Dire que le monde de la mode est un monde d’influence est peu dire. Depuis toujours les marques ont recours aux égéries pour vendre leurs produits. Les réseaux sociaux n’y ont rien changé, à ceci près qu’à la place des stars du cinéma ou de la musique, ce sont maintenant des blogueurs ou des instagrameurs qui font les tendances. A tel point que certains se sont spécialisés dans la mode, entraînant dans leur sillage des milliers voire des dizaines de milliers de fans, prêts à suivre leurs conseils. Ceci n’est pas sans conséquence et pourrait bien avoir un lourd impact sur l’industrie de la mode.
Un hashtag exigeant
En effet, sur Instagram, paradis des modeurs de tous poils, les hashtags ne cessent de fleurir. On connaît bien sûr le #picoftheday, le #tbt (throwback thursday) ou encore le #instadaily. Mais celui qui est pointé du doigt aujourd’hui par l’institut de sondage britannique Barclaycard, c’est le #ootd. Comprenez outfit of the day, c’est-à-dire, tenue du jour. Pour satisfaire leur followers, les stars d’Instagram spécialistes de la mode publient chaque jour un nouveau look. Bien entendu, pas question de montrer deux fois les mêmes vêtements. Et plus il s’agit de pièces onéreuses plus l’opération est intéressante.
Une ruse de Sioux
Mais alors, comment font ces starlettes pour s’offrir toutes ces tenues ? Comment font-elles pour les stocker ? Pour les entretenir ? Ne sont-elles jamais tentées de porter à nouveau ces fameux looks qu’elles semblent tant aimer ? Eh bien, c’est simple. Elles ne font rien de tout ça. Ces pros du #ootd utilisent la technique dite du “Snap and send back”. Ils se contentent d’acheter les vêtements qui leur plaisent, prennent la photo qui fera mouche en prenant soin de conserver l’étiquette, et une fois Instagram satisfait, renvoient leur commande pour s’en faire rembourser. Il fallait y penser.
Des conséquences lourdes
Seulement voilà, outre l’organisation que cela peut demander pour ces jeunes gens, cela n’est pas sans conséquence. Cela incite les followers à multiplier leurs looks et leurs achats, ce qui va totalement à l’encontre d’une mode tournée vers l’éco-responsabilité comme cela paraît de plus en plus indispensable. Mais ce n’est pas tout, ces commandes-retours systématiques sont un véritable fardeau pour les marques pour qui cela demande une logistique importante et coûteuse. Et n’allez pas croire que le Snap and send back est une pratique anecdotique : selon l’étude de Barclaycard, près d’un Britannique sur dix y aurait recours.
Août 2018.