité d’ici 2025.
C’est notamment cette dernière mesure qui nous intéresse au regard du textile, puisque les fibres fabriquées à partir de plastique recyclé, notamment le polyester recyclé à partir de bouteilles plastiques usagées, connaissent déjà un un certain succès.
L’industrie du textile est riche de différentes initiatives visant à réduire les déchets plastiques. Des marques telles que Everlane, Adidas, Patagonia, C&A ou encore H&M ou Okaidi pour ne citer qu’elles utilisent désormais des fibres à base de plastique recyclé dans leurs collections – certaines allant même jusqu’à s’engager à moyen ou long terme à supprimer l’usage du plastique dans leur chaîne de production, entre autres mesures.
L’innovation, un enjeu crucial pour l’industrie du textile
Au-delà des actions de recyclage déjà mise en place par ces différents acteurs, la question de l’innovation pour lutter contre la pollution -en particulier par les microfibres synthétiques -de l’industrie textile habillement mondiale, est cruciale.
On peut à ce titre, citer quelques solutions déjà mises en place. Par exemple, le sac de lavage GuppyFriend filtre les particules de fibres synthétiques rejetées par les vêtements au cours des cycles de lavages domestiques, et permet l’éviter le relargage des microfibres dans l’eau. Les spécialistes de l’outdoor Patagonia ou encore Haglofs proposent ce sac à la vente.
Autre exemple, au niveau de la production de fibres, le fil SEAQUAL, connaît déjà un succès auprès de la filière textile. Pour la saison automne hiver 2018/2019, pas moins d’une dizaine de tisseurs ont lancé une gamme en contenant, tels SOFILETA, A. SAMPAIO, TEXTIL SANTANDERINA, GENEROS DE PUNTO FABRES, FIERATEX, GIPITEX…La fibre participe activement à nettoyer les fonds marins et permet d’économiser jusqu’à 20% de consommation d’eau, 40% d’énergie et réduit l’émission de CO2 de 50%.
Le digital peut-il sauver la planète d’une telle pollution ?
Si le digital et la multiplicité de sources d’information permettent aujourd’hui au consommateur de s’informer, et dans la mesure où les technologies digitales permettront de minimiser notre impact écologique, leur usage peut cependant être remise en cause par l’impact même du numérique sur l’environnement.
Comme le met par exemple le rapport Clicking Green de l’Organisme Greenpeace, la pollution numérique et digitale existe et elle est considérable. Il est par ailleurs prévu qu’en 2019 Internet polluera plus que l’aviation civile. En effet, le numérique impliquant l’usage de câbles, d’électricité, de fuel et d’autres matières premières, il représente en matière de dépenses énergétiques l’équivalent d’un 7e continent.
Aussi si les initiatives d’applications et d’intelligence artificielle visant à aider les individus à agir concrètement sur leur empreinte écologique, leur usage même participe à une forme de pollution – représentant alors un nouveau défi pour les entreprises…
-22/02/19-
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