Il y a quelques décennies, pas si lointaines, nous pensions écrire le scénario d’un improbable film de science fiction en imaginant promener des écrans couleurs miniaturisés. Nous croyions que les véhicules sans chauffeur ne verraient jamais le jour ailleurs que dans l’esprit un peu trop créatif d’un romancier d’anticipation. Nous n’imaginions pas que ce qui fait notre quotidien aujourd’hui n’était finalement pas si loin de la réalité de l’époque. Aussi, alors que nous sommes maintenant baignés de toutes sortes de technologies, est-il facile de croire que les progrès évoqués ici et là sont immédiatement accessibles au grand public. Concernant au moins le domaine particulier du smart textile, c’est pourtant loin d’être le cas.
Les smart textiles au quotidien, ce n’est pas pour demain
Certes, les avancées sont nombreuses et régulières, mais entre une idée de projet et son arrivée dans les placards de Monsieur et Madame Toutlemonde, bien des étapes sont nécessaires. Et concernant les smart textiles, il existe bien des freins. Si les idées fusent, il faut pouvoir les mettre en oeuvre. Pour cela, de nombreux professionnels issus d’horizons différents doivent travailler en commun. Or, ces spécialistes de l’industrie, développeurs, et autres ingénieurs ne parlent pas tous la même langue, n’ont pas tous la même vision des choses. Voilà autant de sources de complications possibles au cours du déroulement d’un projet.
Un problème d’alimentation
Si par chance, le produit a réussi à franchir les nombreux obstacles menant jusqu’aux premiers prototypes, reste encore une difficulté : l’alimentation des technologies embarquées. Il est vrai que l’on arrive maintenant à miniaturiser les batteries, mais pas encore assez pour que leur intégration soit confortable. Par ailleurs, il faut aussi penser à l’entretien du textile, et là encore, les batteries posent problème. A ce jour, elles sont encore trop rigides et supportent mal les lavages en machine.
La question du coût
Une autre raison, et pas des moindres, qui fait que les smarts textiles ne sont pas encore près d’envahir nos placards est le coût. Aujourd’hui, les produits réellement disponibles à la vente le sont à des tarifs exorbitants. Ce qui s’explique entre autre par le coût des recherches et de la fabrication. De ce fait, pour la majorité des professionnels du secteur, pour l’heure, la production industrielle de smarts textiles ne serait pas viable. Leur utilisation se limite donc encore à des milieux très spécifiques.
En plus du coût et de la viabilité, il faut aussi penser à la demande quant à ces produits. Si la Toile a tendance à s’enflammer à chaque nouveauté présentée, les consommateurs potentiels sont en réalité moins nombreux qu’il n’y paraît. En témoigne par exemple l’insuccès de la veste en jean récemment créée par Levi’s en collaboration avec Google.
De belles perspectives
Mais que l’on se rassure. Si la digitalisation de nos dressings n’est pas encore pour demain, le créneau du smart textile compte parmi ceux qui ont la côte. Selon l’Union des Industries Textiles, cette niche récente est en plein essor. En France, 40% des textiles produits sur le territoire sont des textiles techniques, et le smart textile fait partie des 34 plans industriels prévus par La Nouvelle France Industrielle. Il est question d’y développer l’usine textile du futur, et de trouver de nouveaux modes de production, incluant numérique et nanotechnologies.
Janvier 2018