Le PDG de TF Création entreprise spécialiste des tissus techniques pour l’ameublement, Antoine de Villoutreys de Brignac préside le Conseil d’administration de l’IFTH depuis 6 ans il assure la Vice-présidence en charge de l’innovation de l’Union des Industries Textile chargé de l’innovation et il préside le Conseil d’administration de la Chambre syndicale Securofeu. Ses actions au service du collectif des acteurs du textiles, lui confère une position d’observation privilégiée. Il a ainsi vu le secteur se transformer, s’adapter, se redynamiser.
Fort de ces convictions, c’est avec passion qu’il a initié la transformation de l’IFTH. Un Institut qu’il souhaite toujours plus proche et plus utile aux entreprises.
Véritable centre d’expertise et d’innovation des entreprises ressortissantes de la mode, du textile et de l’habillement (MTH), l’Institut français de la mode, du textile et de l’habillement (IFTH) se met au service de leur performance commerciale, de la performance des produits et des procédés de productions depuis plus de 60 ans. Cette richesse unique d’expertise textile est valorisée et transférée auprès de secteurs très variés, du prêt-à-porter aux dispositifs médicaux, en passant par les transports, les articles de sport ou les équipements de protection individuelle.
Parlons un peu de l’IFTH, qui vient de connaître une période de grands changements. Quels sont aujourd’hui ses défis et ses ambitions ?
Sa principale ambition est de redevenir le partenaire incontournable des ressortissants de la filière MTH, ceci à chaque étape de leurs projets d’entreprises.
Du côté des produits, l’Institut les accompagne dans leurs projets de veille technologique, depuis la mise en œuvre de la recherche & développement jusqu’aux tests de conformité des produits et à leur éventuelle certification. Concernant les savoirs et savoir-faire, les ressortissants disposent aujourd’hui de ressources complémentaires et disponibles au plus près de leurs besoins grâce aux consultants experts de l’IFTH, que ce soit pour optimiser leurs compétences grâce à la formation et à la préservation des savoir-faire, ou optimiser leurs activités grâce au conseil personnalisé. La proximité et les échanges sont réellement et concrètement les fondamentaux de la stratégie de développement actuelle et future de l’IFTH.
La notion de transfert est par ailleurs ancrée dans son ADN, au service de la performance et de la compétitivité des ressortissants MTH. L’IFTH acquière au quotidien du savoir, le transforme en savoir-faire, et le transfère aux entreprises, que ce soit grâce aux grands projets de R&D collaboratifs auxquels il participe, mais également aux projets individuels.
Enfin, sa capacité à diffuser de l’information stratégique au plus grand nombre est essentielle, et se structure aujourd’hui autour de médias dynamiques comme le magazine en ligne www.modeintextile.fr, la Newsletter bimensuelle, et les échanges générés grâce à la présence sur les réseaux sociaux.
Concernant la certification les choses bougent également, et le 6 octobre 2017 l’IFTH a été confirmé organisme notifié européen pour le nouveau Règlement EPI, règlement qui fait suite à l’actuelle Directive EPI. Quel est l’enjeu pour les entreprises françaises ?
C’était une évidence pour l’Institut d’être au rendez-vous de cette évolution réglementaire au service des entreprises concernées. Les EPI sont un excellent exemple de la diversité de la filière de l’amont à l’aval. Cette certification intéresse tous les maillons de cette chaîne de production et de distribution des EPI. Pouvoir anticiper la mise en place de ce Règlement EPI est un véritable levier de croissance pour nos ressortissants, qui font face à une concurrence importante dans ce domaine. Aussi, alors même que ce texte ne sera en vigueur qu’en avril prochain, l’IFTH propose dès maintenant un accompagnement pour les entreprises qui souhaitent avoir une longueur d’avance avec des produits de qualité certifiés.
A noter par ailleurs que l’Institut engagé un processus de certification IS0 90001 global. Cette prochaine certification représente un nouveau gage de cette qualité de ses actions et de sa capacité à monter en qualité.
Le Crédit Impôt Recherche (CIR) reste-t-il un levier important pour les projets innovants des entreprises, en particulier via un centre technique ?
Le Crédit Impôt Recherche est une aide financière qui permet d’accéder à un financement intéressant, de créer des effets de levier importants et d’accéder à de nouvelles ressources pour innover. Or, notre écosystème est essentiellement composé de PME voire de TPE, et il peut parfois être compliqué pour elles de mobiliser du temps et des ressources pour mettre en place un dossier de demande CIR. Collaborer avec l’IFTH permet d’être accompagné dans cette démarche, et surtout de pouvoir imputer au double de leurs valeurs ses prestations éligibles au CIR, un avantage financier non négligeable pour des petites entreprises.
C’est avant tout un dispositif qui permet aux entreprises innovantes de continuer à investir en recherche & développement malgré les difficultés conjoncturelles que le secteur textile rencontre régulièrement. Cela leur permet de minimiser les risques financiers, mais également de pouvoir accéder aux ressources complémentaires nécessaires pour se développer, se diversifier, ou se démarquer sur leurs marchés.
Sur quels projets d’avenir portent les réflexions de l’IFTH ?
Les thématiques prioritaires portent aussi bien sur l’Usine du Futur que sur l’Economie circulaire et le développement durable, et bien entendu toujours sur la Performance des Textiles fonctionnels et Intelligents.
Pour exemple, une réflexion importante a été engagée autour d’un projet baptisé INNOFABMOD. Créé pour accompagner les entreprises de mode et d’habillement dans l’intégration de nouvelles technologies et de nouveaux outils numériques, et implanté au sein de l’Institut Jules Verne dans l’ouest de la France, ce projet (actuellement en cours d’instruction) est la traduction d’une véritable évolution de l’aval de la filière, qui réfléchit très concrètement aux méthodes de travail et aux process de demain. Il est absolument nécessaire de capitaliser les informations concernant ces nouvelles technologies, afin de les rendre rapidement transférables aux ressortissants de toute la filière.
En tant qu’industriel du textile, quel regard portez-vous sur le métier et sur son évolution ?
De l’amont à l’aval de la filière, le textile est un secteur véritablement dynamique, représenté par des entreprises structurées, qui fonctionnent bien et avec des réelles stratégies de développement à l’international. J’ai personnellement une grande admiration pour les chefs d’entreprises de notre secteur d’activité. Ces sociétés qui ont survécu malgré des périodes parfois très difficiles ont trois éléments en commun : une rigueur de gestion extraordinaire, une vraie curiosité pour leur environnement, et une capacité à oser changer, à innover.
Enfin, la filière fonctionne également en mode collaboratif aujourd’hui, ce qui est une véritable petite révolution. Preuve en est l’exemple du succès du collectif Vosges Terre Textile. Un réel dialogue s’est aujourd’hui installé et se développe entre les acteurs entrepreneurs, comme entre les différentes institutions et organismes représentatifs de la filière MTH.
Qu’est-ce qui vous surprend encore aujourd’hui ?
Tout d’abord, la conscience professionnelle des collaborateurs de l’IFTH ! Les quatre dernières années de fonctionnement ont été compliquées, et pourtant chacune de mes rencontres avec les équipes m’a confirmé la passion de chacun (e) pour ce métier. Finalement, l’Institut est réellement le reflet de la filière, de par sa diversité interne, son expertise métiers, et son enthousiasme.
C’est également la souplesse, la capacité d’adaptation, la résilience des entreprises qui ont été capables d’intégrer relativement rapidement des innovations technologiques, des changements de marchés, des évolutions réglementaires, jusqu’à avoir une longueur d’avance sur leurs concurrents.
Enfin, d’un point de vue plus matériel, je suis toujours positivement étonné de la multitude de voies technologiques déjà disponibles ou en voie de développement, permettant d’aboutir à un même résultat. Par exemple, l’IFTH est en capacité de produire un textile électronique soit par impression d’une encre conductrice, soit par tissage ou tricotage d’un fil conducteur. Cette diversité de technologies est connue et intégrée, ce qui permet d’envisager très en amont d’un projet, au niveau de l’état de l’art, les meilleures voies possibles de développement.
Propos recueillis par N. Righi – Décembre 2017