“Femmes en chair”, “plus-size”, “avoir des formes”…Il existe autant d’expressions pour décrire une réalité qui est la nôtre : il n’y a pas un corps humain qui se ressemble.
En 2017, la marque de sous-vêtement Darjeeling lançait la culotte Soft Stretch, s’adaptant du 36 au 44, grâce et visant à « simplifier la vie… Et les complexes.” Une éthique et un message intéressants, bien que malheureusement les mannequins portant les sous-vêtements mesurent un 36/38 ce qui demeure peu représentatif de la taille moyenne des femmes françaises.
Face cependant aux contraintes de féminité et de masculinité, aux disparités d’échelle de tailles entre les pays et les marques, et enfin le fait que la quantité de vêtement jetés ne cesse d’augmenter, l’industrie de l’habillement semble désormais avoir une réponse : one size fits all ou une taille pour tous. Simple tactique ou réelle prise de position ?
Un vêtement qui s’adapte au corps, et non le contraire.
Comme le rapport le site Dazed, en juillet 2018, la jeune artiste Sinéad O’Dwyer a imaginé une collection de vêtements moulés directement sur les corps féminins, afin de mettre en avant l’idée que le vêtement, imparfait doit s’adapter au corps, et non l’inverse.
Une réflexion pertinente lorsqu’on sait qu’une grande partie des vêtements qui sont jetés chaque année le sont pour des questions de coupes et d’ajustement. L’arrivée massive du prêt-à-porter, et donc l’abandon des anciens modèles d’habillement sur patron par exemple, a donc aussi provoqué cet écart entre le vêtement produit et le vêtement porté.
Et tandis que l’industrie de la beauté et de la mode gagnait une place de plus en plus conséquente dans notre quotidien, notamment de femmes, les normes qui y sont rattachées (culte de la minceur, de la jeunesse par exemple) s’imposaient doucement mais sûrement.
Une mode inclusive
Le concept de taille unique était déjà prôné par quelques marques, par exemple Brand & Melville ou encore Don’t Ask Why. Problème : cette taille unique correspond à une taille 36/38 excluant, de fait, une majeure partie de la population et perpétuant l’idée d’un idéal éloigné d’une réalité.
Les complexes liées à la taille et aux poids, sont une réalité partagée par près de 80% des femmes faisant du 42 ou plus, et pose une véritable question en matière d’inclusion de toutes les consommatrices dans la clientèle des marques de prêt-à-porter comme de luxe.
La créatrice Ester Menas, pour sa part a dévoilé à Hyères l’été dernier sa collection « Big Again » exaltant la diversité des corps de femmes. En travaillant avec 12 jeunes femmes de tailles différentes, la créatrice a su construire une garde-robe entièrement en taille unique, assortie d’une ligne d’accessoires. Et surtout sans chercher à cacher, dissimuler les forme et ou à affiner la silhouette, adoptant une esthétique plutôt New Look en accentuant la taille faisant ressortir les hanches, tout en jouant sur la fluidité et la transparence des matières.
L’oversize
Si la tendance est à l’oversize et au minimalisme, les valeurs de l’oversize dépassent la simple esthétique et participe justement de cette mode inclusive, portée par une jeun création promettant de nouveaux horizons. Si le créateur japonais Issey Miyake avec ses créations plissées posait de nouvelles bases en proposant des silhouettes qui s’affranchissait des questions de taille, la tendance perdure et de nombreuses marques telle que Valentine Witmeur, Extreme Cashmere, mais aussi Amazon propose désormais des vêtements à la taille unique en utilisant des matières extensibles.
Au-delà des questions de refus des diktats en matière de corps, la tendance s’affirme également comme une alternative à la fast-fashion. Preuve en est-il de la marque pour enfants Petit Pli de Ryan Yasin, lauréat britannique du prix récompensant l’innovation James Dyson. Le jeune créateur, ingénieur de formation, a développé une gamme de vêtements qui s’étirent et se déplient s’adaptant à la croissance des enfants de leur 3 mois à leurs 3 ans. Véritable innovation et alternative économique pour les parents, le designer milite pour une chaîne de production éthique et respectueuse de l’environnement.
La taille unique semble donc s’imposer comme une future solution aux problématiques de l’industrie de l’habillement, et pose les jalons pour de futures innovations en matière de tissus extensibles.
-15/03/19-