Le célèbre cabinet de conseil en gestion McKinsey estime que les solutions proposées par l’industrie digitale -l’industrie 4.0 – pourraient augmenter “la productivité globale de 5%, réduire le coût de la qualité de 10% et réduire les temps d’arrêt de la machine de 50%. ” Un vrai défi, une réelle opportunité pour les industriels?
L’édition 2017 du salon Texprocess de Francfort présentait pour la première fois une Digital Textile Micro Factory grandeur nature, toute la production en réseau d’un vêtement, de la conception à l’impression numérique, la découpe automatique, la confection et l’étiquetage.
Depuis cette preuve de concept, où en est-on au cœur de l’industrie textile ?
Les avancées sont bien réelles si l’on en croit les dernières annonces du secteur, en particulier avec le tout récent partenariat signé entre le géant asiatique Li&fung et le spécialiste des automates de couture SoftWear Automation. Mais ils ne sont pas les seuls à oeuvrer pour transformer les chaînes de production.
L’Adidas Speedfactory a été inaugurée à Atlanta, produisant les chaussures de la nouvelle collection limitée AM4NYC. Le site d’Atlanta est la deuxième Speedfactory d’Adidas, le premier étant situé en Allemagne. la société a déclaré espérer que les deux usines puissent produire un million de paires de chaussures par an d’ici 2020. L’usine est entièrement automatisée et conçue pour produire rapidement des séries limitées de produits personnalisables ou pour reproduire rapidement le produit phare d’une saison afin de répondre à la demande, puisque l’usine permet de mettre des chaussures sur le marché trois fois plus rapidement qu’avec des moyens traditionnels. Adidas continue d’ expérimenter ce concept, ajoutant de nouvelles technologies et des processus plus automatisés pour atteindre un objectif de 50% de chaussures faites avec des méthodes innovantes.
Dans le domaine de la couture industrielle, Duerkopp Adler, le pionnier allemand des stations de travail automatisées propose maintenant des solutions innovantes avec ses Réseaux QONDAC; QONDAC est un système de surveillance de production qui permet de mettre en réseau les machines à coudre et de numériser les données pour fournir des informations en temps réel, qui peuvent également être contrôlées à distance. Les étapes ultérieures de découpe et de finition peuvent également être mises en réseau et intégrées à la production dans ces réseaux.
Autre exemple, Stoll, leader allemand des machines à tricoter 3D, et Myant, Inc., spécialiste canadien des solutions informatiques textile, viennent eux d’annoncer le lancement de leur usine textile numérique. Selon les deux parties, la nouvelle Digital Textile Factory permettra aux entrepreneurs, aux innovateurs et aux acteurs de l’industrie d’accéder à une usine virtuelle de créativité, de recherche et développement, de conception et de fabrication à grande échelle. Ce faisant, cette initiative permettra de propager et de démocratiser les techniques de fabrication de pointe et l’accès aux machines informatiques textiles les plus avancées au monde. La Digital Textile Factory aidera également à établir et à exporter des normes liées à l’informatique textile et à son utilisation en tant que plate-forme dans toutes les industries.
Côté français, le géant Lectra poursuit sa stratégie de développement d’une usine numérique optimisée et annoncé début 2018 le prochain lancement en France et en Italie de ses premières applications cloud, les solutions Quick Estimate et Quick Nest , avant d’être progressivement disponibles dans les autres pays. Selon Lectra, avec ses “applications cloud légères à installer et faciles à utiliser, les entreprises du marché de la mode vont pouvoir redéfinir la manière dont elles stockent et traitent leurs données“.
Avec l’application Quick Estimate, la gestion des coûts est optimisée au fur et à mesure du développement produit, permettant aux modélistes de gagner ainsi en flexibilité. L’application Quick Nest facilite quant à elle l’accès au placement automatique et permet traiter de gros volumes de placements en parallèle, améliorant la productivité des utilisateurs. La visibilité est ainsi totale sur les besoins en matière, aussi bien lors du développement que de la production, grâce aux données consolidées.
Lectra a par ailleurs tout récemment dévoilé sa première salle de coupe 4.0, dédiée à la fabrication à la commande de meubles rembourrés, à destination du secteur de l’ameublement. Cette offre basée les principes de l’Industrie 4.0 permet d’offrir aux fabricants plus d’agilité, de capacité de production et de rentabilité. Sa modularité leur permet de gérer l’explosion de la demande des consommateurs en matière de personnalisation, de délais de livraison toujours plus courts et de produits de qualité, à prix raisonnables.
La numérisation des process s’étend également à la finition, comme l’illustre le dernier projet lancé par le fabricant de jeans Levi Strauss. Ce nouveau modèle d’exploitation numérise le design du denim fini et permet une chaîne d’approvisionnement réactive et durable. En remplaçant les techniques manuelles et en automatisant le processus de finition des jeans, le projet FLX réduit également radicalement les délais de mise sur le marché.
L’américain Gerber Technology, en collaboration avec Kornit Digital et Henderson Sewing Machine Co., participera à la version 2018 de la Digital Micro Factory de Texprocess Americas fin mai 2018 , qui soulignera comment la numérisation peut faire de la fabrication activée par achat et de la personnalisation de masse une réalité. Le processus de flux de travail numérique intégrera :
• l’AccuMark® et AccuMark 3D de Gerber Technology pour la conception de produits optimisée en tirant parti de graphiques personnalisés et de simulations 3D, puis en convertissant des motifs en un fichier de marqueurs qui sera préparé et envoyé à une imprimante numérique.
• l’imprimante Allegro de Kornit Digital, qui imprimera numériquement en une seule étape des dessins directement sur du textile grâce à son processus breveté de prétraitement en ligne Fixation à la volée (FOF). Cette solution sans eau laisse une faible empreinte écologique en éliminant les étapes telles que le prétraitement, le lavage et la vaporisation.
• la machine de coupe monocouche Z1 de Gerber avec ContourVision ™, un système automatisé de numérisation vers la découpe qui traite des rouleaux de textiles imprimés personnalisés
• le Robot Omron, d’Henderson Sewing Machine, un robot mobile autonome qui récupère les pièces coupées empaquetées et les transporte de la zone de conception-impression à une station de couture robotisée à l’autre bout de l’allée.
La semaine prochaine se tiendra le salon FESPA à Berlin du 15 au 18 mai, qui sera là aussi l’occasion de découvrir une chaîne de production optimisée. De grands noms de l’industrie textile (Dover Digital Printing, Caldera, Printing Solutions, JK Group, Monti Antonio, Zund…) présenteront en effet un nouveau concept de production. Le stand innovant SportsFactory de 250 m² présentera un workflow de production complet pour la création de maillots de football personnalisés. Les visiteurs pourront découvrir l’ensemble du processus de production, de la conception initiale d’un nouveau maillot à l’impression, la coupe et la couture jusqu’à la préparation à la livraison. La zone de production sera complétée par un bar sportif, conçu et décoré à l’aide de technologies d’impression numérique, et un magasin pop-up présentant des maillots de football imprimés numériquement et des graphiques.
L’industrie textile l’a bien compris. Grâce à la révolution numérique, les consommateurs sont désormais plus exigeants. Cela entraîne un changement dans la fabrication de masse et, parallèlement à la fast fashion, monte en puissance une demande pour des commandes plus personnalisées, avec de plus petit volumes de production. En conséquence, les process de fabrication deviennent, concrètement, plus agiles.
Source: IFTH – Mai 2018