Lors d’un événement le 17 février 2020 à Bruxelles, l’Alliance pour la transparence des entreprises a présenté un rapport qui analysait les informations que les entreprises divulguaient sur leurs risques et impacts environnementaux et sociétaux conformément aux exigences introduites par la directive européenne sur les rapports non financiers.
L’étude a évalué comment 1000 entreprises européennes -incluant des entreprise du secteur textile mode habillement- divulguent la durabilité et d’autres informations non financières. Les principales conclusions de l’étude étaient les suivantes:
- Les informations à fournir ne sont pas suffisamment spécifiques pour permettre de comprendre la position d’une entreprise et ses développements futurs. Les rapports se concentrent sur la présentation des politiques et engagements généraux (80-90% pour les questions clés telles que le climat, les droits de l’homme et la lutte contre la corruption), mais pas les objectifs concrets, les résultats des politiques par rapport à ces objectifs, et des informations spécifiques sur les risques et les impacts (20% en moyenne).
- Seulement 22% des entreprises fournissent leurs principaux indicateurs de performance dans des déclarations résumées. Cela contraste fortement avec la façon dont les indicateurs financiers sont présentés.
- 13,9% des entreprises déclarent que leurs objectifs climatiques sont alignés sur les objectifs de l’accord de Paris (c’est-à-dire maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés Celsius). Ce nombre est plus élevé dans le secteur de l’extraction d’énergie et de ressources (23,5%), mais plus des trois quarts des entreprises les plus impactantes ne rendent pas compte de leurs objectifs et plans dans ce contexte.
- Seulement 23,4% fournissent des informations spécifiques qui permettent aux lecteurs de comprendre les risques liés au climat auxquels ils sont confrontés – 53,8% déclarant reconnaître l’existence de ces risques. Seuls 6,6% considèrent clairement les risques liés à la transition vers un scénario bien inférieur à 2 degrés Celsius. Le terme risques climatiques englobe les risques dits de transition (défis technologiques et risques réglementaires) ainsi que les risques physiques.
- Seulement 13,4% des sociétés financières fournissent des détails sur l’exposition de leurs portefeuilles aux secteurs les plus polluants.
- 22,2% des entreprises fournissent des informations sur leur processus de diligence raisonnable en matière de droits humains, malgré 82,8% qui ont signalé une politique des droits humains. La diligence raisonnable en matière de droits de l’homme est l’élément fondamental de la responsabilité des entreprises de respecter les droits de l’homme. Il est recommandé par l’ONU, l’UE ainsi que par plusieurs États.
- 25,5% des entreprises divulguent des risques spécifiques aux droits humains auxquels elles sont confrontées (sur 56,6% qui reconnaissent l’existence de tels risques), mais seulement 14,6% rendent compte des impacts réels et seulement 3,6% expliquent les résultats de la gestion des risques
- 13,6% des entreprises de l’habillement et des textiles (la définition inclut les entreprises de chaussures) divulguent leurs fournisseurs ultimes dans les pays à haut risque pour les droits de l’homme, ce qui constitue une amélioration majeure
- Une grande majorité (88,1%) des entreprises font état de politiques anti-corruption, mais seulement 33,7% décrivent comment celles-ci sont mises en œuvre.
- Moins d’entreprises précisent comment leurs politiques s’appliquent à leurs partenaires commerciaux (39,5%) et moins aux agents autorisés à agir au nom de l’entreprise (25%)
- Seulement 18,3% des entreprises indiquent si elles effectuent une évaluation des risques dans les domaines potentiels de corruption)
Conclusions par pays : Il n’y a pas de différence majeure entre les différentes régions européennes, à l’exception du retard des entreprises de l’ancienne Europe de l’Est. Les entreprises nordiques ont tendance à faire partie des régions qui communiquent des informations plus spécifiques que d’autres, mais pas avec une grande marge (la plus grande marge se situe dans certains indicateurs des droits de l’homme – 33,4% des entreprises nordiques divulguent des mesures prises pour gérer les risques par rapport à une moyenne de 19,4%) . Les entreprises françaises fournissent en moyenne des informations légèrement meilleures sur la stratégie du changement climatique (24,41% renseignent sur leurs objectifs climatiques par rapport aux objectifs de l’accord de Paris contre 13,9% en moyenne).
De façon générale, le rapport point le fait que les informations fournies ne sont pas suffisamment spécifiques pour permettre de comprendre la position d’une entreprise et les développements futurs. Les rapports se concentrent sur la présentation des politiques et engagements généraux, mais pas sur les objectifs concrets, les résultats des politiques par rapport à ces objectifs, et des informations spécifiques sur les risques et les impacts.
Source: http://allianceforcorporatetransparency.org/-17/02/2020