La Californie est devenue ce mois-ci le premier Etat américain à interdire la vente de fourrure animale. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a promulgué une loi interdisant la vente de tous les nouveaux produits en fourrure.
Le projet de loi (AB44) s’applique aux vêtements, aux sacs à main, aux chaussures, aux pantoufles, aux chapeaux, aux porte-clés, aux pompons, etc., et définit la fourrure comme quoi que ce soit “avec des fibres de poils, de toison ou de fourrure qui y sont attachées“. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2023. Si des interdictions régionales existaient jusqu’à présent à Los Angeles ou bien encore San Francisco, et des projets de loi similaires ont été discutés dans l’État de New York et à Hawaii, il s’agit de la première loi sur une telle interdiction à être adoptée.
Depuis plus de vint ans maintenant, la lutte pour la protection des animaux s’est nettement renforcée sous l’impulsion de nombreuses associations et ONG, comme L214, PETA ou encore Fur Free Alliance. Cette dernière s’est ainsi spécialisée dans le combat contre la fourrure animale, ressource provenant encore trop majoritairement d’élevages où renards, visons, chinchillas, lapins ou encore chiens viverrin, sont élevés dans des conditions opposées à leur instinct et leur état naturel, souvent dramatiques. Et les consommateurs en quête de transparence et de respect ont bien pris note de cette problématique, poussant également petit à petit les industriels du vêtements à repenser leurs modèles.
En réponse à cette tendance, le marché de la fourrure synthétique en particulier s’est organisé afin de répondre aux impératifs des demandes du marché. Selon BusinessOfFashion, “le marché de la fausse fourrure a augmenté de 2% de 2012 à 2016 et vaut maintenant 114,6 millions de dollars aux États-Unis uniquement.” Synthétique , recyclée, biosourcée ou bien encore “vegan”, la fausse fourrure s’affirme dans les nouvelles collections.
La nouvelle norme : la fourrure synthétique et/ou recyclée
La fausse fourrure ou fourrure synthétique est fabriquée à partir de modacrylique ou de polyester, la résine est elle enrichie en fibres naturelles tel que le coton ou le chanvre pour apporter de la douceur. Plus écologique et plus responsable que la fourrure animale, la fausse fourrure utilise des fibres qui sont des sous-produits et qui ne génèrent pas de pollution supplémentaire, qui résistent dans le temps, et peuvent être recyclés en fin de vie. Leurs caractéristiques en termes de douceur, de finesse ou encore de brillance se sont nettement améliorées ces dernières décennies, jusqu’à en faire de parfaits produits de substitution très esthétiques.
Véritable tendance forte de la mode, la fourrure synthétique n’est plus juste une simple alternative à la fourrure véritable mais constitue quasiment la nouvelle norme sur le marché de la mode. De nombreuses marques de luxe et de prêt à porter ont déjà intégré la fourrure synthétique dans leurs collections, et certaines s’engagent même auprès d’organismes militants comme H&M, Armani et C&A qui sont engagées Fur Free Alliance, ou encore Hipanema et Racing Collection auprès de Mode sans Fourrure.
Intéresé(e)? Une liste non-exhaustive des marques se revendiquant sans fourrure animale est disponible ici.
Le leader du marché de la fausse fourrure est le franco-chinois Ecopel, qui fabrique de la fausse fourrure haut de gamme, à base de modacrylique (pour les poils longs) ou de polyester (pour les poils courts) pour plus de 300 grandes marques mondiales ayant renoncé à utiliser la vraie fourrure. Suivant la tendance de fond du secteur, Ecopel a par ailleurs lancé sa première gamme de fausse fourrure en PET recyclé fabriqué à partir de bouteilles plastiques post-consommation. Selon Les Echos, le spécialiste viendrait de racheter le dernier fabricant de fausse fourrure française, Peltex.
La plus extrême : la fourrure dite “vegan”
100% Vegan, fabriquée main en France et écologique = impossible ?
Pourtant si ! L’enseigne française La Seine & Moi commercialise depuis 2014 des fourrures “éthiques et écologiques”. La marque s’est vite imposée comme la plus grande marque de fourrure de Luxe vegan. Les fourrures fabriquées à Paris sont certifiées 0% d’éléments de provenance animale et ont gagné le prix PETA seulement quelques mois après le lancement de la marque.
Les géants du luxe s’engagent également dans l’écologie et la lutte contre la cruauté animale avec l’utilisation de fourrures vegan pour leurs modèles de haute-couture ainsi que pour leur collection. La créatrice engagée Stella McCartney vient ainsi de passer le cap avec la création d’une pièce vegan dévoilée lors de la dernière fashion week parisienne : un manteau noir ceinturé, dont la fourrure est conçue à partir du polyester biosourcé Sorona™ de Dupont. La fabrication de cette fibre utilise 30% d’énergie et libère 63% d’émission de gaz à effet de serre en moins par rapport à celle au nylon. C’est Ecopel qui a fabriqué la fausse fourrure innovante utilisée par Stella McCartney, issue de sa gamme Koba , composée à 100% de Sorona™ et intégrant à 37 % de résidus de plante de maïs.
La plus controversée : la fourrure animale dite “éthique”
Certaines entreprises se lancent quant à elles dans la commercialisation de fourrure dite “éthique”, c’est-à-dire de la fourrure de provenance animale respectueuse du bien-être des animaux. Mais quels outils sont mis en place pour mesurer et certifier la teneur de ces procédés ?
L’industrie canadienne de la fourrure a par exemple élaboré un programme de certification de la fourrure animale avec son label Origin Assured. Avec une problématique: Origin Assured garantit uniquement que les fourrures utilisées dans un vêtement proviennent d’un pays où des normes et réglementations nationales et locales qui régissent la production de fourrure sont en vigueur. Cependant, il n’existe aucune exigence quant au contenu de ces réglementations et aucune exigence supplémentaire n’est formulée en ce qui concerne le bien-être des animaux ou les conditions générales dans les exploitations agricoles.
Il existeraient d’autres initiatives déclarant prendre en compte des paramètres relatifs au bien-être des animaux, comme celle de l’Association des éleveurs de Fourrure finlandais, dont les membres assurent avoir développé des critères de certification qui couvre les passages les plus importants des diverses opérations de l’élevage. Des critères de certification qui seraient la santé et le bien-être des animaux, les conditions d’habitat, la nutrition, la reproduction, la sauvegarde de l’environnement et l’hygiène de l’élevage. Cette fourrure certifiée est actuellement utilisée par la marque Parajumpers par exemple.
De manière globale, le mouvement semble lancé. Dans le sillage de Prada, Versace, Jean-Paul Gautier, Gucci, Armani, Galliano …une grande majorité de marques de luxe et de même prêt à porter ont d’ors et déjà annoncé ne plus utiliser de fourrure animale pour leurs collections, afin que cette démarche puisse aider à augmenter l’impact des actions déjà mises en place par les associations de lutte contre la cruauté animale. Les solutions alternatives devraient donc continuer à se développer sur le marché.
Et de notre côté, en attendant de pouvoir imprimer de manière éthique nos fourrures en 3D comme l’a déjà imaginé le MIT américain (!), nous vous conseillons d’être vigilant(e) sur les étiquettes lors de l’achat d’une pièce intégrant de la fourrure, afin d’acheter en toute connaissance de cause…
– 25/10/19-