Son objectif est clairement affiché : digitaliser les différents acteurs de la chaîne de production (marques, ateliers, fournisseurs) pour faire de la production à la demande, le nouveau standard de production textile de demain en Europe.
Co-fondée en 2017 par Pierre de Chanville et Donatien Mourmant, aujourd’hui start-up emblématique de la « fashiontech », TEKYN a su séduire plusieurs marques historiques comme Petit Bateau, IKKS, ou encore La Redoute, mais aussi de plus récentes comme 1083 pour ne citer qu’elles, toutes désireuses de répondre aux besoins de consommateurs de plus en plus en demandeurs de produits plus responsables, et si possible, fabriqués en France.
Les deux fondateurs souhaitaient initialement proposer une solution pour limiter l’impact écologique de l’industrie de la mode sur notre planète, amplifié par le gigantesque gaspillage vestimentaire généré par la surproduction et la surconsommation ces dernières décennies. Le modèle imaginé chez TEKYN permet de fractionner la production, de réduire drastiquement les stocks et d’adapter la quantité à la vente pour limiter le gaspillage. TEKYN développe depuis sa création, en temps réel et aux côtés des marques et ateliers partenaires, les technologies qui permettront de produire facilement les collections à la demande, et de ne fabriquer que ce qui est réellement vendu.
A son actif aujourd’hui, une plateforme technologique collaborative, mais aussi un centre d’expertise intégrant des technologies digitales et des lignes automatisées de création de kits. Ces deux outils sont destinés aux marques souhaitant fabriquer en circuit court une quantité de vêtements adaptée chaque semaine en fonction de la demande des consommateurs et des achats réalisés en magasin. Et cela fonctionne : la start-up, forte de 60 salariés aujourd’hui, a réussi à lever près de 9 millions d’euros depuis ses débuts ! Interconnexion, échange, collaboration, innovation technologique, apprentissage, amélioration continue… Pierre de Chanville nous explique ce qui fait l’ADN de TEKYN et ce qui renforce l’adhésion des marques, dans une filière en mutation, à ce nouveau modèle à la fois disruptif, logique et vertueux.
Entreprendre au service du secteur textile-habillement est un pari osé. Le faire en pariant sur la digitalisation aussi. Pourquoi avoir choisi de tenter l’aventure ?
Pour de nombreuses raisons, le secteur textile a subi de nombreuses crises depuis les années 90 et n’a pas eu l’occasion de se renouveler au même niveau que d’autres industries, comme l’automobile par exemple. Heureusement, certains pans de l’industrie textile ont pu subsister, souvent au prix d’efforts colossaux. Ces guerriers des premiers jours sont extrêmement impressionnants et sont des modèles de résilience pour nous. En lançant TEKYN, nous pensions qu’il y avait quelque chose à faire pour relancer la dynamique du secteur, lui permettre de renaître différemment, sous réserve de lui apporter l’efficacité des autres modèles industriels. Nous n’avons jamais douté du fait que les industries délocalisées allaient revenir un jour. C’est exactement le phénomène que nous observons aujourd’hui, avec une réindustrialisation du territoire renforcée par la prise de conscience née de la crise du covid.
Le postulat de base était paradoxalement que nous savions pertinemment que nous ne savions pas grand-chose. C’était pour nous une industrie très complexe, avec de nombreux savoir-faire soit confidentiels, soit délocalisés, soit disséminés. Nous nous sommes alors projetés dans le modèle de production idéal vers lequel fait converger le modèle traditionnel, en suivant cette logique industrielle bien connue aujourd’hui, basée sur les flux tirés ou flux tendus. Cela permet de produire seulement ce dont on a besoin, et plus en masse comme aujourd’hui. L’objectif immédiat de TEKYN a donc été d’accompagner les marques et leur écosystème de production. Nous nous sommes mis en situation auprès de nos clients partenaires, marques et ateliers, pour apprendre à leurs côtés, connaître en détail leurs problématiques du quotidien, mais également leur apporter les capacités nécessaires à l’apprentissage. C’est une industrie sous forte tension et prendre le temps d’acquérir des connaissances dans cette situation-là est souvent compliqué. Nous développons ainsi les technologies permettant d’asseoir notre process, de limiter les tâches répétitives, de structurer l’ensemble de la production, sur la base d’expériences effectuées au plus près du terrain.
Quels sont les retours d’expériences qui vous ont conforté dans vos choix de développement ?
Le premier constat réalisé a été plus qu’encourageant. Produire de manière vertueuse selon notre modèle, en fractionnant la production à un rythme hebdomadaire pour ne produire chaque semaine que ce qui avait été vendu la semaine précédente, faisait en effet régulièrement gagner dix points de marge en comparaison d’une production traditionnelle réalisée dans un écosystème équivalent en France. Sans même parler de relocalisation à cette époque, il existait déjà grâce à cette production raisonnée un gisement de valeur important. Et nous ne sommes qu’au début de l’histoire car il s’agit d’une moyenne, et de nombreux leviers existent pour améliorer ces marges.
Le deuxième grand constat est que, pour produire en flux tiré, il faut imaginer le fonctionnement d’un train. Si la locomotive emmène le train vers l’avant mais que les wagons ne sont pas bien accrochés derrière, cela ne fonctionne pas et le risque de dysfonctionnement est grand. Ce qui peut déverrouiller l’industrie textile-habillement est donc l’interconnexion, le mode collaboratif à remettre au cœur des écosystèmes. Et il n’y a pas de collaboratif qui ne soit efficace sans une bonne digitalisation des process !
Sur la base de ces deux constats, notre mission initiale d’imaginer la production textile de demain grâce aux technologies digitales se traduit par la mise en place de capacités à faire remonter et partager de l’information du plus profond de toutes les structures impliquées dans la production. Cela inclut bien évidemment les ateliers de production et les marques mais aussi toutes les autres entités comme les fournisseurs de matières par exemple. Ceci est possible grâce à des outils digitaux adéquats, qui ne soient pas vécus comme une « dictature de l’extranet » et qui ne nécessitent pas une forte implémentation.
Le bénéfice client est assez rapidement ressenti. En effet, une des premières vertus du travail en mode collaboratif est d’éviter la double saisie. Et quand il devient possible d’éviter complètement la saisie, alors cette nouvelle forme de compétitivité qui fait gagner de l’efficacité et du temps aux responsables d’atelier, aux responsables de ligne de production, leur permet de gagner parfois 20 % de temps disponible en plus !
Qu’est-ce qui fait la spécificité de la transition numérique dans le secteur textile, et comment adaptez-vous votre solution pour y répondre ?
Il n’existe pas de modèle universel de digitalisation d’un acteur du textile car les profils d’entreprises sont beaucoup trop divers. La transition numérique peut concerner un industriel employant plus de cents personnes et ayant déjà mis en place un ERP aujourd’hui obsolète, comme un atelier de vingt collaborateurs ne disposant pas d’outils informatiques et qui fait peut-être du flou féminin de manière saisonnière, ou encore un atelier intermédiaire, spécialiste du jean et qui travaille donc toute l’année avec son propre système de gestion des bons de commande… Il existe donc des niveaux très divers de gestion de datas très hétérogènes. Pour chacun de ces acteurs ayant ses propres contraintes, TEKYN imagine et propose la solution de digitalisation la plus adaptée.
Notre plateforme logicielle fonctionne avec plusieurs interfaces et différents plugins qui permettent de faire remonter toutes les informations disponibles, à chaque étape de la production jusqu’au client final, et ce en agrégeant le maximum d’outils utiles aux entreprises y compris ceux non développés par TEKYN. L’objectif de la plateforme est vraiment de centraliser les données dont les collaborateurs ont besoin au quotidien. Nous travaillons dans une démarche d’amélioration continue.
A l’heure de la prise de conscience écologique, ce modèle de production raisonnée plus vertueux peut apparaître comme une évidence. Pourquoi cela n’a-t-il finalement pas pu être pensé avant selon vous ?
Il y a malheureusement de bonnes raisons à cela. A l’époque où il aurait été nécessaire de se pencher sur la question de la production raisonnée, l’industrie textile était déjà partie en Asie. Et si l’on peut parfois remettre en question le bien-fondé de la délocalisation des marques, paradoxalement c’est peut-être aussi cette stratégie qui les a sauvées pour nombre d’entre elles. Les entreprises ayant résisté à cette vague disposaient finalement de savoir-faire que l’on pourrait qualifier de niche, avec une très grande valeur, et qu’elles ont farouchement protégé dans un contexte de concurrence mondiale accrue empêchant toute collaboration entre acteurs.
Le monde dans lequel nous évoluons aujourd’hui est très différent. Nous sommes en capacité de recréer des filières de production textile car, entre-temps, nous avons pu bénéficier de l’exemple de toutes les autres industries. Chez TEKYN, nous estimons n’avoir rien inventé. Dans les années 70, les marques de vêtements faisaient déjà fabriquer leurs collections à quelques kilomètres de chez elles, sur le territoire national. Nous récupérons simplement tout le savoir qui existait sur le territoire à un moment, pour l’intégrer aujourd’hui dans un outil digital qui n’existait pas à l’époque. Et nous y travaillons pour produire de manière plus rapide, plus ergonomique, plus agile dans un monde où les normes ont beaucoup changé, puisque nous passons de cette habitude que nous avons prise de ne pas connaître les conditions et lieux de production de nos vêtements, à un impératif de transparence et de traçabilité considéré comme allant de soi. Tout ceci n’est jamais qu’un cycle. La transformation numérique permet de gagner en souplesse, en réactivité et de produire les produits de niche ou des petites séries avec la plus grande compétitivité nécessaire à nos marchés.
Un autre facteur de changement important apparu durant ces trente dernières années est l’origine et la nature des matières, avec des paris réalisés sur les matières synthétiques par exemple plutôt que d’autres, et ce sans forcément les pérenniser dans le temps. Plus récemment les bases d’une filière de recyclage des matières ont également été mises en place, à des stades divers d’avancement selon la nature des matériaux et la nature des mélanges. N’oublions pas que si nous ne cultivons pas de coton en France, un gisement phénoménal de coton à recycler existe dans nos placards.
Changer de paradigme, échanger avec les autres acteurs, intégrer de nouveaux modèles numériques…tout ceci demande un temps d’adaptation, et donc un nécessaire accompagnement au changement. Est-ce difficile pour les équipes que vous suivez, entre jeunes générations très connectées et opérateurs de confection expérimentés par exemple ?
Une des bonnes nouvelles de l’évolution démographique est que les nouvelles générations ont percé de partout dans nos usines ! Nous constatons par exemple moins d’obstacles liés à des questions générationnelles que ceux liés aux contraintes immédiates du marché. Un élément essentiel est l’arrivée dans le secteur de nombreux hommes et femmes entrepreneur(e)s dont le textile n’était pas forcément le métier initial, certain(e )s qui étaient même promis à des avenirs dorés dans d’autres secteurs plus porteurs comme l’informatique par exemple, et qui se lancent dans l’aventure avec beaucoup de méthode et de conviction. Pour ces profils-là, la question de la digitalisation ne se pose pas, et ils / elles sont même surpris(es) de voir de quelle façon sont traditionnellement organisées les lignes sans digital. Ils/elles ne créent pas de marques ou d’ateliers isolés mais imaginent et construisent directement les chaînes de production intégrées. Nous partageons cette vision d’une industrie en réseau, avec plusieurs ateliers travaillant ensemble, et nous leur proposons les solutions les plus adaptées à leurs besoins.
Avec la marque de jeans français 1083 par exemple, au-delà des valeurs que nous partageons, nous avons la même vision profondément industrielle. Car plusieurs visions cohabitent sur le marché textile : celle des marques de mode qui ont historiquement choisi de se défaire des stratégies industrielles pour n’implanter que des bureaux de contrôle qualité délocalisés dans les pays producteurs, un modèle en décroissance ; celle des nouvelles marques appelées DNVB, qui doivent avoir une vision industrielle pour gérer leurs stocks de produits ; celle des ateliers traditionnels ayant dû adopter une vision plus survivaliste de leur activité afin de surmonter les crises successives, créant des organisations très résilientes face aux changements; et enfin celle des nouveaux ateliers de production avec cette vision très industrielle, très organisée, et surtout systématiquement très collaborative.
Comment avez-vous imaginé le fonctionnement de votre plateforme et le business model associé ?
Nous vendons une solution collaborative disponible sous la forme d’une plateforme web et d’une application mobile. C’est un système accessible en ligne, via son smartphone comme son ordinateur, sur lequel il est possible de connecter certaines machines et ouvert à tous les acteurs de la chaîne de fabrication, marques, ateliers, logisticiens, fabricants de matières, etc. Tous ces acteurs disposent d’une interface dédiée à leur activité sur cette plate-forme, avec évidemment des notions de PLM ou d’ERP par exemple. L’objectif est de les faire collaborer autour de chacune des productions qui va y être créée et lancée. C’est un moyen de mettre à disposition des acteurs qui n’ont pas du tout, ou pas assez, de moyens nécessaires à la gestion de leur production, ces moyens étant déjà interconnectés entre eux. Une ligne de coupe automatisée dans un atelier et connectée peut ainsi informer le fournisseur de matière d’une prochaine rupture de stock.
Cela fait seulement quelques semaines que nous publions directement chez nos clients notre plateforme logicielle. Elle était utilisée en interne chez TEKYN jusqu‘à présent pour éprouver tous les process, les besoins, et s’assurer d’apporter au plus grand nombre les meilleurs outils possibles actualisés à date. Et cela même si 80% des entreprises du textile sont des ateliers de moins de vingt personnes ! Car jusqu’à aujourd’hui, ces entités-là n’avaient pas les moyens de se digitaliser car les solutions sont trop chères, trop lourdes à acquérir ou à maintenir . Et finalement, ce n’était pas si grave. Chez TEKYN nous estimons que ceci est une hérésie, puisque c’est le meilleur moyen de ne jamais créer de collaborations
Notre business model est basé sur une tarification raisonnable, ou raisonnée, qui permet à chacun de trouver une solution. Dans notre écosystème, la marque de mode est généralement l’entité qui à la fois présente le potentiel d’investissement le plus important, avec une plus grande capacité financière, et qui coordonne l’ensemble de son écosystème. C’est donc très naturellement que la marque prescriptrice peut montrer la voie. Elle est aussi l’entité qui réceptionne le résultat de la totalité des informations transitant sur la plateforme. Elle maîtrise ainsi ses flux en ayant immédiatement connaissance d’alertes, issues du contrôle qualité par exemple.
La marque achète donc la licence pour accéder à la plateforme, et va proposer à ses ateliers partenaires de l’utiliser pour fabriquer ses collections, dans un premier temps comme un extranet et donc de façon gracieuse. Dans un deuxième temps, comme les ateliers trouvent grâce à l’outil numérique les modules ERP adaptés, la gestion de des bons de livraisons, ou encore des capacités sur des lignes de coupe directement connectées chez TEKYN, ils décident alors de l’utiliser pour leurs autres productions avec d’autres partenaires. C’est uniquement lors de cette étape qu’ils commenceront à contribuer financièrement pour une utilisation sous licence. Nous considérons que le prix principalement payé par un partenaire acteur d’une supply chain est le temps passé à réaliser une activité. Si la plateforme lui fait gagner du temps, alors cela devient normal qu’il commence à la rétribuer financièrement. C’est une force d’avoir nous-même été au plus près de la production et d’avoir développé la solution aux côtés de nos partenaires pour comprendre ce sur quoi les acteurs étaient réellement en capacité d’investir.
Si le cœur de métier de TEKYN est le développement de solutions digitales, pourquoi avoir investi dans une plateforme physique de kitting ?
Dans le secteur textile, la gestion du stock de matières est une clé essentielle au démarrage du process de fabrication, et l’opération de découpe de la matière est, pour ainsi dire, la « clé de cette clé « ! C’est par ailleurs très souvent un des plus gros investissements nécessaires aux ateliers, avec l’achat et le montage d’une ligne de coupe.
Lorsque nous avons lancé notre plateforme de kitting sur Paris, l’objectif était de soulager les ateliers partenaires des marques avec lesquelles nous étions passé sur un mode de production à la demande car ce projet demande une très grande réorganisation des lignes de fabrication. La première brique sur laquelle nous agissons est donc cette étape de kitting. La deuxième brique proposée est le suivi de toutes les opérations logistiques réalisées via notre plateforme. Tout cela est fait dans cette logique d’accompagnement, de fourniture d’un système SaaS qui a vocation à être le modèle de développement du futur tout en restant au contact de ses marques partenaires, et les aider à généraliser cette proposition de mode à la demande. D’autres étapes sont déjà supportées par la plateforme mais ne sont pas mises en place opérationnellement comme ce kitting center parisien, et nécessitent encore du travail dans les semaines et mois à venir.
Grâce à l’ensemble de nos outils physiques et digitaux, nous pouvons guider les collaborateurs et les former tout au long du process, comme par exemple lors du renouvellement des commandes des matières ou de l’optimisation de l’ordonnancement de production lorsqu’on a des lots extrêmement variés. La logique est complètement repensée lors du passage à cette production raisonnée. Nous avons donc beaucoup travaillé sur l’ergonomie de la plateforme et l’expérience utilisateur. La version 2022 est très différente de la solution imaginée par TEKYN au départ !
La promulgation récente de la Loi AGEC et son impact sur la gestion des stocks d’invendus textiles a-t-elle déjà eu des répercussions visibles sur la demande pour vos solutions de production raisonnée ?
Les valeurs portées par la Loi AGEC nous animent en interne depuis le début de l’aventure TEKYN, mais il est difficile de tout faire en même temps. Nous comprenons les craintes de cette industrie sur le sujet. A une époque, il était impossible d’imaginer devoir gérer des invendus, rien n’existait pour cela, mais aujourd’hui les outils existent pour anticiper et les limiter. Franchir le pas entre « vouloir faire » et « faire concrètement » reste le plus difficile, d’autant plus dans un secteur dont de nombreux prescripteurs comme des marques de mode ont martelé, durant ces trente dernières années, que la production n’était plus leur sujet et que la valeur ajoutée se situait dans la création et le marketing. Le travail à réaliser par ces marques aujourd’hui est extrêmement compliqué, voire un peu douloureux et parfois même un peu schizophrène ! Mais elles sont pour beaucoup très volontaires, et nous comptons bien les accompagner dans cette mutation avec des outils accessibles leur permettant de franchir pas après pas les barrières, et ainsi recréer une belle relation avec leurs ateliers de production locaux.
Le secteur textile habillement s’exprime régulièrement sur les grandes difficultés à recruter, est-ce le cas également pour TEKYN ?
Heureusement pour TEKYN, tout va plutôt bien dans ce domaine même si recruter dans le domaine de la tech est loin d’être simple car nous faisons aujourd’hui face une grande pénurie de profils. Cependant, TEKYN présente deux points forts et différenciants pour attirer et fidéliser les collaborateurs. D’une part, son engagement pour une production plus responsable et un développement plus durable est très clair. Il est de plus assez simple de comprendre l’impact positif de l’activité en estimant les tonnes de CO2 que nous ne rejetons plus dans l’atmosphère en évitant la fabrication de tonnes de vêtements que personne ne porte. D’autre part, nous proposons à nos collaborateurs d’évoluer dans un environnement très concret, avec cette vision industrielle ancrée dans notre ADN, et non pas seulement de créer des lignes de codes pour un monde virtuel. Ils travaillent pour des machines et des lignes de production connectées aux ordinateurs, et plus largement œuvrent pour la création d’emplois et une réindustrialisation des activités sur notre territoire. Cela n’a pas de prix à l’heure de la quête de sens.
L’ambition de TEKYN est donc confirmée, voire renforcée, après ces premières années de développement ?
Nous sommes allés échanger avec des industriels qui pouvaient nous voir initialement comme des concurrents pour leur montrer que le marché de la mode était sous forte tension, et qu’il fallait absolument faire bouger le curseur, établir des bonnes pratiques, et travailler de nouveau de manière collaborative et coopérative en s’appuyant sur la technologie digitale. Il nous semble tout à fait possible de faire de l’Europe un nouveau pôle de production, après avoir vu augmenter la part de l’Asie du Sud-Est et de l’Afrique du Nord dans le commerce mondial. La France et l’Italie sont des pays à la pointe de l’innovation et des savoir-faire dans notre secteur, et représentent des bases fortes pour ce nouveau pôle.
Profitons dès maintenant de l’envie d’entreprendre des personnes passionnées, et de cette énergie phénoménale pour construire cette nouvelle infrastructure avant les autres. C’est une opportunité unique pour tout l’écosystème textile !
Propos recueillis par N. Righi – Mai 2022
Visuels © Tekyn