Ressources gaspillées, production de déchets mal maîtrisée, droits humains bafoués, on ne cite plus les effets pervers de la fast fashion. Face à ceux qui dénoncent, de plus en plus nombreux, aux consommateurs qui ne suivent plus, les marques ne peuvent plus feindre l’ignorance. Alors, pour ne pas perdre leur leadership, elles multiplient les opérations vertes. Mais il faut bien avouer que celles-ci ont plus souvent allure de simples green washing que de véritables actions en faveur d’une mode éco-responsable. Quatre géants de l’industrie textile sont pourtant sur le point de changer la donne. Nike, H&M, Gap et Burberry viennent de s’engager au côté de la fondation Ellen MacArthur pour une économie circulaire.
Un travail de pédagogie pour sensibiliser à l’économie circulaire
La fondation créée en 2009 par la championne de voile a vocation à sensibiliser aux bienfaits de l’économie circulaire à travers une action pédagogique menée via différents canaux. Elle a aussi pour objectif de faciliter ce projet en réunissant l’ensemble des acteurs concernés. Ainsi, la créatrice britannique Stella McCartney avait-elle été l’une des premières à rejoindre le programme Make Fashion Circular lancé en mai 2017 par la fondation.
Plus forts ensemble
Ce mois-ci, c’est au tour de quatre autres protagonistes de l’industrie de la mode de rejoindre l’aventure. Nike, H&M, Gap et Burberry se sont engagés mercredi pour une mode plus responsable. Au cours des trois prochaines années, les membres du programme Make Fashion Circular travailleront main dans la main pour réduire la production des déchets et réfléchir à des solutions concrètes pour venir à bout des matériaux et procédés polluants.
“Aucune société ne peut relever seule le défi de faire passer le secteur de la mode d’un business model linéaire à un business model circulaire. C’est pourquoi une telle initiative commune est si importante.” explique Inigo Saenz Maestre, porte-parole d’H&M. Il assure que l’objectif fixé par la marque est ainsi de ne plus utiliser que des matériaux recyclés ou issus de sources responsables d’ici 2030. Il rappelle également que déjà 35% de la production H&M répond à ces critères de fabrication.
Un modèle économique repensé
De son côté, François Souchet, directeur du programme Make Fashion Circular explique que l’objectif est de créer « un mouvement global » vers un nouveau type d’économie. Il rappelle aussi qu’au cours de ces 15 dernières années, la durée d’utilisation des vêtements a largement diminué. Il invite donc à améliorer leur design et travailler sur un nouveau business model. Pour lui, cela se jouerait autour de la location et de la revente. “Ce modèle peut devenir un modèle dans lequel les vêtements ne deviennent jamais des déchets.”
Des chiffres alarmants
Cette initiative a d’autant plus de sens au vu du rapport publié par la fondation Ellen MacArthur en novembre dernier. Celui-ci dévoile des chiffres tristement impressionnants. Il en ressort en effet qu’aujourd’hui, seulement 1% des vêtements étaient recyclés. Par ailleurs, le lavage du textile générerait 500 000 tonnes de microfibres plastiques chaque année. Ce serait donc l’équivalent de 50 milliards de bouteilles plastique jetées directement dans les océans.
Mai 2018.