Le créateur néerlandais The Fabricant, en collaboration avec Dapper Labs et l’artiste Johanna Jaskowska a annoncé il y a quelques semaines avoir vendu aux enchères une robe à près de 9500$. Jusque là rien de très surprenant, si ce n’est que la robe, qui a été vendue sur la blockchain, est un vêtement virtuel, et par conséquent n’existe pas dans la vie réelle. Une première dans le monde de la mode.
Le virtuel à l’oeuvre sur les réseaux sociaux
Si les oeuvres d’art numérique existent, il n’était qu’une question de temps pour que la mode s’y mette également – aussi les vêtements numériques se multiplient et se déploient virtuellement sur les corps d’individus bien réels pourtant, et ce notamment sur les réseaux sociaux. A la manière d’un tableau, où le costume peint n’est pas celui que porte réellement le protagoniste de l’image, le vêtement virtuel peut alors s’afficher sur le corps de son propriétaire.
Les influenceurs et blogueurs vivent de leurs « outfits » et de leur capacité à renouveler et présenter des looks inspirants à leurs abonnés. Le simple hashtag #ootd (outfit of the day, tenue du jour donc), présente plus de 200 millions de posts dédiés. Le problème sous-jacent derrière cette pratique est qu’un grand nombre des vêtements portés sur une photo ne le sont qu’une fois pour ensuite être relégués au fond des placards – une tendance de consommation identifié depuis quelque temps.
Aussi les collections virtuelles pourraient être une façon de remédier à ce problème de gaspillage – et donc potentiellement aux effets de la consommation démesurée de vêtements – comme par exemple celle de la marque Carlings ainsi que le rapporte le magazine digital i-D. Une solution économique puisque chaque pièce ne dépasse pas les 20$. L’empreinte écologique de celui qui achète le vêtement virtuel est quasiment nulle, bien que la question de la pollution numérique est de plus en plus présente notamment à l’heure de l’arrivée prochaine de la 5G.
Cependant, ainsi que le met en avant i-D, la mode digitale est encore plus déconnectée de la réalité, et ne met pas de côté les aspects de harcèlement, de manque de représentation ou d’exploitation des travailleurs. Le vêtement digital demeure une innovation sans précédent, pour le moment réservé à des marques indépendantes, mais qui ne saurait tarder à gagner les sphères du luxe.
Quand l’intelligence artificielle se met à la mode
Le concept du vêtement virtuel dépasse le simple cliché sur Instagram. Déjà présent dans les jeux vidéos où la possibilité d’acheter des vêtements pour les personnages afin de les personnaliser existent depuis plusieurs années, ce sont désormais les intelligences artificielles qui ont un rôle à jouer dans l’élaboration des collections. Annoncé par le magazine Vice, l’entreprise Glitch, nouvelle dans le secteur, a développé une collection de “petites robes noires” générée par une intelligence artificielle, et réalisée par une modéliste pour leur donner vie.
Les fondatrices de la marque ont également développé un outil permettant aux utilisatrices de générer et choisir leur propre designs – qui permettrait dès lors aux designers de cibler plus précisément les volontés du consommateur.
ModeInTextile vous annonçait que 2018 serait l’année de l’intelligence artificielle, notamment en matière d’analyse de données, de prédictions, d’optimisation de l’expérience client entre autres. Cette tendance semble ainsi se confirmer et avoir un rôle grandissant à jouer auprès des entreprises mais aussi auprès des consommateurs, et ce de la manière la plus directe et virtuelle qui soit.
-13/06/19-