Pionnier : qui défriche des terres, qui s’engage le premier dans une voie, dans une entreprise (Déf : Académie Française).
Incontournables de l’univers Montagne & Outdoor, les marques Millet, Eider et Lafuma du Millet Mountain Group, équipent depuis plus de 60 ans une communauté de plus en plus élargie de passionnés. Depuis leur création, chaque marque se caractérise ainsi par son esprit pionnier. Lafuma a lancé en 1936 les premiers sacs à dos pour les loisirs, accompagnant les premiers congés payés. En 1950, Millet a équipé la première expédition à atteindre le sommet de l’Annapurna, à 8.000 mètres. En 1962, Eider a créé les premiers vêtements de ski.
Intégré au Groupe Suisse Calida, le Millet Mountain Group est installé à Annecy, au cœur dans les Alpes françaises, avec pour terrain de jeu exploratoire et laboratoire à ciel ouvert le majestueux massif du Mont Blanc. A la tête du Millet Mountain Group, Frédéric Ducruet dirige ses équipes avec le même esprit pionnier, toujours à la recherche de l’innovation, de la technicité, de la durabilité, du confort et du respect de l’environnement. Une stratégie globale et structurante, un challenge permanent vers l’excellence, portés par une communauté d’experts tournés vers l’avenir.
« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » pourrait être le leitmotiv de ce dirigeant passionné par son métier, qui a accepté de nous présenter quelques grands axes de développement de l’entreprise.
Millet Mountain Group est spécialiste des vêtements et accessoires outdoor très techniques et plutôt haut de gamme, en concurrence directe avec de grandes marques comme The North Face ou Columbia par exemple. Faire la différence est une obligation, c’est ce qui vous incite à être toujours être plus innovants, être des pionniers ? Comment cela se traduit-il concrètement dans le groupe ?
Millet est pionnier du sac de montagne, Eider pionnier du vêtement de ski, et Lafuma pionner du sac de randonnée. Être pionnier est un état d’esprit partagé par tous les collaborateurs au sein du Millet Moutain Group. Chaque année, environ 6% de notre budget sont consacrés à la recherche et au développement, et nous travaillons régulièrement avec des partenaires externes pour stimuler en permanence l’innovation.
Rappelons que l’innovation ne concerne pas uniquement le produit, bien au contraire ! Cet état d’esprit se retrouve par exemple dans le circuit de distribution des produits. Nous développons en particulier beaucoup ce que nous appelons le « space management », c’est-à-dire un co-management des espaces de vente, mais également des franchises, des « shops-in-shops », de la vente de détail et en gros directement en ligne (« wholesale online »), entre autres.
Mais c’est surtout l’accélération de la digitalisation du Millet Moutain Group qui a été marquée ces dernières années. Cela se traduit notamment par des investissements importants dans certains softwares, comme par exemple un nouveau logiciel PLM (Product Lifecycle Management) de Lectra qui devrait être opérationnel d’ici quelques semaines dans les usines, après près d’un an et demi de préparation et de mise en place. Sera également intégré un logiciel PIM (Product Information Management) en B2B.
S’il a souvent été reproché aux marques de produits outdoor fonctionnalisés d’avoir un impact sur l’environnement, la prise de conscience en termes de responsabilité sociale et environnementale est un axe stratégique majeur du développement du Groupe, et ce depuis plus de dix ans. Votre dernier rapport RSE est d’ailleurs extrêmement riche des actions concrètes de chacune des marques en ce sens. Pourriez-vous nous détailler vos grands axes stratégiques dans ce domaine ?
Plus que des axes stratégiques, il s’agit véritablement d’un contrat moral qui me lie personnellement au Millet Moutain Group, mais qui lie également le Groupe à la communauté Montagne & Outdoor. Nous nous devons d’être sincères, honnêtes, transparents. Durabilité et qualité sont essentielles dans notre univers, il s’agit de ne pas renouveler trop souvent et inutilement son matériel afin de limiter son impact sur l’environnement. Nous nous engageons ainsi à éviter le superflu, en mettant en œuvre une stratégie d’éco-design, à utiliser des matériaux certifiés, à maîtriser les filières d’approvisionnement et de production, et privilégions justement une production européenne.
Nous sommes particulièrement attentifs au sourcing de nos plumes et duvets, qui sont certifiés RDS (Responsible Down Standard), et n’utilisons pas de fourrure naturelle animale. Concernant l’utilisation de produits chimiques, nous respectons les règles internationales en vigueur.
Enfin, nous proposons un service après-vente permettant de réutiliser les produits au lieu de les jeter. Ce service garantissant une réparation et un retour sous dix jours est tout particulièrement apprécié par nos clients.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez encore aujourd’hui sur cette thématique RSE ?
Dans ce domaine nous sommes accompagnés par l’agence AIR, qui nous aide à établir chaque année un plan stratégique réactualisé, avec des objectifs chiffrés, chiffrables, et donc mesurables. Nous avons mis à jour ce plan pour l’année 2019, en tenant compte de la plus grande difficulté que nous avons pu rencontrer à ce jour, et qui concerne le développement de produits « FCP-free », c’est-à-dire ne comportant pas de produits fluorocarbonés. La problématique reste en effet complexe, et les traitements alternatifs que nous avons pu tester à ce jour ne sont pas assez durables par rapport à nos propres nos exigences de performances.
Si nous ne pouvons revendiquer une production 100% sans PFC aujourd’hui, excepté pour les gammes de produits de Lafuma, nous continuons bien évidemment et sans relâche à chercher une solution adéquate, qui soit environnementalement performante, mais qui soit également économiquement acceptable pour le consommateur. En effet, un coût supérieur des matières alternatives peut se révéler être un véritable frein à l’achat de produits éco-conçus. Cela fait partie des limites actuelles du modèle.
Intégrer le client au cœur de votre processus de création du produit fait partie de votre ADN. Cela passe par la collaboration avec les guides de haute montagne, par l’implication de vos salariés, de votre présence sur les réseaux, par les blogs et les communautés numériques…est-ce vital aujourd’hui pour les marques, encore plus qu’hier, de créer un lien avec le consommateur ?
Le consommateur aujourd’hui est connecté et sollicité en permanence. Créer un lien est donc devenu essentiel, on se doit de répondre aux nouvelles aspirations du client. Sans client, sans communauté, pas de business possible !
L’univers d’une marque est extrêmement exigeant, il faut le protéger et en aucun cas le vulgariser. Donner de la valeur à ce que l’on fait, et à ce que l’on vend, détermine ce qui permettra demain de créer l’envie, le désir, le besoin. Cela passe par plusieurs actions : protéger ses marques, protéger ses produits, mettre en valeur les compétences de l’ensemble des collaborateurs du Groupe…Même si les aspirations sont différentes selon les marques, la création de valeur pour le client final est le dénominateur commun au sein du Millet Moutain Group.
Pionnier du « smart » avec un sac à dos photovoltaïque, où en êtes-vous aujourd’hui du développement de produits dits « intelligents » ?
Nous sommes très engagés dans l’utilisation de textiles ultra-performants, aux
fonctionnalités avancées, avec par exemple l’intégration de fibres Dyneema ® pour les sacs à dos les plus ultimes, notre technologie Matryx® à base de Kevlar® utilisée pour certaines gammes de chaussures, ou encore notre process de tissage Synthesis qui permet de fabriquer le tissu Synth’X™ sans couture. Nous proposons également la micro encapsulation de matériaux à changement de phases sur certains vêtements afin d’améliorer la thermorégulation et le confort thermique du porteur.
Chez Lafuma, nous avons également intégré récemment la technologie Re:Down dans les nouvelles collections Hiver 2018-19. Il s’agit d’un duvet recyclé qui permet de réutiliser des matières existantes, de les revaloriser, et de stabiliser le prix parfois très fluctuant de ces matières premières. Les résultats en termes de performances sont assez bluffants !
Concernant les textiles dits « intelligents » et connectés, nous n’avons à ce jour pas de projet en cours autour de produits intégrant de l’électronique embarquée, comme nous pouvions le faire il y a quelques années en arrière. Nous ne sommes tout simplement pas des spécialistes des technologies mobiles ; les fabricants de smartphones font très bien leur travail sur ce plan-là ! L’effet gadget n’est pas notre univers, nous devons respectons nos marques et nos clients. En termes de technologies embarquées, nous pourrions par contre citer l’efficacité des systèmes RECCO (localisation géographique) et ALPRIDE (airbag) qui sont intégrés à nos sacs les plus techniques et fonctionnels, et qui élèvent réellement le niveau de sécurité des sportifs.
Vos produits sont régulièrement lauréats des ISPO Awards entre autres. Cela a encore été le cas lors de la dernière édition avec votre Elevation Airloft Hoodie et sa doublure Polartec® Power Fill ™. Au-delà d’une vraie reconnaissance de vos pairs, est-ce aussi un argument de vente réel sur le marché ?
L’idéal serait que ce soit effectivement un argument de vente !
L’innovation réelle doit être profitable et durable. Nous avons eu la chance de connaître un vrai succès avec Power Fill ™, cela a boosté les ventes et le produit est un des best-sellers de Millet.
Quelles tendances de fond pourraient selon vous marquer profondément votre secteur d’activité durant les prochaines années ?
La raréfaction et la valeur ajoutée seront essentielles demain. Notre défi sera d’apporter un produit plus rare, plus exclusif, vecteur d’émotions, certainement plus personnel. La communauté de consommateurs est, et restera dans les années à venir, le bien le plus précieux d’une marque.
C’est la saison, quelle est votre tenue idéale pour aller skier ?
Pour le top, obligatoirement un sous-vêtement thermique avec transfert d’humidité rapide, puis une deuxième couche stretch afin d’apporter un peu plus de chaleur. En fonction des conditions climatiques, je rajoute soit un duvet s’il fait très froid, soit une polaire, une couche synthétique de type Power Fill ™. Et je termine systématiquement par une protection tricouche. Et pour le bas du corps, au moins deux couches en jouant sur l’épaisseur du collant sous le pantalon, avec soit une maille fine hydride laine/polyester, soit un stretch beaucoup plus épais.
Soit une tenue ultra polyvalente pour skier confortablement !
Propos recueillis par N. Righi – Janvier 2019
Photos: Millet Moutain Group – Tous droits réservés