Avant l’entrée en politique d’Emmanuel Macron, les règles du jeu étaient simples : le jour de repos des salariés était le dimanche. Seuls quelques commerces liés à l’hôtellerie et les grandes surfaces de bricolage avaient une autorisation d’ouverture le dimanche. Pour les autres, ils pouvaient ouvrir jusqu’à 5 fois par an. Les employés étaient alors payés double et bénéficiaient d’un jour de repos supplémentaire.
Toutefois, dans les zones d’intérêt touristique, les commerces ouvraient le dimanche, sans compensation particulière pour les salariés. Avec la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, mieux connue sous le nom de Loi Macron, l’ouverture le dimanche est remise en question.
Le travail du dimanche revu sur la base du volontariat
La Loi Macron prévoit ainsi que le travail dominical se fasse uniquement sur la base du volontariat, et avec contrepartie. Il est aussi question de mettre en place des Zones Touristiques Internationales, dans lesquelles le dimanche sera travaillé en roulement, et les ouvertures en soirée seront également autorisées. Ce projet de loi devrait voir aussi s’élargir les Zones d’intérêt touristique s’élargir aux gares ainsi qu’aux endroits très fréquentés. En test depuis 2015, le bilan de cette loi n’est pas sans équivoque.
Un test qui partage
D’un côté, il y a ceux qui n’en tirent pas avantage. Tout au moins pas directement. Pour les petits commerçants, le dimanche ne serait pas un si bon jour en terme de chiffre d’affaires. Certains le mettent au même niveau que le reste de la semaine, d’autres l’estiment même comme “un petit jour”. Or, pour cette ouverture, il faut du personnel. Mais les ventes dominicales ne couvrent pas toujours ces salaires supplémentaires. Cela dit, ce n’est pas forcément une perte complète. En effet, ce temps de travail peut être mis à profit. Notamment pour d’autres tâches chronophages comme la préparation des commandes, l’étiquetage ou encore l’entretien des vitrines.
D’un autre côté, il y a ceux pour qui l’ouverture du dimanche est une évidence. Non pas que le chiffre d’affaires augmente obligatoirement de façon considérable, mais cela lui évite de chuter. Car la concurrence du web se fiche bien de savoir quel jour où on est. Quand les rideaux de fer sont baissés, les magasins du net, eux, sont ouverts. Mais les chiffres sont là, positifs. Dominique Restino, président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de paris et vice-président de la CCI Ile-de-France ne manque pas de les rappeler.
Des chiffres globalement en faveur d’une ouverture le dimanche
Depuis la mise en place du test, la fréquentation des boutiques situées dans les Zones Touristiques Internationales a augmenté de 20%. Le panier moyen des consommateurs et de 20 à 50% plus élevé le dimanche que le reste de la semaine. Et ce n’est pas la seule bonne nouvelle. Les entreprises de plus de 10 salariés ont dû créer des emplois. Yann Petiot, président de l’Alliance du commerce annonce ainsi la création de 1500 emplois et une augmentation moyenne de 8 à 10% des chiffres d’affaires depuis 2015.
Encore des pistes d’amélioration
Pour eux, c’est certain, il faut continuer sur cette voie, et même aller plus loin. Ils ont ainsi proposé quelques améliorations ce 3 avril. Ils suggèrent en effet d’élargir les Zones Touristiques Internationales à tout Paris. Cela permettrait selon eux d’éviter les effets de frontières entres les commerces inclus dans les 11 ZTI parisiennes et ceux qui n’y sont pas.
Cela pourrait aussi empêcher l’inflation des baux commerciaux situés dans les ZTI. Autre avantage d’une telle évolution : une animation commerciale plus conséquente. Mais aussi une meilleure concurrence des zones de shopping européennes et du commerce en ligne. A cela s’ajoute, comme évoqué plus haut, une création d’emplois. Il s’agit également de répondre à une demande croissante de la clientèle. Et surtout, de savoir s’adapter à ces nouveaux modes de consommation.
Une autorisation et non une obligation
Rappel est fait toutefois que les commerçants ne seraient pas obligés d’ouvrir le dimanche, mais autorisés à le faire. A eux d’estimer la rentabilité de l’opération. Il est ainsi question de favoriser la liberté d’entreprendre. A noter pour finir que dans les conditions sus-citées, les salariés sont loin d’être opposés à l’ouverture le dimanche. Contrairement à ce qui a pu être suggéré, ils sont en effet 92% à être volontaires pour le travail dominical.
Avril 2018