Comme le rapportait Télérama en 2017, Sandro Luytens remontait la filière des vêtements déposés dans les bennes de récupération dans le cadre d’une enquête pour le magazine Reporters de France 24. Que deviennent ces vêtements ? Le reportage constatait que si 2% des vêtements étaient en effet redistribués aux plus démunis, les 98% restant connaissent une autre vie et finissent, pour beaucoup, en fripes. Quel avenir pour les fripes aujourd’hui ?
Les vêtements, nous rapporte le reportage, connaissent un circuit étonnant : récupérés en France ou en Italie, ils passent ensuite par la Tunisie où ils sont triés, nettoyés, réparés. Si certains de ces vêtements traversent un second cycle de vente notamment sur le reste du continent africain, les plus “tendance” sont renvoyés en France et alimentent les centaines de magasins de seconde-main disséminés sur le territoire.
Mais si jusque là les fripes étaient réservés aux étudiants fauchés ou connaisseurs avides d’originalité, le port de vêtements de seconde main autrefois tabou est désormais ancré dans les moeurs. En cause, l’éveil d’une conscience écologique – d’après une étude de thredUP, 59% des consommateurs interrogés souhaitent des vêtements durables et éthiques – aussi l’achat de vêtements de seconde-main s’impose comme une alternative pertinente, notamment à la fast-fahion. L’étude prévoit en effet que les achats de vêtements de seconde-main dépasseront le volume des achats de vêtements issus de la fast-fashion – en passant de 6% à 13% d’ici 2028.
Particularité de notre époque, les fripes en ligne connaissent un certain succès, séduisant notamment les plus jeunes générations, et le développement des fripes en ligne est une conséquence directe de cet intérêt des nouvelles générations. Vestiaire collective, Depop ou encore Vinted, ces plateformes de revente de vêtements portés (généralement de particulier à particulier) réussissent le pari d’attirer une clientèle nombreuse, jeune et ce dans une grande rapidité. En juin 2018, une étude réalisée par l’observatoire Kantar TNS montrait que 40% des 18-24 ans fréquentaient Vinted, par exemple. En quelques mois le site a attiré près de 21 millions de membres, dont presque 8 millions en France.
Ces nouvelles routes circulaires attirent désormais les grands distributeurs – par exemple H&M, qui a investi 2 millions d’euros dans la société suédoise Sellpy spécialisée dans les vêtements de seconde-main. En effet, d’après un rapport de Cowen and Company, le secteur du retail va donc devoir s’associer à celui du resale, afin de soutenir cette économie circulaire, et perdurer, en faisant usage de l’upcycling, ou du recyclage des vêtements.
-29/03/19-