Le mois de septembre 2019 marque un tournant phare pour la marque de sneakers Veja avec l’ouverture de leur première boutique parisienne, la sortie d’une toute première chaussure de running technique et écologique et enfin avec une collaboration inédite avec le créateur américain Rick Owens. De quoi faire parler de la “frenchy” Veja dans le monde entier.
Depuis maintenant une vingtaine d’année, la place prise par les baskets ou “sneakers” dans une tenue est de plus en plus importante et a donné naissance a une nouvelle catégorie de fashionista, la “sneakers addict”. Moteur d’un véritable engouement auprès es consommateurs, le marché de la sneakers se porte bien, avec une valeur qui serait égale au PIB du Panama et une forte croissance, représentant une hausse de 32% des revenus du marché entre 2013 et 2018.
Il ne faut néanmoins pas oublier les méfaits liés à la surconsommation de basket. Pour répondre aux enjeux de la mondialisation de l’économie, les ateliers de fabrications des plus grandes marques ont été délocalisés en Asie. Très attrayants économiquement, les conditions de travail dans les sweatshop (littéralement « atelier de misère ») y sont déplorables : salaire en dessous du seuil de pauvreté, shift interminables, travail des enfants…
Mais la production de sneakers pose également un autre problème de taille : celui son impact sur l’environnement. En effet, la fabrication de chaussures est une menace pour le bien-être de la planète avec la libération dans la nature de toxines, de produits chimiques et de combustibles fossiles utilisés ou rejetés lors du process de fabrication, qui nuisent à la fois à la faune, la flore sauvage, et aux populations locales en leur causant des problèmes de santé importants. Cela a aussi un effet considérable sur le réchauffement climatique: en cause, la production en grandes quantité de dioxyde de carbone lors de la fabrication mais aussi lors du processus d’acheminement des produits finis.
Néanmoins, l’industrie de la mode se mobilise ! Répondant à une demande du consommateur clairement orientée vers des produits plus écologiques et plus durables, de plus en plus d’entreprises parient ainsi sur le créneau de la basket bio et/ou vegan. En position de leader, on retrouve bien entendu Veja, entreprise française créé en 2004 par François-Ghislain Morillion et Sébastien Kopp. Son credo: tous les articles de la marque sont fabriqués à base de matières premières durables, comme le coton issu de production biologique participant au commerce équitable, ou encore le caoutchouc naturel acheté en Amérique du Sud auprès des communautés de « seringueiros » permettant ainsi de sauvegarder la forêt amazonienne.
Veja se positionne également comme marque vegan, l’utilisation de cuir étant substituée par le C.W.L, une matière fabriquée à base de déchets de maïs qui est biodégradable. Dans la famille des composants innovants, on retrouve par ailleurs le B-mesh, tissu composé de polyester issu de bouteilles plastiques recyclées (3 bouteilles = 1 paire de chaussures).
Alors que 99% des chaussures de sport sont composées de plastique dérivé du pétrole, Veja est venue toutu récemment une nouvelle fois révolutionner ce segment avec la sortie de la « Condor », première paire de chaussure de running de la marque, qualifiée de « running post-pétrole » et composée à 53% d’éléments biosourcés.
The 1st post-petroleum running shoe. The Condor is the perfect balance between organic materials and running optimization. The Condor is 53% natural-based and recycled, which is VEJA’s first step into the running world. Available on https://t.co/y2kb0RNDn1. ?: @vincentdesailly pic.twitter.com/nL5YGkjMAM
— VEJA (@vejaproject) September 25, 2019
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La semelle externe associe caoutchouc sauvage d’Amazonie et écorce de riz tandis que la semelle intermédiaire recycle des déchets alimentaires comme l’huile de ricin, l’huile de banane et la canne à sucre. Le “squelette” en textile alveomesh respirant a été entièrement conçu à partir de bouteilles en plastique recyclées. De part son design et sa technicité, cette paire s’adresse a une clientèle urbaines et sportive.
Certes dominé par Veja, le marché de la chaussures bio est donc fleurissant d’entreprises innovantes mettant en avant de nouveaux procédés, parmi lesquels il faut citer:
- L’utilisation de chanvre
Déjà utilisé depuis de nombreuses années pour la confection de vêtements, le chanvre est maintenant mis en avant pour les chaussures, comme le propose notamment la marque Dopekicks. Avantages: la production de chanvre est beaucoup plus écologique que les autres fibres, consomme 3 fois moins d’eau que le coton et son impact sur le sol est minime. Les fibres sont ensuite traitées et tissées pour donner un tissu très résistant. Dopekicks a choisi d’appliquer un revêtement spécial afin d’imperméabiliser les chaussures.
- Le recyclage des bouteilles plastiques
Les bouteilles plastiques peuvent être recyclées de manière à les réduire sous forme de granulés, qu’on peut retransformer à l’infini en fibre et fil textile, et donc en tissu. La marque française Corail a choisi ce procédé pour la fabrication de ses sneakers. Les bouteilles utilisées proviennent de la Mer Méditerranée, luttant ainsi contre la pollution maritime, et sont ensuite transformées afin de créer une paire composée à 100% de polyester recyclé. De nombreuses marques utilisent également cette technique pour certaines parties de leurs chaussures comme les lacets des sneakers de la marque UBAC.
- le caoutchouc des semelles, naturel et/ou recyclé
Le caoutchouc d’origine naturel ou recyclé est devenu une élément phare dans la confection de chaussures bio pour de nombreuses marques. En effet, il est beaucoup utilisé pour la fabrication de semelles extérieures à la place de la gomme, du caoutchouc synthétique (bien plus énergivore que le naturel) ou du cuir.
De la même manière, le liège recyclé obtenu à partir de bouchons de vin broyés est très populaire dans la fabrication des semelles intérieures. Le liège peut également être utilisé pour la fabrication d’une chaussure dans sa totalité comme l’a proposé la marque Sole.
- recycler du denim, ça marche aussi pour les chaussures?
La célèbre marque Converse relève le défi de la création de produits utilisant des déchets post-consommation et post-industriels. Elle propose sa gamme Converse Renew déclinée autour de son emblématique Chuck Taylor All Star, renouvelée via trois processus innovants– textiles recyclés (Renew Denim), mélanges de PET recyclé ( Renew Canvas) et de toiles de coton recyclées (Renew Cotton).
- et pourquoi pas la fibre de bananier ?
La start-up espagnole Indianes a mis au point ce procédé permettant l’utilisation de fibre de bananier. Provenant de Colombie, les fibres de bananier arrivent en Espagne pour être transformées en tissus et associées à d’autres matières naturelles pour créer une chaussure 100% biodégradable, qui se décompose seulement 2 ans après avoir été enterrées.
D’autres entreprises ont également misé sur la biodégradabilité comme Native Shoes avec la fibre d’ananas cette fois. Le processus de fabrication de telles paires de sneakers consomme ainsi 30% de moins en terme d’énergie, d’eau, de matière première, d’équipement et de main d’œuvre que le processus de fabrication traditionnel.
- valoriser le chewing gum, really?
Les chewing-gum sont un véritable fléau pour le paysage urbain mais peuvent récupérer pour être recyclés : fondus puis transformés pour créer des semelles. La GumShoe par GumTec en est un parfait exemple.
Tous ces éléments font partis d’une liste non-exhaustive des innovations écologiques, à la quelle on peut ajouter la laine recyclée comme dans la sneaker Made in France proposée par Ubac, mais aussi plus classiquement le coton bio par exemple. En espérant que la success story de Veja puisse inspirer les géants du marché de la sneaker à adopter des conduites plus écologiques…
Source: IFTH – 03/10/19