Bien que plus de 2 milliards de femmes à travers le monde soient concernées, les règles sont encore un sérieux tabou. Ce qui explique peut-être pourquoi les protections périodiques ont si peu évolué à travers le temps. Entre interrogations sanitaires, souci écologique et besoin de confort, 70 % des femmes sont pourtant insatisfaites de leurs protections hygiéniques*. Si l’on considère que chacune d’elles utilise dans sa vie 11000 protections, il se pourrait que l’heure de la révolution ait enfin sonné. Les alternatives semblent se trouver du côté du textile. Mais avant cela, petit point historique.
Petite histoire des protections hygiéniques
Quand on y pense, c’est effarant, mais à quelques détails de construction près, les protections hygiéniques n’ont pratiquement pas changé depuis l’Antiquité. Ce que l’on connaît aujourd’hui est loin d’être aussi moderne qu’on pourrait le croire.
Les tampons
Les tous premiers tampons périodiques remontent en effet à l’Antiquité. Ils étaient alors constitués de petits bâtonnets de bois, enroulés de bandelettes de coton, de lin ou de laine. Oubliés quelques temps, ils ont été remis au goût du jour dans les années 1930. Alors, seules les femmes mariées étaient autorisées à les utiliser : on leur prêtait des vertus érotiques ! Les ventes ont cependant largement augmenté au cours de la seconde guerre mondiale, tandis que les femmes prenaient part au travail. Puis, de retour dans les foyers, les ménagères se détournèrent à nouveau des tampons. Ce n’est qu’à la fin des années 1970, que cette méthode de protection connaît le succès avec, notamment, les premiers tampons ultra-absorbants, intégralement composés de fibres synthétiques.
Les serviettes
Face au tabou des règles, la première tentative de serviette jetable, à la fin du IXe siècle fut un cuisant échec commercial. A l’époque, lorsque les femmes étaient indisposées, elles enfilaient une ceinture sanitaire à laquelle elles fixaient une étoffe de lin à l’aide d’une épingle à nourrice. Il faut attendre les années 1920 pour voir apparaître les premières serviettes jetables à succès, en coton. Ce sont les infirmières de la première guerre mondiale qui l’élaborent à partir de ouate et de gaze. La société Kleenex se charge de les commercialiser, sous la marque Kotex. En un demi-siècle, rien ne se passe, seule une bande adhésive vient s’ajouter à la structure sommaire du produit, en 1970. Vingt ans d’attente supplémentaires et des ailettes rendent la serviette légèrement plus stable. Rien d’autre en termes d’innovation, si ce n’est au niveau des matériaux utilisés.
Les solutions alternatives
Les serviettes réutilisables
Les serviettes lavables n’ont en fait rien de nouveau. Mises au point au joyeux temps des Hippies, elles avaient d’abord été abandonnées pour leur manque de praticité. Les femmes d’aujourd’hui les remettent au goût du jour, en leur offrant non seulement un stylisme moins austère, mais surtout une technicité améliorée. En lieu et place des bandes adhésives de leurs cousines jetables, les serviettes lavables sont équipées de boutons pression. Leur épaisseur et leur étanchéité a été améliorée par des matières techniques certifiées OEKO TEX, comme celles du site Dansmaculotte.
Les tampons bio
Sur le principe, ce sont les mêmes que les tampons ordinaires. La seule différence réside dans le fait qu’ils ne sont composés que de coton, biologique certifié GOTS, et non chloré. Ils ont ainsi l’avantage d’être dépourvus de matières plastiques ou synthétiques, (soupçonnées d’interagir de façon négative avec le corps) et d’être biodégradables.
Les culottes menstruelles
Les serviettes jetables et les tampons biologiques, qui ne sont que de saines déclinaisons de ce que l’on utilisait jusqu’alors, sont déjà relativement démocratisées. Ce n’est pas le cas en revanche de la lingerie menstruelle. En France, Fanny Abes et Claudette Lovencin sont les seules à les proposer. Et si elles n’en sont qu’aux tous débuts de leur commercialisation, elles savent déjà ce qu’elles veulent privilégier : la santé, le confort et l’esthétisme. Pour l’heure, les culottes FEMPO, ressemblent à des culottes de maillot de bain, aucune sur-épaisseur, mais un tissu de qualité, doux, souple et agréable au toucher.
Si les deux jeunes entrepreneuses ne veulent rien changer à la structure —testée et approuvée— elles travaillent désormais sur un design plus glamour. D’un point de vue technique, le gousset de la culotte FEMPO, élargi, se compose d’une couche de textile respirant pour un effet peau sèche, d’une couche absorbante, d’une couche imperméable et enfin d’une couche esthétique.
Ces culottes présentent plusieurs avantages. Bien entendu, elles limitent les déchets et le budget. Une pièce, à 29 €, se garde en effet 12 heures avant d’être rincée puis lavée en machine. Elle peut tenir à ce rythme jusqu’à 2 ans. Mais FEMPO évite aussi l’exposition à certains risques sanitaires. Elle offre également une alternative discrète, pratique et confortable à toutes celles, des plus jeunes aux plus âgées, qui ne peuvent ou ne veulent avoir recours à des dispositifs intra-vaginaux.
Mais aussi…
Enfin, il existe d’autres alternatives, non textiles, plus ou moins controversées. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, loin d’être récentes. La première est la cup, qu’on ne présente plus. Elle existait déjà dans les années 1930, mais était encore très confidentielle jusqu’à ces deux dernières années. Désormais, on trouve cette petite coupe de silicone même dans les rayons des grandes surfaces. La deuxième est l’éponge de mer, naturelle ou synthétique, qui s’utilise comme un tampon, mais non sans risque. La dernière est la plus périlleuse et surtout la plus ancienne : il s’agit du flux instinctif, qui demande une excellente connaissance de soi.
* Etude menée par la marque EMPO au printemps 2017 sur un échantillon de 3000 femmes.
Janvier 2018