Le 21 juin, c’est la Fête de la musique!
L’innovation et l’art sont intimement liés, le secteur musical en est la parfaite illustration.
Voici donc une occasion de s’intéresser de plus près aux multiples possibilités offertes par le support textile pour vivre différemment l’expérience musicale, que ce soit en termes de création ou d’écoute !
ÉCOUTER ET VIBRER AU SON DE LA MUSIQUE
Nombreux sont les projets et produits qui sont issus du monde du textile et de sa relation à la musique. Par exemple, le tee-shirt lumineux EqualizerⓇ , fabriqué par la société Heart Jacking, et destiné à une clientèle plutôt à l’affut des tendances, a la particularité de s’illuminer et s’animer en suivant l’intensité de la musique grâce à un logo électroluminescent, un capteur sonore et une alimentation miniaturisée invisible. Tout le système électronique s’enlève pour faciliter le lavage du vêtement. Heart Jacking, propose également une confection personnalisée de ce T-shirt.
Autre produit disponible sur le marché, la fameuse veste connectée issue de la collaboration entre Google et Levi’s (projet Jacquard) . Baptisée “Commuter Trucker Jacket” permet entre autres fonctionnalités, et grâce à son interface tactile tissée dans la toile denim, de lancer et contrôler des morceaux de musique.
Créé par un ingénieur du son a créé un sweat-shirt à capuche acoustiquement transparent, permettant d’entendre parfaitement les sons, malgré l’épaisseur du tissu. Destiné à l’origine à être utilisé en studio d’enregistrement ou sur scène, ce vêtement technique au look sobre est aussi parfait pour un amateur de concerts ou de festivals, ou plus simplement encore, idéal pour écouter de la musique par temps frais avec une paire d’écouteurs. Le vêtement est résistant à l’eau et respirant, parfaitement adapté aux contraintes professionnelles d’un ingénieur de son de terrain. Deux panneaux d’un matériau technique aux spécificité acoustiques transparentes composent les faces externes de la capuche.
Plus simplement, la marque HoodieBuddie commercialise elle aussi des t-shirts, des vestes et des sweats à capuches “high-tech”. Ils intègrent tous des écouteurs intra-auriculaires, dissimulés dans les cordons ou dans le col. Il suffit alors simplement de passer le vêtement et, ensuite, de connecter un smartphone par exemple à la prise jack et le glisser dans une poche. Petit plus, tous les vêtements de la marque intègrent une télécommande . Un vrai kit main libre embarqué !
Enfin, l’expérience peut également passer par la chaussure. Le Groupe Eram a en effet a présenté fin 2017 plusieurs nouveaux modèles de chaussures connectées. Une de ces innovations est une chaussure sneakers intelligente, baptisée #Choose by Eram, et équipée au niveau de sa tige d’une fibre optique et d’une LED, qui se connecte à un smartphone via une application déterminée afin de pouvoir changer de couleur selon la musique écoutée ou sur commande.
Plus futuriste dans son approche, en 2016 la maison de « science-fashion » londonienne CuteCircuit Ltd a dévoilé un nouveau développement pour celles et ceux qui sont tentés par des expériences sensorielles uniques. La SoundShirt est en effet une chemise qui vise à faire ressentir la musique aux personnes malentendantes grâce à des actuateurs électriques judicieusement placés et reliés à des micros qui transforment le son des musiciens en infimes vibrations.
Dans le même ordre d’idée, la Fondation Banque Populaire, en partenariat avec l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et l’Ecole Européenne Supérieure d’Art de Bretagne (EESAB), avait lancé un appel annuel à des projets étudiants réalisés à l’UBO Open Factory pour concourir au Prix Innovations Etudiants 2018. Le 12 avril 2018, le premier prix a été remis à un projet de veste instrumentée permettant aux personnes sourdes et/ou malentendantes de « ressentir » un concert en direct grâce aux vibrations.
Enfin, le projet Soft Sound du studio d’art hongrois EJTech propose quant à lui des haut-parleurs qui ne sont plus des matériels, mais qui plutôt tissés dans les textiles. EJTech a créé des haut-parleurs prototypes qui ne nécessitent qu’un morceau de tissu pour jouer du son. Pour chaque haut-parleur qu’ils ont conçu, les bobines de matériaux conducteurs sont intégrées dans différents types de textile. Ces bobines agissent comme celles présentes dans des haut-parleurs plus traditionnels, vibrant sur certaines fréquences lorsqu’un courant les traverse pour créer du son. Mais les sons que les enceintes douces émettent ont également un élément tactile: le tissu vibre et frémit lorsque les bobines vibrent, ce qui donne aux ondes sonores une manifestation physique.
Toujours dans le domaine des enceintes acoustiques, fabriquées en France par la société Focal, les membranes de haut-parleurs Flax sont à la fois originales et ultra performantes. Une membrane “F” est un sandwich composé d’une âme de fibre de lin de très haute qualité placée au cœur de deux fines feuilles de fibre de verre. Lancée en 2013 après plus de cinq années de recherche et développement, cette membrane et ses déclinaisons font en grande partie le succès de la marque .
CREER DE LA MUSIQUE DIFFÉREMMENT
Si écouter est un plaisir, créer sa propre musique est un rêve pour de nombreux artistes débutants mais également confirmés.
Un ingénieur en électronique et traitement du signal, Thomas Chrysochoos, a lancé un gant connecté baptisé Specktr, qui permet au travers des mouvements d’un musicien, de transmettre des données aux logiciels de Musique Assistée par Ordinateur, offrant ainsi, la possibilité de créer, en direct, sa propre musique. Ce gant a été développé en partenariat avec l’IES de Montpellier et la plateforme ObiLab (en collaboration avec l’IUT de Montpellier) et le soutien du BIC de Montpellier.
La société suédoise Smart Textile situé à Boras, en collaboration avec les créateurs Li Guo et Mats Johansson, a elle créé une nappe incroyable avec un tissu intégrant un kit de batterie et des touches de piano imprimés. La nappe a des capteurs qui activent les instruments de musique, et offre ainsi la possibilité de faire de chaque repas l’occasion de créer de la musique et de partager un moment convivial. Une partie de la nappe contient des fibres conductrices qui sont capables de transmettre le courant et les convertir en signaux.
Le nouveau gant T8 développé par la société ReMIDI met le contrôle sans fil de la musique numérique dans les mains de l’artiste, mais sans composants encombrants. Le système comprend un gant de intégrant des capteurs et un bracelet qui permet la connexion sans fil à un ordinateur portable ou un logiciel de création musicale. Le bracelet se connecte à un gant grâce à des aimants. Le gant est fait de deux couches extensibles de Spandex et intègre huit zones de pression sensibles. Les utilisateurs peuvent configurer chaque capteur pour déclencher des échantillons, des notes ou des préréglages lorsque le capteur frappe une surface.
Les gants Mi-Mu sont eux particulièrement plébiscités par l’artiste de musique électronique Imogen Heap, gagnante d’un Grammy Award. Une série de capteurs enregistrent les gestes de la main de l’utilisateur via le gant et sont reliés à une carte de silicium montée sur le poignet. Les capteurs réagissent aux gestes faits par la main pour commander un programme de synthétiseur sur un ordinateur synchronisé via une connexion Wi-Fi gratuite, permettant de donner aux musiciens une nouvelle liberté lors de la création et l’interprétation musicale.
Côté veste, pour le groupe de design Machina, une équipe de designers a développé la veste à contrôleur Midi Controller Jacket v1.0, qui intègre une grande variété de capteurs qui se synchronisent avec les appareils iOS et Android afin de produire de la musique électronique via les mouvements du porteur. La veste instrument de musique Showpiece, co-création de Ylenia Gortana et du musicien Birdmask, fait quant à elle partie des autres innovations qui surprennent par leur design et leur technologie, avec ses 12 carrés imprimés sur le textile capables d’émettre des sons.
Nadia-Anne Ricketts, diplômée du Centre d’art et de design de Saint Martins a créé en 2012 la marque BeatWoven, qui utilise une technologie audio codée comme un instrument pour traduire et révéler les motifs géométriques créés par les battements et les sons dans la musique. Simplement en jouant des chansons et des sons, il visualise et organise des motifs qui sont créés grâce la technique artisanale traditionnelle du tissage. Le motif est tissé et la forme est réinventé, l’esthétique du tissu est avérée et la musique, la mode et le style de vie sont liées. La créatrice travaille sur de très grandes collaborations comme avec la Warner Music Corporation, entre autres.
INSTRUMENTS CLASSIQUES ET HIGH TECH
Enfin, si le son est de plus en plus digital aujourd’hui, que serait la musique sans les instruments traditionnels? Et le secteur n’est pas en reste côté innovations, avec par exemple de nombreuses guitares disponibles aujourd’hui en version fibres de carbone. Du côté des instruments en bois, l’objectif est clairement de remplacer les bois traditionnels par des matériaux synthétiques souvent plus performants et modulables en termes d’acoustique, et plus légers.
L’entreprise lyonnaise Jean-François Daber, l’une des dernières manufacture spécialisée dans les archets pour violons hauts de gamme dans le monde. Ses dirigeants, Gilles Saurais et Vincent Tricou, ont ainsi travaillé pendant plus de 7 an sur la réalisation d’un archet hybride, un archet nouvelle génération composé d’une tige de bois recouverte par de la fibre de carbone tressée.
Luca Alessandrini, jeune diplômé en Design Engineering de l’Imperial College de Londres, a quant à lui créé un violon unique en utilisant de la soie d’araignée filée. Les cordes sont ainsi en fils de soie, et le corps composite de l’instrument est également fabriqué à partir de fibres de soie mélangées avec un agent de liaison. Lorsque les notes sont jouées sur les cordes, les vibrations résonnent à travers les trois volets principaux et dans le corps creux, ce qui crée un son. Dans le cas d’un matériau composite, cependant, l’acoustique peut être modifiée en ajustant finement la manière dont les fibres de soie sont mélangées avec le liant. Cela pourrait non seulement permettre à différents violons d’avoir différentes tonalités prédéterminées, mais cela signifie que le matériel peut également trouver une utilisation dans des produits audio haut de gamme tels que les haut-parleurs et des écouteurs.
La société Blackbird propose son ukulélé Clara fait à partir d’un composite à base de fibres naturelles. Ce composites a fait l’objet de 3 ans de recherche & développement, le résultat est un produit appelé Ekoa (technologie brevetée) proposé aujourd’hui par une société créée spécialement pour sa mise sur le marché, Lingrove. Blackbird utilisait jusqu’à présent la fibre de carbone pour ses instruments de musique, mais Ekoa offre des performances accrues et une plus grande légèreté.
Est enfin proposé par le fabricant britannique d’instruments de musique Hurstwood Farm Piano Studio un piano en fibre de carbone, de couleur noir et réalisé tout en fibres de carbone, assemblé par la société suisse Retrac Composite. Objectif: réduire le poids du piano et améliorer son acoustique.
Alors pour vous qui vous sentez la fibre artistique, de nouvelles opportunités et solutions n’attendent que vous, exprimez-vous!
Bonne fête de la musique !
Source: IFTH – 21 juin 2018