Trois quarts des adultes français (75 %) pensent que les enseignes de vêtements
devraient assumer la responsabilité de ce qui se produit dans leurs chaînes d’approvisionnement et devraient veiller à ce que leurs produits soient fabriqués dans le respect de l’environnement. Selon une nouvelle étude, moins d’un sur six (15 %) estime que le secteur donne des informations aux consommateurs à propos des impacts de la confection de vêtements sur l’environnement et les personnes.
Selon cette enquête réalisée par Ipsos MORI au nom de la fondation Changing Markets et de la campagne Clean Clothes, huit consommateurs français sur dix pensent que les marques de vêtements devraient fournir des informations sur leurs engagements environnementaux et environ deux tiers (64%) seraient dissuadés d’acheter dans une enseigne associée à des pratiques de production polluantes. Ces conclusions sont le résultat d’une enquête complète *sur la perception par le public des questions environnementales et sociales dans le secteur de l’habillement et dans les chaînes d’approvisionnement des marques de vêtements.
Selon l’Institut français de la mode, les consommateurs français sont de plus en plus préoccupés par les impacts environnementaux et les mauvaises conditions de travail dans le secteur de la mode qui, avec un chiffre d’affaires de 150 milliards d’euros, représente 2,7 % du PIB français et fournit 1 million d’emplois en France. Une
nouvelle loi entrant en vigueur cette année interdira la destruction par les entreprises françaises des collections de vêtements non vendues, après le tollé soulevé par une série de scandales récents impliquant la destruction délibérée d’invendus par Celio, H&M et Burberry .
Selon l’enquête Ipsos MORI, la moitié des consommateurs français (49 %) a déclaré qu’elle serait dissuadée d’acheter les produits d’une marque associée à la destruction de collections.
L’enquête indique que la majorité des consommateurs français sont sceptiques quant à la crédibilité des informations communiquées par les marques. Moins d’un Français sur six (14 %) aurait confiance dans les informations fournies par les enseignes elles-mêmes sur les questions de durabilité. Trois sur dix pensent que l’autorégulation du secteur est le moyen le plus efficace de minimiser les impacts du secteur de la mode sur l’environnement.
« Il s’agit de l’enquête la plus complète réalisée à ce jour auprès des consommateurs en ce qui concerne leur perception des standards environnementaux et sociaux dans le secteur de l’habillement. Cette enquête montre que les gens souhaitent voir les marques assumer la responsabilité de ce qui se passe dans leurs chaînes d’approvisionnement et attendent davantage de transparence en ce qui concerne les travailleurs et l’environnement. Tout indique que l’état d’esprit des consommateurs est en train de changer : ils veulent que ces enseignes soient davantage amenées à rendre des comptes et à fournir des informations », déclare Urska Trunk de la fondation Changing Markets.
Inquiétudes au sujet de la viscose
L’enquête Ipsos MORI révèle également que 72 % des Français approuvent l’idée que les marques de vêtements soient amenées à fournir des informations sur leurs fabricants de viscose et l’impact de ces derniers sur l’environnement. La viscose est une fibre d’origine végétale qui constitue une alternative de plus en plus populaire au coton ou aux produits synthétiques. Mais la production de viscose nécessite des substances chimiques toxiques dont les risques pour l’environnement et la santé humaine, si leur emploi n’est pas géré de façon stricte, sont prouvés . Plus de 303 000 consommateurs européens ont récemment signé une pétition de WeMove. EU appelant les grandes marques à s’engager pour une viscose propre. De grandes chaînes de magasins et des boutiques en ligne, parmi lesquelles Zara, ASOS, H&M et Marks & Spencer, se sont récemment engagées à des standards plus rigoureux de production de la viscose. Aucune des marques françaises n’a suivi cet exemple pour le moment.
« Comme le montre cette enquête, le public soutient massivement les efforts que pourrait déployer le secteur de la mode pour s’assurer que les marques produisent des vêtements de meilleure qualité environnementale. Les entreprises vont devoir effectuer la transition vers des méthodes plus propres si elles veulent répondre à ces attentes. Nous demandons aux marques françaises de rejoindre d’autres grandes enseignes de la mode européenne en signant notre feuille de route pour des chaînes d’approvisionnement de la viscose plus propres. Nous avons besoin d’une transparence radicale et d’une transition vers un modèle de production qui ne détruit ni des vies humaines ni les écosystèmes naturels », explique Urska Trunk de la fondation Changing Markets.
Préoccupations quant aux bas salaires, plus d’informations nécessaires
Environ sept Français sur dix (69 %) ont le sentiment que le secteur de l’habillement verse de faibles salaires aux personnes travaillant dans ses chaînes d’approvisionnement et 61 % se disent prêts à payer leurs vêtements entre 2 et 5 % plus chers si le fabricant a rémunéré à sa juste valeur le travail des personnes impliquées dans leur production. Huit sur dix (79 %) estiment que les marques de vêtements devraient préciser si les employés dans leurs chaînes d’approvisionnement reçoivent des salaires suffisants et plus de la moitié (56 %) se disent dissuadés d’acheter des vêtements auprès d’une enseigne qui ne fournit aucune précision à ce sujet.
« Ces conclusions montrent que les consommateurs français veulent davantage d’informations sur les conditions de travail et n’ont pas envie de se fournir auprès de marques qui ne versent pas de salaires décents. Il est temps pour les gouvernements d’agir si le secteur ne le fait pas », indique Paul Roeland de la campagne Clean Clothes.
Source: communiqué – http://changingmarkets.org/ – 10/01/19
*À propos de l’enquête: la fondation Changing Markets a engagé Ipsos MORI pour réaliser une enquête en ligne auprès d’adultes âgés de 16 à 75 ans résidant dans sept pays différents : le Royaume Uni, les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et l’Espagne. Au total, 7701 sondages d’opinion ont été effectués, dont plus de 1000 dans chaque pays, entre les 19 et 26 octobre 2018.