Sédentarité, malbouffe, rythmes décalés, stress, dysfonctionnement hormonaux et autres troubles du comportement alimentaire, les causes de l’obésité sont nombreuses. Les chiffres de plus en plus alarmants. En France, c’est plus de 15% de la population qui est concernée, et 30% est en surpoids. En parallèle, malgré les mises en gardes et les aménagements liés à la “loi mannequin”, dans les rayons des magasins, les tailles les plus souvent représentées et mises en valeurs excèdent rarement le 36. A croire que les plus enrobés errent nus dans les rues. Mais que fait la police (de la mode) ? En 2017, où sont les grandes tailles ?
La mode grandes tailles souffre d’un manque d’intérêt
Cela paraît fou et totalement déconnecté de la réalité, mais la mode grande taille a bien du mal à percer. Si de plus en plus de campagnes prônent l’acceptation de soi, la pensée commerciale a l’air unanime : les personnes en surpoids n’y sont que momentanément. Selon plusieurs spécialistes du secteur, il semble ainsi que l’imaginaire collectif ait beaucoup de mal à admettre que surpoids et bien-être puissent aller de paire. La situation ne peut être que transitoire et implique un manque d’intérêt pour la mode.
Les blogueuses grandes tailles changent la donne
Dans les faits, il s’agirait plutôt d’un désintérêt DE la mode. Depuis quelques années en France, mais pas seulement, on constate en effet une sorte de revendication du droit à la mode pour tous. En première ligne, les blogueuses. Les plus rondes ont ainsi profité de l’essor des blogs pour rappeler à qui voulait l’entendre qu’elles aussi étaient douées et passionnées pour la mode. Qu’elles s’appellent Lalaa Misaki, Audrey de Big or not to big ou bien Ashley Graham, elles ont toutes en commun des formes, et surtout, un goût prononcé pour une mode dé complexée.
Seulement 30% de l’offre vestimentaire proposés en grandes tailles
Il y a donc un créneau à prendre. Sur lequel peu s’engagent. Il y a bien des Kiabi ou La Redoute qui font l’effort de proposer quelques modèles destinés aux plus rondes, mais de leur propre aveu, pour 100 produits proposés en taille 38-40, seulement une trentaine s’adressent aux tailles 46 et plus. Et comme le rappellent les stylistes spécialistes des grandes tailles, il ne s’agit pas bien sûr des vêtements les plus sexy de la planète mode. Hormis quelques grands comme H&M, Asos ou Michael Kors qui tentent timidement l’aventure, le marché reste très peu exploité. Malgré des capacités de production démentes sans cesse rappelées par le succès de la Fast Fashion, les grandes enseignes rechignent toujours à s’investir davantage pour de vraies collections Size +.
Les plus petits prennent le relais sur ce marché encore confidentiel
Au final, ce sont les petits qui en profitent. Car les petites enseignes et les start up ont compris la demande particulière de cette clientèle grande taille. Chiffon de Paris, Courbes & Co, Jiuly, ou encore la boutique multimarques Women Curves à Paris, font de leur mieux pour approvisionner leurs étals malgré des fournisseurs mal achalandés. Mais ces petites marques offrent surtout autre chose : une écoute, un conseil, une attention, et par-dessus tout, du plaisir. Car non, définitivement non, ce ne sont pas les kilos qui transforment le shopping en corvée, mais bien le manque d’implication de ceux qui ont les moyens de faire bouger les choses. XXS ou XXL, les fashion addict aiment la mode, un point c’est tout.
Novembre 2017