Que le soleil brille, qu’il vente, qu’il pleuve ou même qu’il neige, ils répondent présents. Eux, ce sont les coureurs à pieds, ou “runners” . En France, pas moins de 12 millions de personne pratiqueraient la course à pied au moins une fois par semaine.
Seul ou à plusieurs, le running est souvent assimilé à une grande communauté de sportifs amateurs ou professionnels . Mais de façon plus pragmatique, il s’agit aussi d’un des segments économiques les plus porteurs du monde de l’habillement, et pour cause: 54% des français détourne l’usage initialement prévu de plusieurs articles dédiés pour le sport pour en faire des articles de mode au quotidien. Légers, ultra-techniques et confortables, il faut avouer qu’on s’y sent bien !
A l’heure du renouveau du made in France, peut-on s’habiller français quand il s’agit de running aujourd’hui ? Mode in Textile rencontré Maxime Marchal, un des co-fondateurs de la marque Lyonnaise Coureur du Dimanche. Echange autour d’une marque qui évolue entre volonté de mieux de produire et de moderniser les codes du design sportif.
2015 : le pari du fabriqué en France
Le marché des vêtements de sport est fortement dominé par les multinationales ayant délocalisé leurs productions en Asie en raison de la main d’œuvre à bas prix. La France était autrefois un pays qui comptait plus d’un millier de grandes entreprises textiles. Puis, la concurrence est devenue de plus en plus forte entraînant la course aux économies d’échelle. La solution pour les entreprises ? Les délocalisations d’usines dans les pays du Sud où la main d’œuvre est abondante et à bas coût. En 30 ans en France ce sont plus de 120 000 emplois qui ont été supprimés suite aux fermetures d’usines.
« Quand on s’est lancés en 2015, on avait cette volonté de proposer une vraie alternative à ce qu’il se faisait déjà sur le marché du textile sportif en relocalisant la production en France, plus précisément dans la Région Rhône-Alpes. »
Ce projet, né dans l’esprit de trois sportifs diplômés d’écoles de commerce, était animé par la volonté « d’entreprendre pour avoir du sens ». Pour Maxime Marchal, Florian Bachelard et Mathieu Pelestin, co-fondateurs de la marque, parier sur le savoir-faire français n’était pas seulement fondé sur une opportunité de marché, il s’agissait avant tout de donner du sens à leur action pour avoir un impact sociétale et environnemental intéresssant.
Or, même si la tendance au Made In France est forte dans l’habillement, les marques de sport nationales se font encore assez rares sur le marché. Coureur du Dimanche a donc dû dans un premier sensibiliser le réseau de distributeurs à l’intérêt d’une fabrication nationale dans le domaine du running. « Les revendeurs sportifs n’étaient pas habitués à avoir du Made In France de A à Z. Ils se font souvent tromper par des marques qui se disent françaises mais qui n’ont, par-exemple, que la sérigraphie faite en France alors que le reste de la fabrication est réalisée en Chine ou ailleurs. »
En effet, il n’existe pas de définition légale du « Made In France ». Seuls certaines certifications volontaires permettent d’avoir une certaine traçabilité en ce domaine, comme « France Terre Textile pour n’en citer qu’un, encore faut-il que les entreprises souhaitent être transparentes. De plus, les contrôles concernant l’origine d’un produit se compliquent quand certaines étapes de sa fabrication sont réalisées dans plusieurs pays.
Tisser les liens avec les partenaires comme gage de qualité
Et aujourd’hui, c’est mission réussie : « Nous sommes très fiers de soutenir et de défendre un savoir-faire et de voir ces usines qui ont soufferts de la crise et des délocalisations réembaucher et se re-développer »
La création d’un vêtement nécessite la collaboration de nombreux acteurs. S’il peut parfois sembler difficile pour les marques d’être en contact avec leurs prestataires, c’est une priorité pour Coureur du Dimanche : « Du tissage de la matière, la confection, la teinture jusqu’à l’impression textile : tout est fait en France et en région Auvergne Rhône-Alpes ».
La rencontre et les échanges physiques est très importants pour la marque dans les relations qu’elle entretient avec ses partenaires « Tout est fabriqué à maximum 1h30 de voiture de nos bureaux, nous nous rendons souvent dans les usines pour suivre la qualité de près et rester à l’écoute des différents acteurs ». Bien que les volumes soient de plus en plus importants, se sont de « de petites mains » qui fabriquent les pièces de Coureur du Dimanche. De l’artisanat à grande échelle!
Oui, on peut courir de façon écolo et stylée!
L’utilisation de matières recyclées est un des autres éléments importants pour les co-fondateurs. Bien que cela soit arrivé plus tard dans le développement, pour des raisons économiques et de faisabilité, cela constitue maintenant une donnée identitaire à part entière de la marque.
En effet, depuis la rentrée 2019, toute la gamme technique est confectionnée à partir de matières recyclées issues de déchets post-consommation (bouteilles plastiques): «la confection d’un tee-shirt nécessite 12 bouteilles ». La gamme sportswear quant à elle est fabriquée à base de polyester recyclé, mais aussi de chute de cotons récupérés et filés dans le Nord de la France.
Côté look, plus besoin pour le client de choisir son camp entre “couleurs fluos” et “couleurs sombres”. Coureur du Dimanche se démarque ainsi des concurrents par son design. Depuis sa création, la marque multiplie les collections colorés et originales, notamment à travers les collections Pop art, Tricolore et Beaux jours. « Nous sommes très attentifs aux demandes de nos cibles en termes de design, c’est pourquoi nous avons créé des pièces avec des motifs et des messages originaux tout en restant élégants »
Le retour client est bon, et ce sont même les demandes des premiers acheteurs qui ont poussé Coureur du Dimanche à proposer une collection sportswear. “Nous recevions beaucoup de messages de personne qui nous disaient vouloir porter la marque en dehors des terrains de course”. A noter que cette collection a été lancée en pré-commande pour éviter une sur-production inutile.
Assister au renouveau de l’industrie textile française est une chance. Alors, que vous couriez tous les jours ou que le dimanche – ou que vous ne couriez pas ! – tenter l’aventure Coureur du Dimanche vous permet de soutenir les usines et ateliers français.
Et qui sait, peut-être verrons-nous les jeunes marques françaises équiper nos athlètes lors des prochains JO de Paris 2014 ? !
-20/11/19-
Photos : Coureur du Dimanche