Casquette vissée sur la tête, regard candide accentué par ses lunettes de premier de la classe, à première vue, Loïc Prigent, 44 ans, a l’air fort sympathique. Lorsque l’on connaît son travail, on se dit en revanche qu’il est sûrement bien plus agréable quand il ne vous a pas en ligne de mire. Et quand on s’y penche de plus près, on comprend que ce génial Breton n’est autre qu’un grand enfant surdoué avec une sincère envie de s’amuser.
Le talent au berceau
Pour beaucoup, Loïc Prigent est un simple Monsieur Mode cathodique. Au même titre que Mademoiselle Agnès, avec qui il a commencé sur Canal + dans les années 1990. En réalité, il est bien au-dessus de la superficialité de ce monde dont il rit volontiers. Issu d’une famille d’agriculteurs, il se passionne tout jeune pour la mode, et plus encore pour le journalisme. Curieux de tout, il fait des kilomètres pour assouvir sa soif de savoirs à grands renforts de magazines.
A peine ado, avec son accolyte, Gildas Loaëc, créateur de la maison Kitsuné, il confectionne déjà ses propres fanzines. Il est si doué qu’il met au point quelques années plus tard le magazine Têtu, initialement pensé pour traiter de la musique éléctro, racheté par Pierre Bergé et devenu véritable référence gay. C’est avec un badge d’accréditation estampillé Libération que Loïc Prigent assiste à son premier défilé de mode. Contre toute attente, il en livre non pas un compte-rendu, mais une vision décalée des coulisses de la mode.
Avec Loïc Prigent, la mode autrement
Le garçon est brillant, il a le verbe fin, piquant, il s’amuse mais ne se moque qu’avec respect et tendresse. Pas étonnant donc qu’il ait fait mouche et séduit tant de monde. Hier encore il était l’invité de Quotidien sur TMC pour la promo de son nouveau programme 52 minutes de mode. L’occasion pour Karl Lagerfeld et Olivier Roustaing d’avouer leur affection pour l’impertinent à lunettes. Il faut dire que Loïc Prigent a su se faire un nom. D’abord dans la presse écrite, comme Libération, bien entendu, mais aussi L’Express, Vogue Paris ou le prestigieux Vanity Fair.
A la télévision, il ne brille pas moins. Non pas qu’il aime attirer l’attention, il est d’un naturel assez discret, mais ses remarques et questions que l’on hésite toujours à considérer comme naïve ou sarcastiques, ne laissent personne de marbre. De rubriques en émissions, le journaliste ne se lasse pas de “l’hystérie” du milieu dont il ne cesse de s’amuser. Il finit par être aussi un incontournable de la Toile. Sur Twitter, il a pris l’habitude de citer les “brèves de défilés” entendues ici et là. Impayable ! Catherine Deneuve elle-même en est si gourmande qu’elle en a fait une lecture sur Arte il y a quelques mois. Succulent. Loïc Prigent en a fait un livre qui résume bien son activité : J’adore la mode, mais c’est tout ce que je déteste.
Avril 2018.