A 36 ans, Sandrine Ciron est la fondatrice et présidente hyperactive de l’association Fashion Handi, fashion for all. Ravissante et pétillante passionnée de mode, la jeune femme n’a que faire du fauteuil roulant dans lequel elle évolue. “J’assume pleinement mon handicap”. Loin de la voir comme un frein, elle a fait de sa particularité une force pour vivre sa passion. Entourée d’une solide équipe, elle organise shootings et défilés professionnels, pour mannequins valides et en situation de handicap. Nous l’avons rencontrée.
Quel regard portez-vous sur la mode ?
J’ai toujours été une accro de la mode. Je suis en admiration devant de grands stylistes comme Jean-Paul Gaultier , Yves Saint Laurent, Adeline André, Christian Dior ou Karl Lagerfeld.
Pour moi la mode est essentielle au quotidien, elle permet de se mettre en valeur, de se plaire. Il est très important, surtout pour une personne en situation de handicap, d’être bien habillée, maquillée, coiffée. Cela évite que les valides voient le fauteuil et non plus vraiment la personne. Comme je dis souvent “même avec un handicap on peut être fashion et sexy !”
En quoi votre handicap a-t-il influencé votre carrière ?
C’est un booster. Ca a fait de moi une battante. Cela prouve que rien n’est impossible, même avec un handicap, même dans le milieu de la mode.
Je n’ai jamais envisagé le handicap comme un frein à ma féminité ou ma passion pour la mode. Au contraire, cela me donne envie de montrer à tous cette particularité qui fait de moi la fondatrice de Fashion Handi.
En quoi la mode est-elle problématique lorsque l’on est situation de handicap ?
Les vêtements tendances peuvent être impraticables pour les personnes handicapées. A cause des boutons ou fermetures éclair par exemple. Ceci dit, depuis quelques années des marques fashion comme Endy & co ou MA. émergent et se spécialisent dans le prêt à porter adapté aux besoins des personnes en situation de handicap. C’est encore trop peu, mais le marché progresse.
Le regard porté sur les personnes en situation de handicap peut être difficile aussi. Pour ma part, je crois à l’inclusion. Je crois donc aussi au droit d’être une it girl fashion et sexy, que l’on soit valide ou non.
Avec plus de 3000 followers sur Instagram, vous êtes considérée comme une influenceuse mode. Selon vous, qu’est-ce qu’une influenceuse ?
Je suis encore toute petite dans ce métier, j’essaie de m’y faire une place.
Un influenceur est un individu qui par son statut, sa position ou son exposition médiatique peut influencer les comportements de consommation. Ce pouvoir incite parfois les marques et organisations à collaborer avec eux.
Qu’est-ce que cette notoriété vous a apporté ?
Le soutien que mes followers me témoignent m’a apporté beaucoup d’amour et encore plus de détermination. D’ailleurs je tiens à les remercier ! Je dirais également que l’on me prend davantage au sérieux.
Vous dites que “Même avec un handicap on peut être fashion, sexy et professionnel dans le monde de la mode !” . Être sexy est-il un impératif dans la mode ?
Pour ma part je mets toujours l’accent sur le côté sexy et glamour. Mais on peut tout à fait être dans le milieu de la mode sans être sexy. L’important c’est d’avoir son propre style.
Vous évoquiez l’envie de défiler pour de grands couturiers. La mode se limite-elle à la haute couture ?
J’ai une préférence pour la haute couture, mais la mode ne se limite à rien, elle est création, pas prison.
Comment se déroulent vos shootings, vos collaborations ?
En général, les stylistes nous prêtent des vêtements. Puis en collaboration avec les coiffeurs, maquilleurs et photographes, nous préparons le shooting de façon très professionnelle. C’est notre priorité car nous souhaitons vraiment être pris au sérieux.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Avec Fashion Handi, on prépare un défilé pour le mois de juin, des shootings et des formations pour nos mannequins très prochainement.
Quant à moi, en tant que mannequin wheelchair, des shootings et collaborations m’attendent pour les mois à venir.
Un planning bien chargé !
Avril 2018.