Selon le services d’assurance maladie, en France, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont la première cause de maladie professionnelle reconnue et leur nombre s’accroît d’environ 18 % par an depuis dix ans. De façon plus générale, c’est 80% des français qui seront atteints de mal de dos au moins une fois dans leur vie. Le mal de dos se classe ainsi à la deuxième place dans les motifs de consultation des médecins généralistes en France. Le « mal du siècle » comme on l’entend fréquemment. Pour prévenir ces risques, l’utilisation d’une ceinture lombaire intervient généralement dans le cadre de la prévention ou du traitement des douleurs dorsales. Mais au-delà de ces dispositifs médicaux, de plus en plus fonctionnalisés, d’autres solutions sont développées.
Ainsi des entreprises françaises telles qu’Exhauss, Gobio ou Sidect conçoivent et développent des solutions d’exosquelettes mécaniques et des dispositifs d’assistance physique à base de bandes textiles (dispositifs d’assistance physique à contention). Sidect en particulier développe un harnais en tissu et sa veste supplétive, tous deux fabriqués en France sous la marque Corfor. Il s’agit de systèmes brevetés qui utilisent l’élasticité de bandes textiles afin d’assister et soulager les lombaires. Le harnais de force s’attache au niveau des épaules et sous les genoux et permet ainsi de réduire le port de charge de 12 kg tandis que la veste supplétive, qui s’enfile comme une veste classique, l’allège de 8 kilos. Un sous-vêtement supplétif unisexe vient compléter la gamme cette année.
Dans un mode plus interactif, la start-up lilloise Japet a développé un exosquelette très léger baptisé Atlas pour lutter contre le mal de dos, qui se compose d’une ceinture en textile fixée au bassin, dotée de capteurs de position et de quatre micro-moteurs électriques. En fonction des mouvements du porteur détectés par les capteurs, les moteurs déclenchent des vérins qui poussent la partie supérieure du tronc, pour soulager la pression du poids du corps sur les disques lombaires. Le dispositif sert au traitement des hernies discales et consiste à diminuer la pression sur les disques intervertébraux, par une décompression de la colonne. Un essai clinique débute cet automne sur une trentaine de patients au CHRU de Lille, première étape de validation pour espérer décrocher le remboursement du dispositif par l’assurance-maladie.
La société française Percko s’attaque quant à elle aux problèmes de dos depuis sa création en 2014. Après trois années de R&D, Percko a conçu un t-shirt instrumenté capable de corriger la posture du dos en agissant sur les muscles profonds de la colonne vertébrale (brevet WO2016198358). Le principe consiste à exploiter des tenseurs positionnés dans le vêtement de manière à pouvoir améliorer la posture d’une personne, aussi bien en position statique, qu’en position dynamique. Des milliers de T-shirts ont déjà été vendus, et le Groupe RG, spécialisé dans la distribution d’équipements de protection Individuelle, a signé un accord d’exclusivité avec Percko concernant la distribution du produit. La jeune société se tourne maintenant vers de nouveaux projets avec la mise au point d’un modèle connecté et d’un modèle pour sportifs .
A l’étranger, les initiatives sont également nombreuses. Par exemple, la startup américaine Betterback propose un système simple et efficace : son système présente un élément flexible renforcé, comme un « dos » de ceinture lombaire , ainsi que deux sangles réglables à attacher autour des genoux ou des tibias. Par un effet mécanique, dès lors qu’on tire les sangles avec les jambes, un effet d’appui se produit dans le bas du dos et oblige le porteur à se redresser.
La société américaine IntelliSkin propose sa technologie brevetée PostureCue ™ fonctionnant comme une deuxième peau intelligente. IntelliSkin travaille sur la capacité naturelle du corps à se soutenir de la manière la plus efficace en améliorant la posture. Selon l’entreprise, en fonction de l’emplacement sur le corps, il y a entre 20 000 à 80 000 récepteurs nerveux sur la peau qui permettent de ressentir instantanément et de réagir à des stimuli tels que la pression, le toucher et la température. Ces terminaisons nerveuses envoient des signaux spécifiques au cerveau, ce qui fait que les muscles se détendent et se contractent. Le vêtement IntelliSkin Smart Compression aide à créer un flux constant d’informations d’avant en arrière des récepteurs nerveux de la peau vers le cerveau. Les vêtements intègrent ainsi une forme de bande appelée Specific Proprioceptive Response Taping (SPRT) dont l’objectif est d’aligner et de compresser les tissus mous dans la position où ils devraient être idéalement. Les produits stimulent ainsi les terminaisons nerveuses pour améliorer le fonctionnement du système neuromusculaire et, finalement, corriger les déséquilibres musculaires.
Dans le même ordre d’idée, développée en collaboration avec des physiothérapeutes, des conseillers ergonomiques et des ingénieurs spécialistes des vêtements sportifs, la technologie HELIX-MAPPING ™ de la société américaine EQUMEN ™ est basée sur la compression d’un T shirt qui tire doucement les épaules pour soutenir une position verticale idéal, grâce à une bande de physiothérapie intégrée.
La société ActivAided Orthotics propose quant à elle une approche globale de la correction de la posture, avec quatre composants dynamiques qui supportent toute la colonne vertébrale. Elle part du principe que les dispositifs à focalisation unique tels que les chemises de posture traditionnelles, les supports d’épaule ou les ceintures lombaires ont tendance à créer de nouveaux problème, car ainsi le corps compensera pas trop une correction dans une zone en déplaçant le problème dans une autre partie du corps. Des sangles élastiques ciblées sont ainsi intégrées sur le vêtement au niveau des épaules en bandoulière, au milieu du dos, avec également un panneau de positionnement arrière et une ceinture lombaire.
Du côté des textiles intelligents, la société californienne Adela Health Inc. propose le TruPosture, un T-shirt sans manche instrumenté. Grâce à des capteurs, des actuateurs et un dispositif de communication Bluetooth, ce vêtement intelligent surveille la courbure de la colonne vertébrale et génère des vibrations dès que cette courbure devient trop importante.
La créatrice de mode néerlandaise Pauline van Dongen s’est également penchée sur le problème, et a créé FysioPal, un top intelligent qui vibre pour corriger une mauvaise posture du haut du corps de l’utilisateur . Elle a travaillé en collaboration avec la société Elitac pour intégrer des capteurs à son T-shirt. Des mesures sont prises pour la position idéale du cou, des épaules et du dos. Ces mesures sont ensuite envoyées à l’application, ce qui permet de visualiser les données et évalue la posture générale de l’utilisateur. Si elle détecte un problème, capteur va doucement vibrer, alerter l’utilisateur et l’inciter à changer sa façon de se tenir. L’application fournit également aux utilisateurs des programmes de formation quotidienne, l’analyse de la posture horaire et la rétroaction globale mensuelle. L’électronique est intégrée « stratifiée dans le textile, fabriqué par la société suisse Schoeller , rendant le produit capable de supporter le lavage.
Enfin, dans une version plus cocooning, la start-up singapourienne TWare a développé Aira, un blouson pourvu d’un système de massage intégré et connecté à une application, pour soulager le mal de dos. Le prototype se présente comme une sorte de gilet gonflable et vibrant, avec un système de massage connecté fonctionnant à l’aide d’une application dédiée, qui permet de contrôler la pression, l’endroit visé et le rythme du massage.
Source: IFTH – le 25/09/17
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