Mode in Textile

Etre “body positive” ou “plus size” un combat qui prend de l’ampleur

Ce dimanche 28 avril une quarantaine de femmes défilait au Trocadeo en sous-vêtements, issues du collectif « All sizes catwalk » afin de promouvoir le « body positive » – ce qu’on pourrait transcrire par l’acceptation de son corps.

Des femmes de toutes tailles du 34 au 52 ont en effet défilé en lingerie – parodiant les célèbres défilés de la marque Victoria’s Secrets – afin de montrer la beauté des femmes de tous les jours. Le geste est important dans un contexte où les marques, un peu plus sensibilisées aux question de diversité ethnique, ainsi que de rapports de genre, sont cependant toujours en retard sur la question de la diversité des morphologies.

En effet, Modeintextile vous dévoilait en février les chiffres issus d’un sondage réalisé en octobre 2018 par le média féminin Ma-grande-taille.com. On y découvrait que plus d’une femme sur 5 portant du 38/40 se sent discriminée par les marques de vêtements et de lingerie. Un chiffre qui bondit à 8 femmes sur 10 pour celles s’habillant en taille 46/48 et même à 9 sur 10 pour les tailles 50 à 56. Le sondage, mené auprès de 4 989 femmes s’habillant de la taille 38 à la taille 70 et plus, faisait ainsi part des discriminations vécues et subis par près de 80,5% des femmes s’habillant au delà de la taille 42 – alors qu’elles représentent plus de 60% des clientes. 

Où en est-on du “plus size” en France ? Côté politique, des collectifs telles que Gras Politique, luttent quotidiennement contre la “grossophobie” – mais aussi la maltraitante médicale, la discrimination à l’embauche, la précarisation entre autres. Si les questions de mode sont moins présentes, la question de l’acceptation de son propre corps, mais aussi de celui des autres fait écho au défilé de ce dimanche.

Georgia Stein, mannequin “curvy” et à l’initiative du défilé, relève en effet que ce courant de “body positive” est très peu perceptible en France, contrairement aux Etats-Unis. En effet des personnalités comme le mannequin Ashley Graham, ou l’actrice Christina Hendricks ont en quelque sorte “glamourisé” les tailles allant au-delà du 38, qui constituent pourtant la grande majorité des morphologies aux Etats-Unis mais aussi en France. On peut cependant se poser la question de la nécessité de trouver des atouts à ces morphologies pour les faire accepter, alors même qu’elles sont présentes autour de nous au quotidien.

L’idéal de la minceur perdure et il est vrai que les défilés manquent encore de diversité, ainsi que les différents supports de communication en matière de mode et d’habillement qui contribuent aux représentations que les femmes se font d’elles-mêmes.

Pour l’instant, seules quelques marques telles que La Redoute, Asos ou encore Mango et H&M ont su prendre le pas sur les questions de taille – ce qui est moins le cas du prêt-à-porter moyen ou haut-de-gamme qui peine à proposer des vêtements dont les tailles vont au-delà du 44 voire du 42. Comme le mettait en avant un article dans Le Journal des Femmes,La femme ronde – considérée avant tout comme une niche non représentative – étant souvent associée à un laisser-aller ou à une mauvaise santé, est très rarement exploitée en tant que modèle dans la publicité. De plus, mettre en avant un corps charnu pourrait s’apparenter, au regard de certains, à faire l’apologie de l’obésité et de la malnutrition. ” . Aussi la question du rapport que nous entretenons au corps, et notamment au corps sains se pose réellement, car l’idée que minceur = bonne santé perdure malgré les dérives dénoncées depuis plusieurs années déjà. L’alternative proposée par All sizes Catwalk s’annonce donc intéressante, et a peut être la possibilité de développer cette “niche” qui n’en est plus réellement une…

-30/04/10-