« I Love Linen » ! C’est avec cette belle déclaration que la Confédération européenne du Lin et du Chanvre (CELC) a lancé sa toute dernière campagne de communication digitale. Car elle l’affirme, cette fibre de lin européenne a tout pour être aimée : elle est écologique, performante, innovante, produite localement, bref la fibre idéale pour jouer un rôle central d’une prise de conscience aujourd’hui partagée par le plus grand nombre. Alors entre mode éco-responsable et matériaux composites de plus en plus durables, un seul objectif pour la CELC : remettre le lin au cœur de la filière textile habillement.
Née en 1951 en réponse à l’arrivée des fibres synthétiques sur le marché, et de la volonté de fédérer toutes les forces de la filière, elle est ainsi devenue la seule organisation européenne agro-industrielle représentant tous les stades de production et de transformation du lin et du chanvre, tous les maillons de la chaîne de valeur à travers plus de 10 000 entreprises. Une représentativité unique qui en fait l’autorité fédératrice mondiale, avec une force européenne marquée puisque 80% de la production est effectuée le long d’une bande côtière de Rouen à Amsterdam, de la France aux Pays-Bas en passant par la Belgique.
Entre évolution des marchés, structuration de la filière, projets d’innovation, et volonté forte des pouvoirs publics d’accompagner les cultures locales, les surfaces de lin cultivées ont augmenté de +132% en dix ans ; une performance exceptionnelle en matière de production de fibres naturelles. Julie Pariset, Directrice du Pôle Technique et Innovation, revient pour nous sur le rôle central de la CELC et de son impact sur la filière, mais aussi sur les leviers de développement comme la durabilité et l’innovation qui permettent de transformer peu à peu la fibre de lin brute en matière remarquable, différenciante, et « agro-créative ».
Pouvez-vous nous rappeler, en quelques mots, le rôle de la CELC au sein de la filière textile habillement, notamment auprès des entreprises?
Depuis très longtemps, les deux grands axes de travail de la CELC sont le développement durable et l’innovation, articulés autour de trois grandes missions qui sont Informer, Défendre et Promouvoir. L’objectif est vraiment d’insuffler le réflexe lin auprès des marques et des consommateurs, et de positionner le lin européen comme La fibre à la fois performante et écologique sur l’ensemble de ses marchés. Rappelons que lin ne représente en volume que 0,4% du marché mondial des fibres textiles. La filière s’est donc fixé l’objectif commun d’atteindre une part de marché de 1% à long terme.
Il est courant ces dernières années d’entendre parler du lin comme du « nouveau coton » comme cela a également pu être le cas, dans le domaine des composites, avec le lin comme « nouvelle fibre de verre »?
La filière est engagée dans une stratégie de croissance par l’innovation et non la substitution. Nous ne sommes absolument pas sur une même échelle de comparaison en termes de volumes disponibles, de techniques de production, de coûts de main d’œuvre. Il est important de ne pas chercher à comparer pour remplacer une matière par une autre, mais bien de trouver les marchés à valeur ajoutée pour valoriser les propriétés différenciantes, ce que nous appelons les propriétés remarquables.
Depuis plus d’un an, la CELC se structure et se renforce. Si elle était plutôt connue pour sa mission de promotion collective du lin, elle souhaite accentuer son effort auprès des entreprises et s’orienter vers une proposition de services renforcée. Des recrutements ont d’ailleurs été lancés en ce sens. Quatre pôles ont été créés, interconnectés entre-eux: le pôle Communication et Image, dédié au marketing mix et la valorisation de l’image du lin ; le pôle Economie, chargé de la veille, du recueil et de la consolidation des données sur un marché globalisé à travers le monde ; un pôle Relation adhérents, dédié à la dynamique de filière ; et enfin le Pôle Technique et Innovation que je dirige.
Ce dernier Pôle réunit sous une même bannière les fonctionnalités suivantes : le pilotage et la coordination de projets à tous les stades de culture, transformation et de production du lin jusqu’à l’innovation mode et/ou textiles techniques jusqu’à la valorisation de la biomasse comme les anas de lin. Il s’inscrit par ailleurs complètement dans une perspective de développement durable, de traçabilité et certification, et de performance RSE.
Est-ce que l’innovation reste soutenue dans le domaine des applications techniques du lin, de type transport ou articles de sport ?
En effet, au-delà des performances environnementales prisées par le marché, notre rôle est de travailler sur les propriétés remarquables du lin qui sont recherchées par les industriels, comme pour les renforts de composites par exemple. Le lin va intéresser tous les secteurs industriels dès l’instant où le critère de légèreté devient important. Pour l’automobile, réduire le poids des matériaux utilisés permet de réduire les émissions de CO2 des véhicules. Mais d’autres propriétés sont intéressantes pour les sports & loisirs par exemple, comme la capacité du lin à absorber les vibrations, ce qui explique que l’on retrouve cette fibre naturelle dans des vélos, des skis, ou encore des planches de surf, mais aussi des casques de protection.
Dans le domaine du sport, la courte durée des projets d’innovation est particulièrement intéressante avec des projets d’environ 3 ans en moyenne, qui permettent d’être en prise directe avec le consommateur final. Dans le domaine automobile la durée est souvent un peu plus importante, mais il y a là aussi de magnifiques exemples de valorisation, avec pour ne citer que ceux-ci, les travaux récents du leader technologique Bcomp avec respectivement MacLaren pour le développement du premier siège de Formule 1 intégrant du lin, et Porsche MotorSports pour une carrosserie entièrement renforcée de fibres naturelles. En termes de communication, difficile de rêver mieux pour parler des performances du lin ! Dans le secteur du bâtiment, de nouveaux projets voient également le jour. Par exemple, les nouvelles colonnes Morris de Paris, renouvelées l’année dernière par JCDecaux, présentent un dôme fabriqué en composite de fibres de lin fourni par Terre de Lin et Eco-technilin. Paris est donc la première ville au monde à bénéficier de cette innovation écologique et durable pour son mobilier urbain.
La CELC accompagne ses adhérents dans ce type de projets de recherche appliquée, et les aide à appréhender la fibre de lin comme une fibre durable, performante mais aussi pérenne. Assurer à l’industriel un cadre qui tend à une certaine idée de qualité relativement standardisée de la fibre, notamment en lui donnant accès à des données fiables et comparables, lui permet de travailler en toute confiance, et de pouvoir revendiquer pleinement les propriétés remarquables du lin comme éléments de différenciation, de valeur ajoutée, lorsqu’il communique sur ses produits.
Justement sur les aspects qualité et traçabilité, en termes de certification, que propose la CELC aujourd’hui pour répondre aux besoins accrus du marché ?
La composante certification est importante au sein de la CELC, avec les deux labels MASTERS OF LINEN® et EUROPEAN FLAX ®. Ils répondent en effet à des attentes sociétales fortes. Ces outils permettent une traçabilité européenne et mondiale. EUROPEAN FLAX ® est la garantie de traçabilité d’une fibre de lin de qualité premium cultivée en Europe de l’ouest vers tous ses débouchés et audité par l’organisme indépendant Bureau Veritas. Une traçabilité, qui lorsqu’elle est assurée par des entreprises européennes à chaque maillon de la chaine jusqu’au fil et au tissu, se labellise MASTERS OF LINEN®, marque déposée et Club d’excellence textile. Les demandes de certification connaissent une croissance phénoménale, avec de nombreuses marques qui souhaitent répondre aux attentes des consommateurs en termes de qualité et de traçabilité avec un élément de preuve très concret.
Le lin reste une fibre particulière à produire et à traiter. Quels sont les spécificités de la filière européenne aujourd’hui ?
La culture linière qui s’étend sur la zone côtière de Caen à Amsterdam (FR BE NL) intègre des savoir-faire et techniques uniques transmis de génération en génération. La main de l’homme est au cœur du processus et le duo agriculteur /teilleur en synergie pour suivre pas à pas la culture du lin, de la croissance de la plante à la production de fibre de qualité au teillage. Des savoir-faire non-délocalisables qui font la force de la filière européenne.
Puis, concernant la filature, comme dans le domaine des vins ou du champagne, c’est une histoire d’assemblage ! Pour s’assurer d’avoir en permanence une qualité de fil homogène, il est nécessaire d’aller chercher différents lots issus de différentes parcelles, de différentes régions, de différentes années. Un savoir-faire unique et précieux. Les techniques de filature varient selon le fil à produire. La filature au mouillé permet de réaliser des fils fins, la filature au sec des fils plus rustiques et épais.
Ces derniers mois de nombreux projets de réindustrialisation autour du lin ont été mis en lumière en France, avec les annonces des filatures Safilin, Emanuel Lang ou encore Natup, quels en sont les enjeux et répondent-ils à une demande croissante des marques pour le 100% Made in France ?
Nous saluons ces initiatives qui répondent effectivement aux attentes des marques et des consommateurs. 5 initiatives sont actuellement en cours de structuration, en France et même en Europe avec des unités au Portugal. Intégrer les spécificités de la production et de la transformation du lin est un enjeu. S’assurer de s’entourer de collaborateurs bien formés, parfois de réintégrer des savoir-faire précédemment délocalisés, est indispensable et une des composantes dans la réussite des projets.
Ces démarches vont permettre d’assurer une complémentarité des marchés et des usages, le lin se positionne dans la mode à tous les niveaux de gamme et ce sur un marché européen et mondiale. Le lin offre également la possibilité d’aller chercher les valeurs ajoutées, en termes de savoir-faire, de créativité sur différentes zones géographiques. Lorsque nous travaillons avec des marques, nous revenons aux fondamentaux, décortiquons leurs besoins « techniques », les caractéristiques et performances recherchés, pour les orienter vers les fournisseurs et adhérents de la CELC, filateurs, tisseurs, tricoteurs européens.
Des ambassadeurs comme les marques de luxe mas aussi des emblèmes nationaux comme le Slip Français ont mis en œuvre des stratégies pour réintégrer le lin. Pour des industriels ou des marques qui souhaiteraient franchir le pas, vous mettez également à disposition des outils pratiques pour les guider. Pourriez-vous nous en dire quelques mots, notamment sur votre toute récente plateforme numérique ?
Cette plate-forme baptisée Linen Dream Lab et disponible en opensource a trois objectifs. Le premier est de permettre de s’inspirer, de donner la possibilité aux créateurs de mode et aux designers d’avoir un libre accès aux dernières tendances mode et trouver l’inspiration. Le deuxième est bien entendu de pouvoir sourcer, identifier et trouver facilement les matières nécessaires à l’élaboration d’une collection, d’un produit textile. Et enfin d’informer sur la filière européenne du Lin, donner accès aux différentes études de performance et qualité ainsi qu’à toutes les informations concernant les certifications de traçabilité, afin de permettre d’avoir tous les éléments en main pour construire des « storytellings » en s’appuyant sur l’ADN du lin européen.
Construit pour pallier l’annulation des salons physiques en période de pandémie, ce premier outil digital d’envergure complète efficacement nos showrooms de Paris et Milan, que nous maintenons car il est important de pouvoir toucher la matière. Nous conservons aussi notre Linen Innovation Book, un cahier de tendances et de sourcing physique édité 2 fois par an par la CELC. Si la plateforme est plutôt axée sur la mode à l’heure actuelle, la prochaine étape portera sans doute sur une offre pour la décoration, et je l’espère à terme sur les textiles à usages techniques, des éléments qui complèteront ainsi respectivement nos présences sur les salons Première Vision, Milano Unica, et JEC Composites. Ce kit d’outils devrait encore se renforcer à terme.
Nous avons de très bons retours sur cette plateforme, directement du côté des marques mais également via les modules de formation que nous proposons à la demande, en particulier pour les chefs de produits, responsables RSE, forces de ventes, mais aussi auprès des écoles, des formations durant lesquelles nous utilisons maintenant la plateforme. Pour exemple, nous avons accompagné Le Slip Français juste avant le tout récent lancement de sa première ligne de sous-vêtements en lin . Et nous collaborons aussi avec les équipes retail/merchandising d’Uniqlo ! Ainsi qu’avec de nombreuses autres marques dans le cadre de notre campagne « J’Aime Le Lin » nous accompagnons les marques dans leur promotion des ventes de produits finis en lin, mode ou art de vivre.
L’évolution de la prise en compte de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) fait-elle également évoluer les missions, ou accélérer certains projets, de la CELC ?
Les éléments relatifs à la certification et la traçabilité enrichissent effectivement au quotidien nos données RSE, nos actions, et confirment notre rôle fédérateur. La CELC vient par exemple d’intégrer le PEF européen (European Environnemental Footprint), en tant que membre votant de la catégorie « textile habillement chaussures » . Il vise la construction d’une méthodologie harmonisée pour évaluer l’empreinte environnementale des produits, et en faire la référence en matière d’analyse du cycle de vie (ACV) d’ici fin 2022. Nous avons une ACV en cours sur la fibre de lin teillé certifiée EUROPEAN FLAX ® selon les critères PEF, dont les résultats sont en cours d’élaboration.
Nous avons surtout la responsabilité de garantir la fiabilité des données notamment agricoles, et cette nouvelle étape effectuée en collaboration avec des partenaires comme Arvalis et Inagro par exemple, nous permettra de nourrir les bases de données et de permettre aux marques de calculer l’impact environnemental de leurs produits. L’idée reste toujours de créer le contexte le plus favorable possible à la création d’opportunités, à la satisfaction des industriels, des marques et des consommateurs.
En décembre 2019 est également sortie, après plus de 7 ans de travaux, la nouvelle norme ISO 20706 intitulée « Textiles – Analyses qualitative et quantitative de certaines fibres libériennes (lin, chanvre, ramie) et de leurs mélanges », élaborée avec notre Observatoire des Fibres Libériennes by CELC, en collaboration notamment avec l’IFTH -entre autres instituts européens. Cette norme est un véritable outil de garantie de conformité des étiquetages, et un outil de contrôle de la composition du lin dans les collections.
La CELC joue finalement vraiment un rôle de plateforme collaborative entre les experts, les instituts de recherche, les industriels, les marques…l’apport collectif est ainsi démultiplié, et permet un effet de levier conséquent sur des projets qui n’aurait pu voir le jour et être menés individuellement.
La fameuse image du « lin froissé » est encore ancrée dans l’imaginaire collectif même si cela change depuis dernières années ; au-delà des intérêts environnementaux du lin, ou « du made in local », quelles sont les principales innovations technologiques qui font évoluer les mentalités ?
En ouvrant le champ des possibles d’un lin traditionnellement tissé, la maille de lin a apporté une réponse à la froissabilité des produits, en permettant de la réduire, mais a également ouvert la possibilité de porter du lin en toutes saisons. Le lin lavé est quant à lui un tissu qui a été obtenu soit par process mécanique ou lavage avec des adoucissants ou enzymes dans le but d’obtenir une étoffe douce et souple. Il a clairement permis de jouer la carte d’une plus grande créativité, offrant une palette de couleur très variés, notamment dans le linge de lit.
Les nouveaux apprêts, voir simplement les mélanges de fibres, par exemple avec la laine, le cachemire, l’alpaga, permettent quant à eux d’obtenir une complémentarité des performances avec le lin, pour de nouveaux usages, qui peut être très intéressante dans le secteur du sport, comme dans la mode, ou dans l’ameublement outdoor. Il est vraiment possible de casser les codes grâce au lin, c’est pour cela que nous la présentons aussi comme une fibre « agro-créative » dans notre Manifeste du lin !
Comment le monde du luxe s’approprie-t-il ce « nouveau lin » ?
Au-delà des critères RSE, la réputation du lin est devenue tendance ! Si Hermès utilise le lin depuis très longtemps, des maisons plus jeunes comme Jacquemus racontent une histoire, en l’occurrence familiale, qui les rattachent au lin, cette matière porte en elle une promesse. Selon une récente enquête que nous avons commandité auprès du moteur de recherche spécialisé Tagwalk durant les défilés printemps-été 2021, ce lin qui représente moins de 1% des fibres textiles mondiales s’est hissé au quatrième rang des matériaux les plus utilisés.
La proportion de designers ayant utilisé la matière lin dans leur collection a présenté une progression de +49% sur un an, et + 102% de silhouettes féminines en l
in ont été présentées sur les podiums par rapport à la saison 2020, avec dans près d’un tiers des cas (28%), une grande maison de luxe qui présentait un look en lin, comme Fendi, Dior, Vuitton, Maison Margiela ou encore Stella McCartney. Valeurs écologiques, innovation, autant d’atouts qui ont permis aux plus grandes maisons de repousser les limites de la créativité et du storytelling autour de cette fibre.
Et le chanvre dans tout ça ! Plusieurs marques misent en partie sur cette fibre pour améliorer la durabilité de leurs produits, comme les sneakers ou le denim par exemple, pourriez-vous nous dire quelques mots sur la filière chanvre, qui semblerait se structurer en France ?
Dans ce domaine, le rôle de la CELC est tournée sur la valorisation des applications techniques, essentiellement composites, de cette fibre libérienne. Et si l’on parle de plus en plus de chanvre textile, de fibres longues, à destination des marchés de la mode, de l’habillement, il est nécessaire de se méfier de l’ « effet de loupe » ! La filière chanvre est en effet en cours de structuration avec des projets de R&D et les valorisations actuelles se portent sur les secteurs de la papeterie, du bâtiment, plasturgie, alimentaire. Les process de production et transformation sont à réviser pour produire une fibre longue de chanvre, du planning de culture, de récolte à l’installation de machines de transformation car il existe de vraies différences de process mécaniques entre fibres courtes et fibres longues. Il n’existe à l’heure actuelle pas de chaîne d’approvisionnement européenne 100% fibres longues de chanvre. Le produit souvent utilisé aujourd’hui est un chanvre cotonnisé, c’est-à-dire un chanvre défibré lié à une fibre de coton. La traçabilité et l’étiquetage sont essentiels pour un consommateur qui peut penser que son produit estampillé made in France intègre du chanvre français, alors qu’une fibre longue 100% chanvre vient quasi exclusivement aujourd’hui d’Asie.
Est-ce qu’il y a une technologie qui vous surprend plus particulièrement ces derniers temps ?
J’aime suivre les récents travaux sur la fabrication additive, ou impression 3D, à fibre continue et intégrant un fil de lin comme renfort, qui permet d’exploiter encore plus efficacement les performances remarquables de la matière. Autre projet assez incroyable, celui de l’Agence spatiale européenne (ESA) qui s’intéresse elle aussi au lin, avec un focus sur à la biodégradabilité des particules qui se désagrègent dans l’atmosphère, mené en collaboration avec Bcomp pour étudier le potentiel du lin et de ses performances mécaniques dans cet univers-là. Une belle preuve que les frontières du lin ne demandent qu’à être repoussées !
-Propos recueillis par N. Righi – Mai 2021-
Photo Julie Pariset©: V. Lappartient