Dans un rapport publié fin mars 2021, l’Académie de sciences fait le point sur le rôle des plastiques dans le monde et l’ampleur de la pollution dont ils sont responsables. Face au constat préoccupant qu’elle dresse, elle présente une série de recommandations, posant en premier lieu les conditions d’une utilisation et d’une production raisonnées de ces polymères, devenus incontournables dans bien des domaines.
La série de recommandations vise tous les niveaux de la chaîne production-utilisation de la filière plastique. Ainsi, outre l’indispensable tri sélectif à l’échelle individuelle et l’information des citoyens qui doit l’accompagner, l’Académie insiste sur les efforts à consentir de la part des acteurs industriels, pour repenser de manière radicale la production des plastiques et réduire la pollution à la source.
Cette démarche doit nécessairement s’inscrire dans une action commune impliquant également les politiques et les économistes. Il s’agit notamment de remplacer les plastiques de commodité – un vrai défi car ils sont plus stables et moins chers à fabriquer – , de prendre en compte le recyclage des plastiques dès leur conception, en prévoyant un marquage facilitant le tri, de lutter contre l’obsolescence programmée, de favoriser les plastiques recyclables en instaurant des taxes sur le principe pollueur-payeur et, de manière générale, de réduire leur production, que ce soit en proscrivant le recours à des polymères ou des adjuvants inutiles (notamment pour la fabrication des plastiques colorés), en arrêtant la fabrication de petits objets lorsque des produits de substitution existent, ou en bannissant le suremballage.
L’Académie souligne en outre que la transition de la filière plastique vers une nécessaire économie circulaire doit s’accompagner d’une compréhension précise du devenir des déchets plastiques et de leur impact sur la santé et l’environnement. Elle préconise le développement d’un programme ambitieux de recherche fondamentale et appliquée à l’échelle mondiale, au sein duquel la recherche française pourrait tenir un rôle moteur. Des études sur la chimie des polymères devraient par exemple permettre la mise au point de produits et méthodes garantissant un meilleur recyclage.
En matière d’écologie, l’Académie souligne qu’il est nécessaire de mieux documenter le cycle biogéochimique global des déchets plastiques, et en particulier les phénomènes de fragmentation et de dégradation de ces déchets mal gérés menant à la production de micro et nanodébris qui se retrouvent à terme par dizaines de millions de tonnes dans les océans.
Enfin, sur le plan sanitaire, de nouvelles recherches doivent être entreprise pour évaluer l’impact des déchets plastiques sur les écosystèmes et les êtres vivants, en approfondissant les études qui, jusqu’à présent, ne sont encore que très insuffisantes.
Source: https://www.academie-sciences.fr -29/03/21