“Qu’est-ce que tu “marigances” ?” C’est sur ce jeu de mot lancé par son compagnon que Marie-Isabelle Dussart a trouvé le nom de sa marque, Marigance. La jeune femme avait déjà bien entamé son projet. A partir de fins de rouleaux de tissus haute couture elle confectionne (elle-même) d’adorables sacs à main, éthiques, responsables et estampillés made in France. Trois ans plus tard, pari réussi. Les bourses Marigance s’arrachent. Nous avons échangé avec cette jeune entrepreneuse sensible et créative.
La qualité plutôt que la quantité
Très tôt, Marie-Isabelle Dussart se plaît à accumuler les coupons de tissus, même quand elle n’a pas forcément de projet pour eux. “Quand je me suis lancée, je me suis dit qu’il était certainement possible de faire un produit unique dont seul le tissu changerait. Le coût en serait alors limité.” L’idée est brillante mais elle trouve ses limites. “Quand je trouvais des petits coupons et que je réalisais une bourse, elle était rapidement vendue.”
C’est alors naturellement qu’elle troque les coupons pour des fins de rouleaux, essentiellement destinés aux ateliers Chanel et Saint Laurent. Elle ne réserve plus alors les pièces uniques qu’à ses collections capsule. ” Aujourd’hui, ce sont encore des minis-séries. Je réalise une trentaine de pièces par modèle. “ Un système qu’elle ne voudrait changer pour rien au monde. Et pour cause. ” J’ai l’impression que plus on produit, plus on est obligé de renoncer d’une certaine qualité. Même si les coupons sont plus grands, la quantité reste limitée. Je préfère la rupture de stock à un changement de qualité.”
La singularité et la durabilité en ligne de mire
Outre la qualité, c’est aussi la singularité que Marie-Isabelle Dussart affectionne. ” Le choix du tissu fait entièrement partie de l’ADN de la marque. Les clientes savent qu’elles n’auront pas la même que leur voisine. Je suis passionnée avant d’être entrepreneuse. Je ne veux pas devenir le prochain produit à la mode, qu’on achète et qu’on jette la saison d’après. “ Alors, Marigance fait tout pour que ses produits durent le plus longtemps possible. En plus d’une confection soignée, des tissus haut de gamme et des bijouteries en nickel flashées à l’or, la marque assure un service après-vente de qualité, et sans limite de temps.
Le coeur de cible de Marigance est plutôt les femmes de 25 à 40 ans. Mais ce petit sac, à la fois terriblement raffiné avec son noeud de velours et passe partout avec sa forme bourse (choisie notamment pour faire la part belle aux tissus) s’adresse à toutes. Bien qu’avec des prix allant de 135 à 5000 euros pour du sur-mesure, certaines y réfléchissent à deux fois. Mais c’est un choix assumé de la part de Marie-Isabelle Dussart. ” Mes sacs sont comme une jolie paire de chaussures, un objet pour lequel on économise ou que l’on se fait offrir. J’aime que les femmes puissent avoir un petit «bout» de Haute couture sans que nous soyons une marque Haute couture. “
Une communication dans l’air du temps
Et parce qu’elle est passionnée, la jeune femme est aussi engagée. Après déjà quelques collaborations avec des ONG qui oeuvrent en faveur des femmes, la créatrice a d’aires projets. Elle rêve de voir sa marque représentée par des femmes “qui l’ouvrent, des femmes qui parlent, des femmes libres ! ” comme Emma Watson ou Daphnée Burki. L’appel est lancé.
D’ici là, Marigance s’appuie comme de nombreuses marques sur la puissante machine marketing que sont les réseaux sociaux. “ Nous communiquons beaucoup sur Instagram, application que je trouve formidable. Ce n’était pas naturel pour moi au début, aujourd’hui je ne pourrais plus m’en passer ! Les influençeuses nous permettent de nous faire connaître nous et nos produits. Cela dit notre marque marche beaucoup par bouche à oreille. ”
Mai 2018.