Les beaux jours reviennent et avec eux la possibilité de porter LE maillot de bain. Si les différents magazines de mode ont pour leur part déjà sorti leurs sélections, et que les pré-soldes d’été ont commencé pour quelques marques, la tendance semble être à la recherche du maillot de bain parfait, à la fois éthique, protecteur et fonctionnel.
Comme nous vous le présentions l’été dernier, le maillot de bain est devenu un produit très technique avec des fonctions d’extensibilité, de séchage rapide, anti-UV, de résistance au chlore, voire parfois antibactériennes, mais aussi des caractéristiques durables. Lointaine est l’époque où le maillot de bain consistait en un corset et un pantalon bouffant. Si la mode de plage et de natation a connu de nombreuses révolutions – le short de bain, le bikini, ou encore le burkini par exemple – c’est désormais une révolution des matières et des processus qui se vit actuellement dans le milieu de l’industrie du vêtement balnéaire.
Fondée en 2016, Seaqual 4U est une entreprise qui produit une fibre polyester recréée à partir de déchets plastiques issus des océans. Avec près de 400 bateaux de pêche et 1500 pêcheurs qui collectent les déchets plastiques, ces derniers sont ensuite retraités afin de recréer une fibre, transformée en fil continu et discontinu pouvant répondre à l’ensemble de la filière textile. La fibre obtenue, Seaqual™, offre les mêmes propriétés et qualités qu’une fibre réalisée à partir de fibre de polyester vierge, avec une empreinte écologique moindre.
La fibre a notamment intéressé des tisseurs et tricoteurs internationaux comme l’Italien TMRb Cederna Fodere, ou encore le français Sofileta qui propose deux nouvelles mailles à base de SEAQUAL™: l’une, de 180 gr/m2, vise les maillots de bain, t-shirt et tops. La seconde, de 240 gr/m2, s’adresse aux confectionneurs exigeants qui travaillent la maille compressive, pour les marchés du legging et de l’athleisure en général. Ces nouvelles propositions avec SEAQUAL® intègrent la gamme GREEN’OBLIGE de Sofileta qui comporte trois catégories, les tissus bio sourcés, les biodégradables, et les recyclés. La fibre a également intéressé la marque de maillots de bain pour homme Apnée, aux modèles élégants, fabriqués au Portugal.
Dans une démarche similaire, l’entreprise italienne Aquafil, spécialisée en production de fibres synthétiques, recueillent les déchets plastiques et les revalorisent pour fabriquer de même des textiles de qualité, déchets issus de la repêche mais aussi des résidus de production du fabricant. En résulte un fil 100% recyclé et recyclable nommé Econyl®. La marque britannique Ché de shorts pour homme a fait le choix d’utiliser de l’Econyl® pour ses collections, ainsi que des chutes de tissus, et des restes de moquette transformées en shorts aux accents luxueux avec chemises assorties.
Les dangers du soleil, notamment en période de canicule sont de plus en plus connus, tandis que les cas de cancers de la peau sont en hausse. Les textiles traditionnels, en fibre naturelle, s’ils constituent de bonne protection lorsqu’ils sont secs, laissent passer les UV lorsqu’ils sont mouillés (50 % environ des UV les traversent). Il est donc évident que ces vêtements ne protègent pas la peau, même lorsqu’ils ont des manches longues.
L’anti-UV semble connaître une certaine popularité, notamment dans les gammes pour enfants, avec par exemple la marque Mayoparasol, proposant des produits réalisés dans des tissus polyamide/élasthanne ou polyester, dont les fibres sont tissées extrêmement serrées, sans ajout de traitement anti UV, dont l’efficacité pourrait disparaitre avec le temps , certifiés Oeko-tex Standard 100®.
Ou encore la marque 4BB2, qui a développé un maillot de bain pour enfant résistant aux UV. L’étoffe déperlante et à séchage rapide a été élaborée à partir de microfibres de polyester et incorporant 18% en masse d’élasthanne Lycra® anti-UV. Le polyester est en fait issu de la gamme de produits 37.5™ de la société américaine Cocona, Inc., qui sont des fibres de polyester aux fonctionnalités rafraîchissantes, anti-odeurs, anti-UV et de gestion de l’humidité, incorporant en masse des particules de charbon actif issues du concassage et de la calcination de résidus de noix de coco.
Pour les adultes, et plus précisément pour peaux les plus fragiles, on peut citer la marque Miel Melba fondée suite à un mélanome contractée par l’une de ses deux créatrices que la marque après une étude de marché, la rencontre d’une styliste, le sourcing de tissus confortables, anti-UV, non transpirants, la recherche de façonnier. Deux ans plus tard, X, la marche a développé une gamme à la fois esthétique et à la protection testée (certifié par l’IFTH,) et certifié OEKO-TEX®, résolument mode, s’éloignant des maillots de bain anti-UV classiques aux lignes souvent plus sportives. L’indice de protection est de 50+, la plupart des matières proviennent d’Italie, et sont façonnées au Portugal.
Côté Made in France, on peut citer la marque Luz, l’une des grandes gagnantes des sélections issues de blogs et sites “green” ou “durables” de marques françaises. Se présentant comme une entreprise “eco-friendly”, Luz fabrique des maillots de bain en coton bio certifié GOTS, qu’elle fait fabriquer dans des ateliers éthiques respectueux des principes du commerce équitable. La marque a par ailleurs développé une matière composée à 93% de coton et à 7% d’élasthane et a aussi créée une collection de 3 maillots conçus à partir de nylon issu de filets de pêche recyclés. Les modèles sont féminins, les coupes atypiques.
Citons également la marque Club parfaite, fondée par Caroline Fournier, ancienne styliste dans la fast fashion, proposant une collection de maillots de bain made in France. Le tissu de ses maillots de bain vient d’une usine lyonnaise spécialisée dans les étoffes dédiées au sport, et les maillots de bain ont été fabriqués dans une usine au Mans. Ils vont du XS au XL incluant donc une grande variété de morphologies.
Si d’autres marques ont choisi de déplacer leur production à l’étranger, le recyclage demeure alors au centre des préoccupations. Lancée en 2008, la marque Picture Organic Clothing, spécialisée notamment dans les sports de glisse a orienté son activité vers la réduction de son impact sur l’environnement et affiche une communication très tournée vers la nature et sa protection. La marque détaille par ailleurs toutes les usines avec lesquelles elle travaille (pour la plupart située à hors du territoire français) ainsi que les labels, certifications dont elle bénéficie, ainsi que l’empreinte carbone de chaque vêtement. Ces produits balnéaires (board short, combinaison de surf, etc) intègrent ainsi du polyester recyclé, et même d’autres matières alternatives comme l’EicoPrene , élaboré grâce à un mélange de calcaire et du recyclage de pneus .
Evidemment, Patagonia n’est pas en reste et la marque d’outdoor, pionnière en matière de RSE, propose également des maillots de bain pour homme et femme en matières recyclées : nylon, polyester recyclés et/ou issu du commerce équitable. En termes d’esthétique, les modèles sont plutôt sportifs et réellement destinés à des activités sportives plutôt qu’à une simple séance de bronzage.
Enfin la marque Outerknown et son nouveau Woolaroo a fait le choix quant à elle d’un maillot de bain fabriqué à base de laine mérinos. La marque a donc décidé de travailler la laine, qui était initialement utilisée pour fabriquer les premiers maillots et costumes de bain. La fibre est filée de manière plus compacte avant d’être tissée, la rendant résistante à l’eau et combinant les performances de la laine, qui sèche rapidement, dure longtemps et est par ailleurs biodégradable.
Grâce à toutes ces marques – liste non exhaustive- qui innovent, nul doute que l’été sera technique et durable au bord des piscines et des plages !
-21/06/19-