Mode in Textile

Influenceurs, qui sont ces nouvelles égéries ?

Que l’on traîne sur la Toile ou qu’on lui préfère le papier, que l’on soit branché mode, sport, beauté ou même voyage, on ne peut pas passer à côté. Les influenceurs sont partout. Il n’y a pas si longtemps, ils n’étaient que “simples” blogueurs, passionnés et littéraires dans l’âme. Aujourd’hui, ces prescripteurs n’ont pas forcément de plume acérée, ni de légitimité particulière pour traiter de leurs sujets fétiches. Pourtant, ils constituent une pierre angulaire du marketing moderne. Ils s’expriment dans les blogs comme leurs aînés, dans une prose pas nécessairement très élaborée, ou bien en photos. Mais pas seulement. Certains se contentent de poster quelques clichés filtrés sur Instagram, quelques mots bien sentis sur Tweeter ou encore quelques minutes, pas toujours passionnantes sur Youtube.

Les influenceurs d’aujourd’hui n’ont plus tant à voir avec blogueurs d’hier

Anne Montecer, qui vient de lancer ledressingideal.fr et créatrice du site féminin Hellocoton, racheté par le groupe Prismamedia en 2012 les connaît très bien. Et pour cause. Hellocoton est une plateforme communautaire d’influenceuses. Nous sommes également un site dénicheur de talents et de tendances repérées chez les influenceuses. Nous proposons une sélection quotidienne des meilleurs articles publiés sur les blogs et des news toutes fraîches sur ce qui buzze sur la Toile et les réseaux sociaux.”

Anne Montecer, rédactrice en chef de Hellocoton.fr et auteur des blogs Annouchka et Ledressingideal, photographiée par Anne Lemaitre

Cette jeune femme, elle-même brillante blogueuse depuis une dizaine d’années, les a vus évoluer ces influenceurs. Et elle mesure parfaitement quelle force ils ont dans la communication des marques. Notamment dans l’univers de la mode. “Il y a dix ans, on considérait déjà les blogueurs comme des leaders d’opinion, même si pour la plupart il s’agissait avant tout d’un loisir (…) Les influenceurs de 2018 maîtrisent parfaitement les usages des réseaux sociaux. Ils savent faire de la photo, filmer avec un drone, monter des vidéos, faire du storytelling… On est bien loin du petit blog spontané ouvert en quelques clics sur un coin de table !” Anne Montecer n’hésite pas à parler d’ailleur de “marketing d’influence”.

Une stratégie de communication intéressante pour les marques émergentes

Et les marques ont bien compris tout l’intérêt qu’elles avaient à collaborer avec ces égéries modernes. Elles profitent ainsi de leur capital sympathie et de la confiance que leur communauté leur porte. C’est une stratégie de communication efficace pour une marque émergente sur un marché de niche. A condition toutefois qu’elle soit bien menée. Cela permet de toucher une audience plus large. Mais c’est aussi une façon d’améliorer ses relations clients. Le dialogue est en effet facilité, et la clientèle déjà existante s’en trouve plus attachée.”

Influenceur un métier facile ?

Certains, comme Enjoy Phoenix, Rudy Lauer ou les inénarrables soeurs Kardashian tirent leur épingle du jeu et en tirent de juteux bénéfices. Forcément, cela inspire. Mais Anne Montecer met en garde. “Ne nous méprenons pas, ceux qui ont la chance d’en avoir fait leur activité principale ne constituent qu’une petite minorité. C’est effectivement possible de bien gagner sa vie en étant influenceur mais (…) cela demande un travail considérable. Tenir un blog, communiquer sur les réseaux sociaux, fidéliser sa communauté et gérer ses partenariats avec les marques sont des activités très chronophages. Cela demande une certaine expertise. C’est un vrai métier.

Sans compter que le travail d’un influenceur est soumis à quelques rudes épreuves. “On voit souvent le côté “paillettes” des influenceurs. On voit moins la concurrence à laquelle ils sont livrés, les galères administratives et autres réjouissances liées à la vie d’une entreprise. L’envers du décor est beaucoup moins joli qu’on ne l’imagine.” A ceux qui voudraient marcher dans ses pas ou de ses chouchous que sont Natacha birds, The Brunette ou encore Mathilde Lacombe, bien plus que l’esprit belliqueux, Anne Montecer recommande la bienveillance. “C’est une clé pour concrétiser ses projets dans ce milieu.” Pour elle, il faut aussi savoir prendre son temps, cultiver son sens du détail et “bien sûr, faire les choses avec passion”.

Avis aux amateurs.

Mars 2018