Banane, sucre de canne, ananas, de quoi préparer une bonne salade de fruits… ou un nouveau vêtement. C’est en tous cas ce que promet l’entreprise Circular Systems qui entend transformer les déchets alimentaires en fibres textiles.
De moins en moins de fibres naturelles dans les vêtements
A l’origine de ce projet un peu fou, Isaac Nichelson. Cet ancien patron de marque de surfwear a eu une révélation dans les années 1990. Alors qu’il visitait une de ses usines de fabrication, il a été si surpris par les produits chimiques utilisés en quantité qu’il a failli s’évanouir. Il a alors pris conscience qu’il était nécessaire de redonner au textile des proportions de produits naturels plus importantes, comme c’était encore le cas dans les années 1960. Selon le site Fast Company qui rapporte les propos de ce chef d’entreprise, aujourd’hui, les vêtements ne contiendraient plus qu’une moyenne de 35% de fibres naturelles, contre 97% il y a 50 ans. Cela implique biensûr des traitements chimiques dont les effets indésirables aussi bien pour l’Humain que pour la planète ne sont plus à prouver.
Une nouvelle vision de l’industrie de la mode
Isaac Nichelson s’est donc associé à Yitzac Goldstein et Geof Kime il y a une vingtaine d’années pour lancer Circular Systems. Ils ont réfléchi ensemble à une nouvelle façon de concevoir l’industrie de la mode. Après des années de recherches, ils ont fini par mettre au point différents procédés et se sont rendus à l’évidence : un retour à une économie circulaire s’avère indispensable. “Bien que l’approvisionnement durable soit nécessairement plus cher et plus lent, c’est la direction de doit prendre l’industrie de la mode. Il faudrait produire moins et cesser de considérer la croissance comme indicateur de réussite.”
Transformer les déchets pour préserver l’environnement
L’idée est donc venue naturellement d’utiliser les ressources non exploitées et aujourd’hui nuisibles. C’est ainsi le cas par exemple des peaux de bananes. Chaque année, ce sont 100 milliards de bananes qui sont consommées. Ce qui correspond à 270 millions de tonnes de déchets. Lesquels sont soit brûlés, soit laissés à pourrir. La première option pollue l’air, la seconde libère du méthane et contribue au réchauffement climatique. Plutôt que d’abandonner ces déchets, Circular System a mis au point plusieurs procédés permettant de les recycler. En les mêlant à d’autres fibres naturelles ou synthétiques, de nouvelles fibres textiles sont créées, directement exploitables dans l’industrie de la mode.
Circular System affirme ainsi pouvoir satisfaire la demande, et plus encore, puisque l’entreprise espère produire jusqu’à 250 millions de tonnes de fibres par an. Le projet aurait déjà séduit les plus grands puisque Isaac Nichelson serait déjà en pourparlers avec H&M et Levi’s.
Juin 2018