Ils ont le vent en poupe, et font un peu rêver les inventeurs et créateurs qui sommeillent en chacun de nous. Désignés par les noms de fablabs (laboratoire de fabrication) ou de tiers-lieux, de nouveaux espaces de travail et de créativité partagés et collaboratifs proposent des alternatives au lieux de travail et d’apprentissage classiques. Et le textile-habillement n’échappe pas à la tendance! Petit tour d’horizon des initiatives françaises en la matière.
Ainsi que le définit la Coopérative Tiers-lieux, ce sont des « lieux de travail où la créativité peut naître entre différents acteurs, où la flexibilité répond aux difficultés économiques du champ entrepreneurial. Ils permettent aux actifs de travailler à distance, à proximité de leur domicile et dans le même confort, dans des lieux aussi bien équipés et aménagés que l’entreprise. Ils permettent aussi aux personnes de trouver une solution alternative au fonctionnement traditionnel, de croiser des mondes qui ne se seraient pas rencontrés par ailleurs, de favoriser des échanges grâce aux animations et évènements mis en place. »
Au regard du secteur textile, ces tiers-lieux désignent en pratique des espaces qui ne sont ni des usines, magasins, institutions, écoles – en somme des espaces qui sortent du cadre de référence classique. Ces lieux hybrides, entre espace partagé de travail, café, et désormais cours de couture semblent symptomatiques d’un mode de vie qui tend vers l’alternatif, et vers la volonté de reconnecter avec le travail manuel et les vertus qu’on lui attribue.
Tout à tour décrit comme « éco-système » ou encore « endroit stimulant » , le fablab repose sur quelques principes de base, notamment la mise à disposition du matériel en libre service (dédié par exemple à la confection, la couture, la création textile, le prototypage rapide …), le partage des savoirs, et enfin une visée de sensibilisation du public voire des entreprises.
Plusieurs tiers-lieux ont émergé en France. En Normandie, on peut à ce titre citer le fablab Aux fils conducteurs, basé à Rouen qui met à disposition du matériel de couture et de création textile. Fonctionnant sur la base de bénévoles et d’adhérents l’association a monté un fablab, principalement orienté vers la couture, ouvert à tous, et affirme reposer sur « le partage des savoirs et la rencontre entre personnes et compétences variées afin de favoriser le lien et l’interaction sociale, de mixer les générations, les métiers et les populations, autour de la thématique de l’habillement. » A Roubaix, Le plateau fertile a quant à lui été piloté par l’association Nordcréa et se positionne là aussi comme un fablab dédié à la conception, à la co-création et propose également un espace de coworking. Il y a aussi Les Usines, espace de coworking installé dans une ancienne filature proposant aussi des ateliers, basée à Ligugé, ou encore La Textilerie à Paris, s’articulant en 3 pôles avec un atelier pour apprendre à confectionner, une boutique où acheter du textile bio et trouver des pièces de créateurs, et une recyclerie pour déposer et chiner des tissus.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire ces tiers-lieux ne sont pas uniquement réservés aux citoyens – en effet des initiatives telles que Sew&Laine à Bordeaux ou le futur Techtera Fab s’adressent aussi aux professionnels. Plus que des tiers-lieux, ces espaces apparaissent plus comme des espaces de réflexion, certes dédiés au développement du textile responsable et engagé, mais toujours intégrés dans une logique entrepreneuriale.
-24/04/19-