Avec Octobre rose, difficile de passer à côté de la problématique du cancer du sein. Aujourd’hui, une femme sur huit est concernée par cette pathologie, c’est dire si les recherches sont importantes. Et cela avance. Récemment, les chercheurs du CHRU de la faculté de médecine de Lille ont mis au point une technique de reconstruction mammaire révolutionnaire.
Quelle que soit la partie du corps concernée, un cancer est toujours difficile à vivre. Il l’est d’autant plus quand dans une ablation est nécessaire. Pour les femmes qui doivent subir une mastectomie, c’est une double peine. Non seulement il faut affronter le cancer, mais aussi cette perte symbolique de la féminité. Depuis plusieurs années maintenant, l’accent est mis sur la reconstruction. Or, celle-ci demande souvent du temps, et plusieurs interventions. Si cela aide les malades à aller de l’avant, ces multiples opérations sont autant de rappels de leurs heures sombres.
Après une mastectomie, la reconstruction mammaire est difficile
Aujourd’hui, il existe deux options pour reformer un sein. Soit on pose une prothèse de silicone aux patientes, soit on leur prélève de la graisse pour leur réinjecter au niveau de la poitrine. Cela implique plusieurs anesthésie, sur des corps et des esprits déjà éprouvés. L’impact sur la morphologie n’est pas anodin non plus puisque le second procédé demande un prélèvement de tissu adipeux de 300 grammes. Il y a maintenant un nouvel espoir. L’équipe médicale du professeur Pierre Guerreschi, chirurgien plasticien au CHRU de Lille, a trouvé une alternative aux traitements existants. Mat(t)isse va rendre la reconstruction beaucoup moins pénible pour ces survivantes.
Le projet Mat(t)isse consiste à implanter dans le sein de la patiente, une dentelle imprimée en 3D. Celle-ci, bien que de Calais, n’aura pas de rôle décoratif. Elle servira en revanche de guide pour la régénération des cellules graisseuses, greffées au même moment. En effet, cette prothèse sera créée sur mesure selon la morphologie de la patiente, en fibres résorbables. Elles disparaîtront d’elles-mêmes dès que les cellules adipeuses se seront multipliées en lieu et places suffisants.
Un “geste chirurgical simple et unique” pour la reconstruction mammaire
“Ce qui a été recherché est le geste chirurgical simple et unique.” explique ainsi Julien Payen, directeur du projet chez Up-tex (Pôle régional de recherche textile). Cette avancée va également permettre un traitement plus rapide et moins invasif. En effet, là où les femmes devaient attendre plusieurs mois, voire années, avant de retrouver une poitrine parfaitement reconstruite, il ne leur faudra plus attendre que quelques semaines. D’autre part, seulement 20 à 30 grammes de graisse seront nécessaires pour l’autogreffe.
Pour l’heure, il reste encore à éprouver la méthode sur des porcs, mais celle-ci a déjà été récompensée par le prix international Théophile-Legrand ainsi que par l’association Le cancer du sein, parlons-en ! . Les patientes devraient pouvoir en bénéficier à l’horizon 2023.
Octobre 2017