NOUVEAUTE :
DOSSIER TENDANCES DE CONSOMMATION
En ce début d’année, Euromonitor, ConsumerLab, Ericsson, Kantar Worpanel ou encore bien d’autres cabinets de tendance, plusieurs grands observateurs se sont penchés sur les habitudes de consommation et les désirs des consommateurs, de plus en plus digitalisés et informés.
Décryptant ces tendances à travers le prisme de l’innovation, de la mode, du textile et de l’habillement, votre magazine Modeintextile by IFTH vous propose un dossier sur les grandes tendances de consommation identifiées.
Aujourd’hui, vous n’aurez plus peur de manquer grâce à la tendance baptisée “Joy of Missing Out”, alias JOMO…
TENDANCE N°3/JOMO: The joy of missing out…
“Comme la société du Moyen-Age s’équilibrait sur Dieu et le diable, la nôtre s’équilibre sur la consommation et sur sa dénonciation” citait Jean Baudrillard, dans La société de consommation parue en 1970.
Par métonymie, on pourrait également ajouter que notre société s’équilibre désormais sur une ultra-connexion et une volonté constante de déconnecter. Identifié à la fin des années 90, le terme FOMO (fear of missing out), qu’on pourrait traduire “peur de manquer quelque chose” est rapidement devenu le paradigme de notre époque. C’est l’angoisse répandue de rater l’évènement important, l’exposition que tout le monde a vu, le voyage que tout le monde a fait, avoir le dernier vêtement à la mode, en somme c’est le sentiment d’être à la traîne vis-à-vis de ses pairs.
Amplifiée par la dépendance à internet, la place grandissantes des réseaux sociaux dans le quotidien et la facilité de se comparer aux autres qu’ils induisent, les consommateurs ralentissent face à la vague d’informations qui les submergent chaque instant. Désormais le paradigme s’inverse, et cette angoisse devient fierté, étendard, et laisse place à la résilience et l’acceptation d’un rythme lent inhérent à la vie : la Joy of Missing Out (JOMO). Le consommateur reprend sa place comme sujet et tente de retrouver une forme d’intimité à soi, par divers moyens, notamment la déconnexion, motivée par un sentiment de nostalgie d’un temps plus lent.
Déconnexion
Comme le met en avant Euromonitor, la pression constante de devoir répondre instantanément aux messages, et les lignes de plus en plus floues entre vie privée et professionnelle fait de notre quotidien un théâtre où en tant qu’acteurs nous devons jouer un rôle. Aussi les consommateurs développent des tactiques pour parer à cette mise en scène, comme par exemple éteindre son portable ou du moins désactiver les notifications. Le but ? Protéger sa santé mentale en se déconnectant totalement, ou du moins en étant plus sélectifs dans les activités que nous allons réaliser.
De la même manière, la question des données et de leurs utilisation à des fins mercantiles est également une source de stress, et provoque des comportements d’évitement chez les utilisateurs – allant d’un usage restreint des applications, à leur suppression totale voire à un rejet des smartphones et un retour à des formes antérieures de portables, qualifiés de “vintage”.
Nostalgie
Cette forme de nostalgie d’un temps plus lent, a évidemment été perçue par les entreprises : désormais certains cafés refusent de donner aux clients le mot de passe Wifi invitant les gens à se parler entre eux, le développement du mouvement de la “slow food” (en opposition au fast food) a pris de l’ampleur, et on constate désormais l’apparition de marques se réclamant de la “slow fashion“. Cette slow fashion, sur le modèle de la slow food, fonctionne d’après 3 principes clés : la qualité, une empreinte écologique quasi nulle, et enfin un prix juste pour les consommateurs tout en garantissant une paie équitable pour les producteurs. D’après Google Trends, l’intérêt pour le terme slow fashion a triplé entre 2014 et aujourd’hui.
En parallèle de ce mouvement de slow fashion, l’intérêt pour le vintage n’a cessé d’évoluer, que ce soit côté luxe avec certes des boutiques in situ, mais aussi des applications telles que Vestiaire Collective. Les plateformes telles que Vinted ou encore AsosMarketPlace, permettent désormais aux consommateurs de revendre leurs vêtements entre eux, créant des communautés avec leurs fonctionnements intrinsèques. L’idée étant de ne plus se sentir esclaves d’une tendance, d’un style, d’une industrie. Du côté des producteurs, la question de l’upcycling devient un véritable secteur lucratif, un élément important puisque d’après McKinsey, 3 vêtements sur 5 produits dans le monde finissent brûlés ou jetés dans l’année de leur production (!).
Conscience
Ces stratégies qui ne cessent de se diversifier face à monde toujours plus rapide, reflète cette volonté de prendre le temps a contrario de toujours vouloir en gagner.
Dans la continuité de cette JOMO, l’idée de décroissance est de plus en plus avancée – on peut à ce titre citer l’infographie du site Novethic proposant un certains nombres de mesures pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés, et préconisant notamment la limitation à 1 kilo de vêtements neufs mis sur le marché par an et par personne. Une solution draconienne certes, mais définitivement dans la continuité des changements de plus en plus radicaux impulsés par les consommateurs.
-15/02/19-
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