L’upcycling, ou « surcyclage » en français, consiste à récupérer des pièces (tissus, meubles, objets du quotidien…) pour les transformer en une nouvelle entité. L’upcycling se différencie du recyclage classique car il s’agit bien là de donner une valeur ajoutée au produit de base, refaire du neuf avec du vieux !
Selon les dernières études avancées, le textile serait la 2ème industrie la plus polluante dans le monde . Produire des vêtements consomme de grandes quantités d’eau, utilise beaucoup de produits chimiques et de pesticides tout en émettant du gaz à effet de serre. Dans un monde où les préoccupations écologiques deviennent, à juste titre, une problématique majeure du secteur textile, l’upcycling est donc une alternative qui permet :
- De réduire significativement les émissions de CO2
- De réduire considérablement la consommation d’eau lié à la création de vêtement
- De réduire les stocks d’invendus qui sont brûlés
- De valorisation de vieux vêtements
- De limiter l’utilisation de produits chimiques ou pesticides
Dans l’univers de la mode, la première apparition publique de ce concept date de l’automne 1989 lors du défilé du créateur belge Margiela. Les mannequins arboraient alors des pièces conçues à partir de sac plastiques Franprix.
Le concept séduit depuis, et il a de quoi ! On le retrouve surtout dans la décoration par exemple – nous avons surement tous déjà vu une palette, des pneus ou encore des barils transformés en sièges d’extérieurs.
Aujourd’hui, Modeintextile vous parle de l’upcycling initié dans la mode, la décoration et les accessoires de tissus, à travers une liste non-exhaustive de marques dédiées.
L’upcycling, le bon élève de l’habillement responsable
Une décennie de fast-fashion a généré des stocks d’invendus gigantesques. Pour ne citer qu’un exemple, chaque année 170 tonnes de vêtements sont jetées à la période de la rentrée scolaire. Depuis quelques années, une nouvelle génération de marques a pris conscience de la nécessité de repenser les modèles économiques du secteur, et de nouvelles marques éco-responsables parient entre autres sur l’upcycling.
- Les Vilains Parisiens : Marque de vêtements pour homme, les Vilains Parisiens met l’accent sur la transparence, la fabrication française mais aussi sur l’upcycling afin de créer des pièces uniques tout en essayant le plus possible de travailler avec des fibres recyclées !
- Gaelle Constantini : Bien ancrée dans le paysage de l’upcycling français depuis 2009, Gaëlle et ses ateliers confectionnent des pièces aux coupes simples et aux lignes épurées à partir de déchet de linge de maison (nappes, draps, housses de couette, rideaux). Toutes les chutes de tissus liés à la production de ces pièces sont ensuite apportées aux bennes de la Fibre du tri pour être triées.
- Les chaussettes orphelines : le concept est né d’un constat simple de la créatrice Marcia di Carvhalo : toutes les paires de chaussettes trouées, abîmées ou orphelines sont jetées alors qu’une autre vie les attend. Avec ses points de collecte partout en France, Chaussettes Orphelines récupère des chaussettes qui sont ensuite triées dans des centres de réinsertions professionnel. Elles sont décousues pour créer des fils utilisés pour la création de vêtements, chaussettes et accessoires confectionnés à l’atelier de la Goutte d’Or à Paris.
- Damoiseaux : être “posé dans son slip”, voici le leitmotiv de Damoiseaux. Nappes, rideaux et autres tissus sont collectés pour fabriqués slip, short de bains, bob, … Et les articles sont personnalisables à l’infini avec la possibilité de choisir le nombre de poches, de couture et même de pouvoir rajouter un slip de maintien sur les shorts de bains.
- Second Sew : nouvelle vie et transmission, voici les valeurs qui animent Second Sew. Les pièces vestimentaires sont adaptées au quotidien des enfants de 0 à 4 ans : elles sont fonctionnelles et adaptées au changement des couches, à l’apprentissage de la marche, jusqu’à s’habiller seul.
- Christian Michel : dans la boutique atypique de Christian Michel à Marseille, les pièces sont fabriquées à partir de sac à patates, de serpillières et de chutes de tissus réorganisées dans un style patchwork pour donner vie à des pièces inédites, originales et colorées 100% écolo et 100% artisanales.
- Sakina M’Sa : après avoir créé les marques d’upcycling « Sakina M’Sa » et « Blue Line », la créatrice à ouvert en 2015 sa boutique Front de Mode de Paris. Ce concept distribue uniquement des marques éthiques et éco-responsable. Avec ces projets, elle espère contaminer positivement les marques et changer le regard des consommateurs et des médias sur la mode pour libérer la parole autour de la « mal-fringue ».
- Les Récupérables : après avoir travaillé dans des ressourcerie, la créatrice des Récupérables Anais Dautais Warmel se rend compte qu’il y a bien trop de matières inexploitées pour en créer de nouvelles. Elle créé alors sa marque Les Récupérables qui travaille avec des linges de maison vintage, stock, fins de rouleaux, matières non-conformes et chutes de production. Avec le temps, la marque a développé des partenariats avec Caroll, TDV Industries et propose aux grandes marques de leur acheter leurs fins de rouleaux.
Infographie: Les Récupérables
- La Vie est Belt: après avoir transformé des pneus de vélo usagés en ceintures de prêt-porter, la jeune société avant-gardiste veut maintenant recycler des vieux draps en caleçons. Le caleçon 2.0 est disponible en pré-commande sur la plate-forme de financement Kiss Kiss Bank Bank.
Les accessoires aussi se transforment
Les accessoires, qu’ils soient faits de cuir ou tissus, ne sont pas épargnés par le gaspillage des invendus et des chutes de matières premières. Ce que la logique industrielle ne prend pas en compte, l’up-cycling le fait !
- Elvis & Kresse : la marque est née en 2005 après avoir fait la rencontre de pompiers Londoniens sur le point de jeter des tuyaux d’incendie à la déchetterie car ils étaient endommagés. C’est alors qu’Elvis & Kresse se sont lancés dans la production de portefeuille, sac, ceintures et accessoires en tout genres issus des tuyaux d’incendie trop abîmés pour réparés. Depuis plus d’une décennie, aucun tuyau d’incendie de London n’a été mis en décharge et plus de 175 tonnes de matériaux ont été récupérées.
- Entre 2 rétros : elle porte bien son nom car il s’agit là d’upcycler des chutes de textile de l’industrie automobile ! Réputé pour être solides, légers et résistants, Entre 2 rétros récupère des fins de rouleaux de ces tissus ou bien des rouleaux entiers endommagés pour en faire des bagages. Des ceintures de sécurité et des chutes de cuir des grandes maisons françaises sont également récupérées pour être upcyclées. La production est 100% française et les autres éléments constitutifs du produit final sont issus d’un circuit de producteurs locaux.
- Bilum : on ne compte plus le nombre de créations textiles éphémères : que ce soit pour des événements ou pour des raisons de non-conformité en fin de vie, bâches publicitaires, gilets de sauvetages, toiles de mongolfières et housses de sièges gagnent un second souffle avec Bilum. Reconnus pour leurs qualités techniques impressionnantes, ces tissus sont transformés pour créer des accessoires et objets de décoration atypique et uniques.
- Blancheporte: la célèbre marque de prêt-à-porter et de linge de maison s’engage dans une démarche d’upcycling , et proposera à partir de mars e 2020 une collection exceptionnelle de produits de bagagerie faits à partir d’invendus.
La décoration redonne vie aux tissus usagés
La décoration ce n’est pas que des meubles en bois, métal ou plastique. Le textile et le tissu sont des éléments primordiales dans la décoration d’une pièce. Entre assises, tapis et rideaux, les possibilités d’upcycling sont bien réelles.
- Madame Lirette : petite entreprise provençale, Madame Lirette crée corbeilles, rideaux, coussins, tapis et nappes en utilisant la technique de la Lirette. Tous les produits sont fabriqués à la main à partir de textile inutilisés et délaissés en vue de leur donner une seconde vie au sein d’un objet déco et tendance.
- 727 Sailsbags : fauteuils, coussins et luminaires sont ici conçus à partir de voiles de bateaux en fin de vie destinées à être jetées. Chaque produit est unique et fourni avec la fiche d’identification qui propose à l’acquéreur une véritable traçabilité de la voile : voilier équipé, océans traversés, courses disputées…
Besoin d’aide? Des services dédiés à l’upcycling existent !
Que l’on soit une entreprise ou un particulier, il n’est pas toujours facile de se tourner vers un mode de production et de consommation plus respectueux de l’environnement; Choisir l’upcycling demande parfois beaucoup d’efforts et de réflexions. Et ces entreprises-là l’ont bien compris en fournissant des services d’accompagnement et de conseil dans cette démarche .
- Tilli : on en a déjà parlé sur Modeintextile, mais on vous en reparle quand même! Tilli propose un service de couturiers à domicile. Ces couturiers peuvent faire de la retouche classique mais aussi de l’upcycling : vous n’avez pas envie de vous séparer d’une pièce malgré le fait que vous ne la portez plus ? Alors faites-la transformer par les « Tillistes ». Tilli accompagne également les professionnels avec la récupération de leurs invendus.
- Trash to Trend : c’est une plate-forme web qui fait la promotion de l’upcycling et de la revalorisation des matériaux dans la filière textile. Son objectif est d’inciter les designers à travailler en même temps avec les fabricants, les marques et les consommateurs. La plate-forme offre des outils d’apprentissage et de coopération, qui favorisent la création d’un marché. Avec Trash to Trend, les designers peuvent ainsi jouer un rôle clé dans la conception d’un vêtement.
- Repris de justesse : ce service web sélectionne pour vous des créateurs et marques qui font de l’upcycling. Une manière efficace et rapide qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur ce qu’on peut faire avec de vieux tissus.
- Rose Michelle : car l’upcycling n’est pas réservé qu’aux professionnels du textile, Rose Michelle propose plusieurs formules de cours pour tous les niveaux de couture mais aussi d’upcycling pour apprendre à déstructurer un vêtement et le transformer.
Alors, pourquoi ne pas vous y mettre vous aussi ? Grâce aux NTIC, vous pouvez retrouver de nombreux tutos et DIY qui vous permettrons de réduire votre empreinte écologique, de faire du bien à votre portefeuille tout en laissant parler votre créativité !
Car comme disait Lavoisier: « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme »
-14 novembre 2019-